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Deuxième vague de Covid-19 I «Nous exhortons les malades à se rendre à l’hôpital dès les premiers signes»

Deuxième vague de Covid-19 I «Nous exhortons les malades à se rendre à l’hôpital dès les premiers signes»

Santé | -   Faïza Soulé Youssouf

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Depuis Fomboni où il se trouve, le directeur général de la Santé, Aboubakar Saïd Anly, a accepté de nous accorder une interview sur la situation sanitaire qui prévaut à Mwali, via la messagerie, WhatsApp. Selon lui, le pic de l’épidémie n’a toujours pas été atteint, et le nombre de décès élevé s’explique en partie parce que les patients positifs, méfiants du personnel soignant, tardent à se présenter à l’hôpital.

 

Quasiment trois semaines après le début de cette nouvelle vague, a-t-on atteint le pic de l’épidémie à Mwali ?
Il est vrai que le nombre de cas s’est accéléré́ dans les dernières semaines. Mais depuis le 4 janvier 2021, nous avons des statistiques qui nous démontrent que les zones rouges commencent à se stabiliser. Alors non, pour le moment, nous n’avons pas encore atteint le pic sur l’île de Mwali.

Comment expliquez-vous le nombre de morts enregistrés à Mwali, qui compte plus de décès que l’ensemble du territoire ?
Il y a deux profils des décès liés à la Covid-19 : les patients qui arrivent avec des antécédents cliniques, qui les rendent vulnérables au virus. Ceux-là̀ sont pris en charge dans nos services et sont suivis. Parfois, malgré́ les efforts des soignants, il est arrivé́ qu’avec leur âge et les complications médicales, ils décèdent. Et puis, les patients qui ne se manifestent qu’une fois leur état aggravé. Ils quittent leurs domiciles pour se présenter aux urgences et dans certains cas, nous ne sommes pas parvenus à les sauver. De plus, des rumeurs ont suscité́ une méfiance de la part de la population vis-à̀-vis de du personnel soignant. Avec cela, la fréquentation dans les centres médicaux a chuté́. Tous ces éléments ne favorisent personne. Alors nous demandons à la population de se présenter très tôt à l’hôpital et d’éviter l’automédication.

Le protocole (azythromocyine et hydroxy chloroquine) utilisé jusqu’ici dans le traitement contre la Covid contre ce qui semble être un virus ayant muté est-il adéquat?
A ce jour, aucune recherche n’a prouvé́ que le virus qui touche le pays est la forme détectée en Afrique du Sud. Une procédure de séquençage est en cours pour connaitre le type de virus qui circule. Si aujourd’hui on parle d’une forte propagation, c’est la conséquence du non-respect des mesures et gestes barrières. Les malades qui restent à domicile ne protègent pas assez leurs familles. Ces dernières sont exposées. Encore une fois, nous devons respecter les conseils de prévention pour protéger nos proches.

La ministre de la Santé émet l’hypothèse selon laquelle le virus aurait pu avoir muté ici, et qu’il était donc tout aussi possible qu’il ne s’agisse pas du variant sud-africain, qu’en est-il du séquençage ? L’échantillon a-t-il été envoyé́ à Nairobi pour analyse?
Le ministère de la Santé avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) a entamé́ les procédures de séquençage. Un laboratoire a déjà été identifié́. Nous serons fixés dans les meilleurs délais.

Des morts auraient-ils pu être évités s’il y avait eu échange d’informations et d’expérience entre le personnel soignant de Samba et celui de Fomboni, notamment dans les précautions à prendre pour l’administration du traitement en ce qui concerne certaines catégories de la population, notamment celles à comorbidité́ ?
Le protocole de prise en charge est issu du plan national de riposte. Cela signifie qu’il est suivi au niveau de tous les centres de prise en charge du pays. Ce protocole décrit les modalités de prise en charge des cas de comorbidité́. Les échanges entre professionnels de santé́, surtout dans un contexte de pandémie, est essentiel. Maintenant, chaque patient dispose d’un historique médical auprès duquel l’équipe de prise en charge a l’obligation de s’informer pour un bon suivi. C’est un réflexe qui est respecté́.

La riposte n’est-elle pas tardive, les appels au secours du Dr Abdoulanziz Hassanaly ont-ils été entendus à temps ?
Notre pays avait anticipé́ cette riposte. Mais comme tous les autres pays, la pandémie nous a montré́ qu’elle est imprévisible. Le Gouvernement a toujours écouté́ les cris d’alarme de ses médecins. C’est pourquoi des coordinations insulaires ont été mises en place. Jusqu’à ce jour, les autorités font tout pour surmonter cette maladie. Notre pays sait se servir des critiques pour mieux construire.

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