Le mari de Tachrifa, Hamidou Ali est positif au Covid-19. S’il connait désormais sa sérologie depuis 3 jours, il a fallu pour cela, un petit concours de circonstance. Dès le début de la semaine qui vient de s’écouler, Il se sentait faible. Il avait des douleurs qui ne l’empêchaient toutefois pas de se rendre au travail avait des douleurs «mais pas musculaires». Il se présente au centre de district de sa région, ce 20 janvier. «Selon les symptômes que vous nous décrivez, vous n’avez pas la Covid-19», s’entend-il répondre. Il n’est pas question pour les infirmiers de le dépister.
Notre ami est soulagé. Il est hypertendu, et a un léger embonpoint et il a développé une peur panique de la maladie à coronavirus, se sachant parmi les personnes à risque. Hamidou Ali se rend donc chez lui. Il a pris sa journée et en profite pour se reposer. Le temps de poser sa tête sur un oreiller qu’il reçoit un appel. C’est le boulot. «Mon ami, tu sais que notre collègue est positif, c’est mieux de forcer pour te faire dépister».
«Un cas contact»
Hamidou Ali n’a plus sommeil. Il prend ce qu’il lui reste de force et se rue à l’hôpital. Hamidou Ali a de l’entregent. Il a su plaider sa cause. Un écouvillon dans le nez et une dizaine de minutes plus tard, le résultat tombe : Hamidou Ali a la Covid-19. Tachrifa son épouse, a moins de chance. Elle est ce qu’on appelle dans le jargon médical, désormais rentré dans le langage populaire pandémie oblige, «un cas contact». Elle aussi cherche à se faire prélever pour savoir si elle est contaminée ou non. Impossible, lui dit-on, «vous ne répondez pas aux conditions d’éligibilité qui auraient permis de vous prélever «. Elle en perd son shingazidja.
Ce cas n’est pas isolé. Plusieurs personnes ont tenté, par crainte de l’épidémie, de se faire dépister mais comme elles ne présentaient aucun des signes du Covid-19, se sont vus refuser le test rapide. Des tentes ont été plantées dans le parking de l’hôpital de référence, El-maarouf, situé au nord de Moroni, dans le but d’effectuer les prélèvements des patients présentant une symptomatologie Covid-19. Des dizaines de sujets probables se sont faits recaler parce que n’ayant pas l’air malade.
Le médecin chef du district de Hambu, regrette qu’il ne dispose pas de plus de tests pour procéder à un dépistage de masse, «plusieurs cas ayant été recensés dans le chef-lieu du Hambu». Le collectif Moroni Anti-Covid 19 en appelle aussi «à une démocratisation des tests». La ministre de la Santé, Loub Yacout Zaïdou ne serait pas farouche à l’idée pour peu que les laboratoires privés puissent répondre aux normes draconiennes de sécurité.
Le secrétaire général du ministère de la Santé, Jean Youssouf «entend» ces revendications. Cependant, pour le moment, «pour les tests comme pour les autres réactifs de dépistage, nous faisons le nécessaire pour disposer d’un stock suffisant pour la situation actuelle». Il faut comprendre que pour l’instant, le pays ne dispose pas, selon plusieurs sources concordantes, et Jean Youssouf le reconnait lui-même, de stock suffisant pour cette deuxième vague, dont la contagiosité est décuplée.
Pour autant, les commandes auraient été déjà lancées, les virements effectués. On ignore quand les tests et autres réactifs seront livrés.