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Covid 19-Test par Pcr I Le centre de prélèvement sous pression

Covid 19-Test par Pcr I Le centre de prélèvement sous pression

Santé | -   Faïza Soulé Youssouf

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Le centre de dépistage du Covid 19 est sur la corde raide. En plus de devoir diagnostiquer les malades et leurs cas contacts, le voici sollicité pour tous ceux désirant se rendre dans des territoires étrangers un test négatif à la Covid-19 par Pcr. Si les responsables reconnaissent un “problème de planification”, les personnes désirant se faire dépister pointent elles du doigt la “cherté” du test fixé à 30 000 francs comoriens. Malgré ces constats, les tests ont été réalisés. Certains se demandent désormais si les résultats parviendront à temps aux mains de ceux et celles qui ont déjà réservé le billet pour partir aujourd’hui même.

 

Ce 23 septembre au centre de dépistage du Covid-19, il n’y a pas grand-monde. A 09h00 passées de quelques minutes, trois femmes sont amassées en face de la porte-grille. Elles sont en grande conversation avec ce qui semble être une laborantine en blouse, qui est par ailleurs avenante. « Excusez-moi, ce n’est pas dans mon intention de vous embêter mais je ne peux vraiment pas vous prélever aujourd’hui », a-t-elle déclaré. Elle poursuit en affirmant que des prélèvements ont été effectués lundi et mardi « et les résultats ne sont pas encore arrivés, décision a donc été prise de ne pas surcharger le laboratoire ».


En fait, cela fait deux semaines que l’Union des Comores a procédé à l’ouverture de ses frontières aériennes. Et le Pcr est très sollicité pour tous ceux désirant se rendre dans des territoires exigeant un résultat négatif, par ce seul moyen. Jusqu’ici, seuls les malades et autres cas contacts étaient dépistés.

«Dans l’attente des résultats pour pouvoir voyager»

De fait, les femmes rencontrées sur place veulent voyager. « Nous voudrions rentrer à Mayotte mais tant que nous n’aurons pas des résultats négatifs au test Pcr, nous ne pourrons pas acheter le billet », a assuré l’une d’entre elles. Stoïque, elle a décidé de prendre son mal en patience et pour cause : « j’ai patienté 6 mois à Moroni le temps que je puisse retourner chez moi, je peux bien patienter une petite semaine de plus, le vol pour l’île au lagon n’ayant lieu qu’une fois par semaine », a-t-elle concédé.


Une dame plus âgée, Sitty Mouradi était aussi sur place mais son cas est différent. Elle a subi un test mardi. «Je suis venue récupérer mes résultats mais on m’a dit qu’ils ne sont pas encore disponibles». Elle doit voyager ce jeudi pour les Emirats Arabes Unis mais encore faudrait-il qu’elle soit en possession de résultats négatifs à la Covid-19. En attendant, elle stresse fortement : « vous savez, j’ai déjà mon billet si je ne pars pas, j’aurais à payer des pénalités en plus de devoir subir une deuxième fois un test que je vais devoir payer de nouveau », s’est-elle lamentée. Il est vrai que la somme exigée n’est pas à la portée de toutes les bourses.

«Un problème de planification dans le centre de prélèvements»

Al-watwan a contacté au téléphone le directeur de l’Institut national de recherche en Agriculture, Pêche et Environnement (Inrape), le docteur Abdou Azali Hamza en charge aussi du Pcr. A la question de savoir si le laboratoire était sous pression au vu de l’affluence de ceux voulant se dépister, il répond par « c’est un peu le cas ». Quant au pourquoi de cette pression, elle ne serait « que la conséquence d’un problème de planification ».


Les consignes de l’Inrape seraient claires, selon notre interlocuteur : « acheminer les échantillons au plus tard à 10 h00 alors qu’ils nous parviennent souvent vers 13h00 ».
Il faut comprendre que les échantillons se prennent au Pnlp sur la route de la Corniche à Moroni et le lieu de leur traitement se trouve à Mde à quelques kilomètres au sud de la capitale. Il assure que les laborantins peuvent traiter « jusqu’à 75 tests par jour si les conditions sont réunies ».


En plus de l’acheminement à temps, si les employés de laboratoire doivent travailler au-delà des horaires de travail réglementaires, il est probable qu’une indemnisation soit demandée sinon exigée. Toujours est-il que le 22 septembre, le Pnlp grouillait de monde. Il n’est, en revanche pas certain, que tous recevront leurs résultats avant leur départ prévu ce jeudi selon une source autorisée. Mardi, une foule compacte, attendait qu’elle se fasse prélever. De celle-ci, on entendait souvent des réflexions acerbes sur la cherté du test au Pcr. « 5000, 10 000, 15 000 Kmf à la rigueur mais pourquoi est-ce aussi cher, pourquoi est qu’il coûte 30 000 Kmf ? », a manqué de s’étouffer un motard en rouge, visiblement furieux contre la terre entière.

«Le test Pcr coûte cher»

Il a pesté aussi contre « tous ceux qui lui font perdre du temps ». « Il est 08h30, je suis là depuis 07h30 mais avant de venir ici, j’ai dû me rendre à l’Inrape parce qu’on m’a dit que c’est là-bas que je serai dépisté. Une fois là-bas, on m’a dit de nouveau qu’il fallait que je vienne ici », a-t-il maugréé non sans préciser qu’il était aussi venu le lundi « pour rien ». La même dame avenante a entonné le même refrain (ou presque) que celui tenu hier face à la foule qui s’agglutinait devant sa porte au mépris des barrières-mesures, afin de savoir quand allaient commencer les tests.

«Nous n’aurions pas aimé vous faire perdre votre temps croyez-moi, mais ce sont les circonstances qui l’exigent», a-t-elle assuré sans fournir des explications sur les circonstances en question. Finalement, les dépistages ont débuté aux environs de 09h00 au lieu de 07h30. Certains, fatigués par le temps d’attente ont fini par quitter les lieux et donc à reporter leur voyage.

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