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Centre d’hémodialyse / Des dialysés des autres îles livrés à eux-mêmes à El-Maarouf

Centre d’hémodialyse / Des dialysés des autres îles livrés à eux-mêmes à El-Maarouf

Santé | -   Mohamed Nassur Rizki

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Les patients des deux autres îles doivent faire face à des problèmes d’ordre pratique sur place à Moroni. Certains, faute de moyens financiers, sont contraints de supporter des charges imprévues et vivre loin des leurs pendant des semaines entières. Les dialysés des autres îles demandent des moyens spécifiques adaptés à leurs situations spécifiques.

 

L’unité d’hémodialyse du Centre hospitalier El-Maarouf tourne en plein régime à Moroni. Le service accueille des personnes souffrant d’insuffisance rénale originaires de Ngazidja comme de Ndzuani et Mwali. Mais pour ces insuffisants rénaux, le grand problème est surtout social pour les patients en provenance des deux dernières îles, car rien n’a été prévu pour leur accueil et leurs problèmes spécifiques ne sont pas jusqu’à lors pris en compte. C’est dire qu’aucune infrastructure d’accueil n’a été prévue dans ce cas. Or sans exagérer, quand on a investi à construire une maison et installer sa famille chez soi et puis, du jour au lendemain, se retrouver éloigné de son île mais aussi de sa femme et ses enfants pour être logé chez autrui dans une baraque en double tôle, n’est pas aisé. Pire, lorsqu’on devrait continuer à entretenir à distance la famille alors que les ressources ne tiennent pas.


Amboudi Madi Boina, originaire de Wanani à Mwali, est un cas parmi tant d’autres. La cinquantaine largement entamée, il n’a rien en apparence d’un malade alors qu’il doit gérer une insuffisance rénale chronique avec l’aide du Dr Moundhirou Djoubeir du service d’hémodialyse au Chn El-Maarouf. «Cela fait plusieurs années que j’ai fait face à des maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension et qui m’avaient conduit aux différents centres hospitaliers des îles de la région, et l’insuffisance rénale chronique n’est que l’aboutissement d’une longue histoire médicale», soutient-il. «Je ne me plains pas», assure-t-il, car il y a quelque part le destin et puis, pour être encore plus positif, je dirais qu’il en a de plus mal servi par Dieu que moi». Et d’ajouter : «il y a quelques années les insuffisants n’avaient le choix que celui de l’exil ou de se remettre à Dieu et attendre avec angoisse la fin de leurs jours».


Amboudi témoigne, en outre : «aujourd’hui nous vivons et sommes soignés dans de très bonnes conditions, dans notre pays, auprès des nôtres en espérant des jours meilleurs. Force est de reconnaitre que la mise en place de l’Université des Comores et du service d’hémodialyse sont les deux grandes avancées de ces deux dernières décennies dans notre pays».

Peur de la solitude

Tout en affirmant avec grande conviction, il avance que «nos responsables, à ce propos, sont à féliciter même s’ils ne doivent pas dormir sous leurs lauriers en améliorant les prestations de leurs deux  bébés. Il pointe notamment ces conditions d’hébergement des patients en provenance de Ndzuani et Mwali. Car, à l’en croire, «le seul moment où l’on se sent entouré c’est lorsqu’on est en dialyse avec les copains et le personnel médical et paramédical qui essaie de nous réconforter par un bon accueil humanisé mais aussi en jouant les assistants sociaux», lance-t-il d’une voix qui en dit long sur sa souffrance intérieure qu’il essaie par dignité de dissimuler.   Et dans la foulée d’ajouter qu’en dehors de ce lieu de soins, c’est le désert complet car loin de son milieu habituel on ne sait même pas où aller, car il n’est pas aisé de se socialiser quelque part à partir d’un certain âge, sauf aller au stade le weekend. Plus douloureux, ce sont ces patients qui bien qu’ils savent ce qu’ils encourent, font reculer l’échéance d’aller s’installer dans la capitale fédérale jusqu’à ce qu’ils tombent dans le coma avant d’être évacués d’urgence au Chn et retournés à Mwali ou Ndzuani quelques heures ou jours plus tard dans un linceul.


Des solutions ? «Il faut d’abord que les autorités soient sensibilisées à ce sujet dans la mesure où mes souffrances sont les mêmes que pour tous les autres patients venant des iles et une des solutions le plus envisageables à court et moyen terme serait la mise en place de sous centres d’hémodialyse à Ndzuani et Mwali, supervisés par Moroni», soutient-il même s’il reconnait que cela a un certain coût, «mais le droit à la santé ne doit pas être un simple slogan». Une lueur d’espoir subsiste avec des solutions qui pourraient être exclusivement comoriennes car un certain matériel existe et pourrait y être affecté mais que cela soit accompagné d’une volonté politique, car à un moment donné il faudra que quelqu’un, en l’occurrence le gouvernement, mette la main à la poche.


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