Le docteur Djabir Ibrahim, membre de la sous-commission prise en charge du coronavirus, nous a accordés un entretien où il a donné des nouvelles du premier cas de coronavirus dans le pays, du traitement utilisé mais aussi de toute la riposte contre la maladie. Le président de la République, Azali Assoumani a annoncé, il y a quelques jours, le premier cas de coronavirus dans le pays. Un homme de cinquante ans contaminé par un proche venu de France (lire page 3). Aujourd’hui, ce patient se porte mieux, selon le docteur Djabir Ibrahim. A l’en croire, "son état évolue bien mais il est toujours sous oxygène". Le docteur insiste sur le fait que le malade utilise désormais des lunettes à oxygène. On rappellera qu’il y a quatre types d’oxygénation (lunettes, masques, masques à haute concentration et l’intubation, soit la respiration artificielle qui est la méthode utilisée pour les états les plus graves) et que les lunettes sont "un très bon signe pour ce patient", selon notre source. Docteur Djabir Ibrahim affirme, par ailleurs, qu’il arrive même que ledit patient respire sans ses lunettes à oxygène. Il est stable et il parle à sa femme au téléphone. Il mange aussi très bien.
Pour ce qui est des tests réalisés, "il m’est difficile de prononcer un nombre exact parce que nous en avons réalisés beaucoup et pas que sur des gens hospitalisés". L’intéressé citera en exemple les proches du premier cas déclaré. Les résultats sont attendus. "Il faut savoir qu’en moyenne il faut attendre 90 minutes pour chaque résultat. Certainement que ce temps va se réduire avec le temps mais pour l’heure nous en sommes là", explique Djabir Ibrahim avant d’ajouter que s’il y avait de nouveaux cas on lui aurait notifié et ce n’est pas encore le cas. A l’hôpital de Samba, il y a selon lui 15 patients qui n’ont pas forcément le coronavirus ou du moins aucun test ne l’atteste pour le moment. Trois sont en réanimation dont le cas déclaré, les douze sont eux en hospitalisation. Et parmi ces douze, six sont sous oxygène.
Traitement à base d’Artequick
Le traitement adopté pour le traitement du Covid-19 est à base d’Artequick (artemisinine injectable) et est accompagné de deux antibiotiques. Ce traitement a été validé par le comité scientifique. Notre source ajoute que s’il y a des cas de Covid-19 qui ne nécessitent pas une hospitalisation (le protocole reste à déterminer) ils recevront l’Artequick en forme de comprimés. Pour autant, le docteur Djabir Ibrahim est formel, si le traitement à base de chloroquine est validé "nous l’utiliserons. Cela ne veut pas dire que le traitement que nous utilisons actuellement ne marche pas ou n’est pas sûr. C’est juste parce que pour l’heure notre traitement n’a fait l’objet d’aucune étude".
Chef du service des urgences de l’hôpital El-maarouf, Djabir Ibrahim a expliqué que le service de réanimation de l’hôpital de Samba est assuré par des médecins d’El-maarouf. Par contre, l’hospitalisation est assurée par deux médecins pour chaque rotation. Il y en a deux par jour. Un médecin d’El-maarouf et un autre venu des périphéries. Et selon des informations à notre disposition, certains médecins d’El-maarouf ne travaillent pas pleinement contrairement à leurs collègues venus des périphéries. Docteur Djabir Ibrahim tient lui à rassurer la population : "nous faisons le maximum mais comme c’est le début de l’épidémie ici, nous apprenons tous les jours".
Eviter la polémique
Il ajoutera toutefois qu’étant donné que le pays a été un des derniers à être touché, "cela nous laisse une marge de manœuvre comparé à d’autres. Seulement, la population doit nous accompagner et nous aider en adoptant et en respectant les mesures barrières. Surtout, elle doit éviter les polémiques issues de Facebook. La vérité ne nous dérange pas mais les rumeurs faisant foi de plusieurs morts et autres polémiques de ce genre ne nous aident pas". Et toujours selon l’intéressé, "s’il y a des cas ou des morts, nous ne cacherons rien parce que la population a le droit de connaitre la vérité". Et sur ce point, docteur Djabir Ibrahim affirme que Mouzaoir Abdallah n’est pas mort du coronavirus. Dans sa foulée, Djabir Ibrahim ne manquera pas de rappeler que c’est le gouvernement qui assure la restauration et les soins des malades de Samba.
Abdallah Mzembaba