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Covid long I  «La prise en charge psychologique est importante pour rassurer le patient»

Covid long I  «La prise en charge psychologique est importante pour rassurer le patient»

Santé | -   Abouhariat Said Abdallah

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Plusieurs patients guéris de la Covid-19 présentent des troubles post Covid, notamment l’anosmie, l’essoufflement, l’insomnie, agueusie, narcolepsie, entre autres. Les soignants s’accordent à dire que pour le moment on ne peut pas les qualifier de «séquelles» mais de syndrome prolongés. Des cas de syndrome sévère comme le trouble de la mémoire ont été détectée chez certains patients. Selon Dr Ali Mohamed, la prise en charge psychologique est importante pour rassurer le patient et savoir s’il n’y a pas des maladies sous-jacentes déclenchée par la Covid, surtout pour ceux qui souffrent de maladies chroniques. Un bilan cardiaque et pulmonaire est systématique pour tous les patients si les signes persistent. Interview.

 

Comment expliquer les troubles post-Covid chez les patients guéris de la maladie ?
Je rappelle que c’est une nouvelle maladie non maîtrisée. Personne ne peut dire le contraire. C’est maintenant qu’on apprend sur plusieurs choses, notamment sur le fait que telle personne est guérie ou pas. Pour la Covid long, qu’on appelle « Syndrome prolongé » en terme médical, les scientifiques se contredisent. Cependant, la majorité s’accorde à dire qu’il s’agit de Covid long lorsque les signes restent au-delà d’un mois, après la guérison.

Est-ce un phénomène normal ? Quels sont les patients qui peuvent être potentiellement exposés à ces troubles ?
C’est une question pertinente. Pour la plupart des maladies infectieuses, la période de convalescence est prolongée. Ce n’est pas une spécificité du corona. Et ici, comme dans les autres pays, on le vit.
Aucune catégorie n’est épargnée. Selon les études réalisées, notamment en Chine, ce ne sont pas seulement les patients fragilisés qui seront victimes de trouble post-covid, sachant que des jeunes qui n’ont aucun facteur de risque présentent ces signes. Les statistiques disent que plus de 50% des malades ont le syndrome prolongé.

Parmi les signes du syndrome prolongé, il y a la dépression, l’insomnie, le stress. Yen a-t-il d’autres ?Il y a deux catégories de patients. Ceux qui présentent un seul signe et d’autres qui ont deux ou plusieurs signes. Il y a ceux qui ont l’essoufflement, une fatigue inexpliquée, des douleurs, une compression.
Ce sont les signes qui viennent souvent seuls. Mais il y a ceux qui cumulent l’insomnie, la fatigue, l’anxiété, voire même la dépression. on le trouve chez nos malades. Seulement, la plupart des gens qui présentent des signes d’anxiété et de dépression, sont des personnes anxieuses de nature.

Quels sont les traitements adaptés à cette variété de troubles post-Covid ?
C’est une question difficile (…) comme vous le savez, c’est une maladie que tout le monde vient de découvrir, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une prise en charge.
Avant tout, le patient doit savoir que le médecin est à son écoute et le rassure. C’est le premier remède. Après, on fait le traitement symptomatique. L’assistance psychologique est importante. Comme on n’a pas assez de spécialistes, nous devons les accompagner.

Justement, comment devrait s’organiser le suivi psychologique des patients à domicile ?
En général, ici chacun consulte son médecin traitant. Je conseillerais aux personnes qui présentent des signes de syndrome prolongé ou Covid long, à ne pas rester à la maison et souffrir seules. Ils doivent consulter les spécialistes. Je ne dis pas qu’il y a un traitement spécifique, mais nous pourrons les aider.
C’est vrai que certains mettent du temps pour guérir, mais ils guérissent quand même. Pour le moment, on ne peut pas les qualifier de séquelles, mais de syndromes prolongés.

Il se pose un problème de structures de prise en charge de ces patients. Y a-t-il d’autres alternatives de suivi ?
On ne peut pas se voiler la face, le pays ne dispose pas de spécialiste de suivi, mais chaque médecin fera tout pour suivre son patient.

Le Coronavirus est devenu, si vous le permettez, une maladie endémique comme les autres. N’est-il pas temps de mettre en place un programme national de lutte contre le Covid-19 ?
Sur ce côté je suis optimiste. Je ne suis pas contre la mise en place d’une structure, mais cette structure ne doit pas être spécifique pour le coronavirus, mais plutôt pour les maladies émergentes. Pour faire en sorte que chaque fois qu’il y ait une nouvelle maladie déclarée, la structure en question soit capable de s’en occuper. Cependant, je suis convaincu qu’il y a un espoir. Avec l’arrivée du vaccin, on peut maîtriser la maladie comme d’autres pays.

Quel conseil donneriez-vous aux patients qui présentent les signes évoqués ?
Il faut comprendre que ce n’est pas un phénomène qui touche seulement les Comores. Plusieurs patients guéris de la Covid dans le monde présentent des signes de syndrome prolongé. Les patients qui sont à domicile ne doivent pas se résigner.
Le virus peut partir mais les signes restent toujours présents. Il faut s’approcher du médecin soignant pour le suivi. Il pourrait y avoir des douleurs atroces qui obligent à utiliser de la morphine, et si on reste à la maison on ne sera pas soulagé.
Il faut également savoir qu’on est toujours en guerre contre cette pandémie, il ne faut pas relâcher les mesures barrières car si on constate une accalmie c’est par ce qu’il y’a eu des mesures strictes. Ces dernières ont réellement aidé à faire baisser la courbe. Nous attendons le vaccin tout en espérant pouvoir maîtriser la maladie .

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