Médecins, paramédicaux, techniciens ou ingénieurs biomédicaux et administrateurs cadre A, devraient être envoyés à l’étranger pour spécialisation dans le but de travailler dans le Chu El-Maarouf dont l’ouverture est prévue en 2023. En effet, le futur Centre hospitalier universitaire qui aurait besoin de plus de deux mille agents n’en disposerait pour l’instant “que” de cinq cent soixante-dix-sept.Depuis 2019 six médecins ont été envoyés en spécialisation au Benin et au Sénégal. Sept autres, depuis 2017, en Tanzanie notamment en gynécologie, oncologie, pédiatrie, anesthésie, anatomopathologie et chirurgie.
Ceux qui sont en Tanzanie ont perçu leurs bourses d’études accordées par l’Arabie saoudite les deux premières années. Depuis plus rien. “Nous sommes en troisième année et nous n’avons pas touché un rond de la part des Saoudiens depuis quatorze mois. Même l’école n’est pas payée. Nous galérons. Il est vrai que nous percevons nos salaires chaque mois, mais c’est loin d’être suffisant. Nous sommes six fonctionnaires plus un médecin qui n’est pas fonctionnaire et qui n’a pas de contrat”, témoigne un des médecins qui a requis l’anonymat.
Une information confirmée par l’une de ses collègues qui se spécialisait en cancérologie et qui vient de finir cette année. “Je ne suis pas fonctionnaire, je n’ai donc jamais reçu de salaire. Les bourses saoudiennes ne sont jamais versées à temps. Cette année, même les inscriptions ne sont pas payées. C’est mon mari qui subvient à mes besoins en m’envoyant entre quatre cent et six cent euros par mois”, dit-elle.
“La faute à la covid-19”
Selon la ministre de la Santé, Loub Yakout Zaidou, cependant, “sur les sept qui sont en Tanzanie, cinq ont déjà fini et nous avons demandé au ministre des Finances de prendre en charge leur retour au pays”. Elle précise, dans la foulée, que les médecins qui sont envoyés à l’extérieur pour spécialisation “ne sont pas des boursiers” et que, de toute façon, les pays et les organismes internationaux telles que la Bid et l’Oms, qui octroyaient des bourses aux Comores, “ont cessé de le faire”.
Pour ce qui est des fonctionnaires, ils auraient été placés en situation de stage et percevraient leurs salaires et ceux qui ne sont pas fonctionnaires sont alignés sur un financement comme les premiers. Le problème est que “ces derniers temps nous avons accumulés du retard du fait que certaines activités ont été mises en stand-by du fait de la Covid-19.
Mais nous allons envoyer les états de salaire des deux derniers trimestres aux Finances et tout rentrera dans l’ordre”, assure la plus haute autorité sanitaire du pays.Pour le reste, les choses seraient plus simples encore : “seule la Banque mondiale nous a octroyé des bourses. Il faut des critères de sélection pour que les gens puissent postuler. Seulement, pour cause de Covid-19 certains pays n’accueillent plus d’étudiants étrangers”.
Par ailleurs, si ceux qui sont en Tanzanie ont la “chance” de toucher leur salaire tous les mois, c’est loin d’être le cas pour ceux qui sont au Bénin et encore au Sénégal. “Nous sommes six médecins boursiers de la Bid. Cette affirmation du ministre vient confirmer ce que nous savons déjà. En effet, depuis le départ, c’est l’Etat qui nous a soutenu à deux reprises”, déclare ce médecin qui souhaite garder l’anonymat. L’Etat comorien avait assuré leur frais d’installation et certains besoins pour une période allant de trois à six mois. Le temps, disait-on alors, que la bourse soit effective.
“Silence radio…”
Selon ce médecin en formation au Bénin, le premier versement aurait été perçu après une année d’étude et une “intense pression” de leur part. Cette somme avait couvert en grande partie les frais d’inscription. Les médecins non fonctionnaires ont bénéficié d’un surplus de six mois de salaire sur la base du salaire d’une nouvelle recrue. (L’équivaut de trois mois de bourse, Ndlr).
Entre temps, ils devaient impérativement constituer un dossier et l’envoyer à la Bid pour pouvoir bénéficier de la bourse. L’information aurait été donnée quelques jours seulement avant la clôture des dépôts de candidature. Malgré ce temps très réduit, tout le monde a pu s’exécuter. Malheureusement aucun d’entre nous n’a eu de réponse favorable.
“Cela en dépit du fait que les autorités nous avaient promis qu’elles allaient plaidoyer auprès de la Bid pour que nos candidatures soient retenues” regrette-t-il. Un deuxième versement de l’Etat a été effectué en mai 2020. “Cette somme a servi à couvrir les frais d’inscription de 2020 et trois mois de salaire pour les non fonctionnaires. Depuis c’est silence radio. En ce qui me concerne, je tiens grâce à ma famille, en dehors de ces deux fois que l’Etat nous a secourus”, constate, amère, ce médecin.
“Obligation de retour”
Pour le docteur Ben Imane, on devrait pouvoir compter non seulement sur ces médecins, mais aussi sur les autres Comoriens qui sont formés en dehors de ce programme. A ce propos, des médecins se trouvent au Benin, en Côte d’ivoire, au Sénégal, en Tunisie et au Maroc pour spécialisation.
“Entre vingt et trente médecins sont en spécialisation à leur propres frais. A ce rythme, on peut avoir la moitié des spécialistes nécessaires, sachant qu’un peu plus de trente-deux peuvent être considérés comme déjà opérationnels”, estime le praticien qui déplore : “Il y a un bon plan de formation, un observatoire, mais c’est à l’application que ça cloche”.
La ministre de la santé “regrette”, cependant, que certains médecins que l’Etat envoie à l’extérieur pour spécialisation, aient tendance à “s’installer ailleurs” pour travailler au lieu de regagner le pays après les études. “Il faut que cela change. Nous pensons faire signer des engagements de retour, et obtenir que les diplômes de toute personne formée grâce à une bourse soient acheminés directement au ministère de la santé depuis le pays de formation”, réfléchit-elle à haute voix. Comme pour conclure…
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