Il y a une certaine urgence dans le ton du docteur Anssoufouddine Mohamed, même si ses propos sont mesurés. L’objectif de la Direction régionale de la santé de Ndzuani, dont il est le patron, est de vacciner à terme 379 000 Anjouanais, soit la quasi-totalité de la population.
«Depuis le début de la campagne de vaccination, 198 000 personnes ont été vaccinées soit 52% de la population de l’île», a-t-il indiqué au téléphone ce mercredi. Loin d’être poussive comme c’est le cas à Ngazidja, la campagne se passe plutôt bien à Ndzuani et devrait prendre fin le 30 juin prochain.
L’île, la plus pauvre et la plus densément peuplée, a payé un lourd tribut dans l’épidémie de choléra déclarée officiellement en février. 121 malades du choléra y ont perdu la vie pour un total de 143 décès au niveau national. Le 20 juin, date du dernier bulletin de santé, l’Union des Comores comptabilisait 9666 cas de choléra au total, pour 622 cas recensés à Ngazidja, 553 à Mwali et 8491 cas pour Ndzuani.
«Le vaccin est une mesure d’appoint qui va contribuer à couper la chaine de transmission du vibrion cholérique», a-t-il expliqué. Mais pour que cela marche, en plus des mesures barrières, il faut que la guerre contre le choléra soit menée par tous les Comoriens.
«Nous aurons atteint l’immunité collective si nous parvenons à vacciner 93% de nos concitoyens», a-t-il averti. Autrement, même si l’épidémie se tasse, une résurgence reste possible au bout d’un certain temps, du fait de la présence de souches dormantes de la bactérie.
Une immunité temporaire
«La durée de l’immunité varie entre six mois et un an. Elle peut varier légèrement en fonction des groupes d’âge et des conditions de santé», a-t-il clarifié. Le vaccin ne procure pas une immunité à vie.
D’où l’importance du respect des mesures barrières et d’une meilleure accessibilité à l’eau potable. Sinon, le cardiologue recommande «de bouillir l’eau avant de la consommer même après s’être vacciné, une pratique qui aide à prévenir également la typhoïde». Alors que la saison des mariages va débuter dès le mois prochain, notre interlocuteur insiste sur l’importance du lavage des mains «pour éviter une recrudescence du choléra ou le développement d’autres maladies».
De fil en aiguille, le cardiologue reconnait les efforts consentis par le pouvoir central «pour rendre ce vaccin accessible». Il espère également que l’Etat «améliorera l’accès à l’eau traitée». Moins de 30% de Comoriens ont en effet accès à l’eau potable, selon la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede).
Par Nourina Abdoul-Djabar et Faïza Soulé Youssouf