Les Comoriens utilisent des plantes soit pour l’inhalation, soit pour la décoction. Mais il manque une pédagogie sur la posologie et le dosage. «Certains patients sont suivis à domicile et utilisent les médicaments modernes plus les plantes sans posologie. Ce qui fait que certains guérissent et d’autres non», avance le Dr Kaou. Il précise que c’est la dose elle-même qui fabrique le poison. Et que parfois, il y a une mauvaise utilisation des doses, ce qui fait qu’il y a des complications qui peuvent notamment aboutir à une insuffisance rénale, des maux d’estomac, une insuffisance cardiaque. «Certaines personnes utilisent des plantes au hasard, juste pour essai et ces plantes peuvent avoir des conséquences néfastes, de même, si on utilise plusieurs plantes en même temps, il n’y aura pas de synergie, et donc pas d’efficacité. C’est le principe actif qui lutte contre le virus, mais si on fait une macération de la plante, le principe actif sera détérioré et ne sera pas efficace. C’est la raison pour laquelle les plantes n’ont pas leur effet thérapeutique chez certains patients», dit-il.
Pour l’inhalation, le phyto-chimiste préconise l’utilisation des plantes aromatiques qui contiennent des huiles essentielles et molécules volatiles qui peuvent facilement passer par le nez.
Respect de la posologie et
du mode d’emploi
«Ainsi, si le virus se trouve dans le nez, il sera chassé par la molécule, de l’appareil respiratoire vers l’appareil digestif où se trouve des molécules acides capables de détruire le virus et être éliminé», assure le Dr Ali Mohamed Kaou. Les meilleures plantes à utiliser pour l’inhalation selon le spécialiste sont les plantes aromatiques comme le flueggea virosa (mhamba), l’ocimum américanum (kandza), le syzygium aromaticum (karanfu), l’ocimum gratissimum (rule), le plectranthus amboinicus (nyandomwbe), le zingiber officinal (singiziwu) ou encore le flacourtia indica (mtsongoma ziba).
Et pour la décoction, il recommande d’utiliser une seule plante le flueggea virosa (mhamba), qui n’est pas toxique ou bien le flacourtia indica (mtsongoma ziba). «Il faut une poignée de plantes, puis on la laisse bouillir pendant 15mn. On le prend dans un bol de thé, trois fois par jour, sans sucre».
Créer un département en charge
de la médecine traditionnelle
Le Dr Ali Mohamed Kaou conseille également de prendre les aliments à chaud et l’eau chaude, car la chaleur des aliments et de l’eau favorise l’évacuation du virus vers l’estomac. Il déconseille par conséquent l’utilisation de plantes méconnues. «Si on est hypertendu et qu’on inhale ou boit une décoction d’une plante qui favorise la tension, c’est la catastrophe. Les personnes souffrant de maladies chroniques ont besoin d’un traitement spécial, elles ne doivent pas se hasarder à utiliser n’importe quelle plante», prévient-il avant de citer en exemple le gapropha curcas (mdri mzungu) qui est toxique «on ne peut pas le boire, mais il a une autre spécificité, son huile lutte contre le rhumatisme». S’il a un message à donner, c’est d’appeler le gouvernement à mettre en place un département en charge de la médecine traditionnelle au ministère de la Santé pour élaborer et assurer la mise en œuvre de la politique nationale en la matière. «Nous savons tous que les gens se basculent vers les plantes, il est temps de mettre en place un département ou une direction de la médecine traditionnelle qui sera chargée d’étudier de sensibiliser la population sur les avantages et les dangers de certaines plantes médicinales».