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Docteur Said Abdoul-Haq Alaoui-Lutte contre le paludisme I «Si à Ngazidja la maladie persiste, la situation à Ndzuani et Mwali pourrait facilement changer»

Docteur Said Abdoul-Haq Alaoui-Lutte contre le paludisme I «Si à Ngazidja la maladie persiste, la situation à Ndzuani et Mwali pourrait facilement changer»

Santé | -   Adabi Soilihi Natidja

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Après la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, Al-watwan s’est entretenu avec le chef de service Prise en charge au programme national de lutte contre le paludisme, docteur Said Abdoul-Haq Alaoui, qui dresse un état des lieux de la maladie dans le pays. Il appelle à l’implication de toutes les couches sociales dans cette lutte, soutenant que si sur une île la maladie persiste, alors les autres îles ne sont pas épargnées.

 

Pouvez-vous nous dresser un état des lieux du paludisme dans notre pays ?

Les cas de paludisme ne cessent d’augmenter dans le pays, notamment à Ngazidja. En 2024, nous avons enregistré au total, 55 277 cas sur l’ensemble du territoire national. Ngazidja seule enregistre 54 413 cas tandis qu’à Ndzuani et Mwali, on a respectivement eu 504 cas et 360 cas. L’incidence annuelle est de 62,13 pour 1000 habitants. Pour cette année, les données ne sont pas encore disponibles.

Quels sont les districts de santé les plus touchés et quel est aujourd’hui l’impact du paludisme en termes de santé publique (mortalité, hospitalisations, absentéisme, etc.) ?

Ngazidja est devenu le foyer épidémique du paludisme. Les districts du centre les plus touchés sont notamment Bambao, Itsandra, Mitsamihuli-Mbude, Mbadjini Est et Ouest. Cependant, les districts de Waschili-Dimani et Hambu sont un peu moins atteints. Toutefois, de manière générale, on constate que tous les foyers à Ngazidja sont actifs. Et donc, le paludisme sévit dans toute les régions. En termes de gravité, ce sont des cas simples. Ils prennent donc le traitement à la maison. Les hospitalisations ne sont pas non plus à négliger.

Des médecins disent qu’il y a des décès liés au paludisme pourtant dans les rapports, ces données ne figurent pas. Que doit-on comprendre ?

Concernant les cas des décès, si les médecins disent qu’il y a des décès liés au paludisme, ça peut être possible. Cependant, quand on parle de décès, ça demande des investigations, et des confirmations avant que nous confirmions ces décès-là. Ce qu’on voudrait, c’est que ces médecins-là nous notifient ces cas de décès afin que nous puissions mener les investigations possibles nous permettant de déclarer qu’ils sont bel et bien dus au paludisme.

Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour faire adhérer les communautés à cette lutte et ainsi atteindre l’objectif zéro cas de paludisme d’ici la fin de l’année ?

Comme vous le savez, la première stratégie dans des situations pareilles n’est autre que la communication. C’est ainsi qu’on entend intensifier notre communication à travers la sensibilisation des communautés, leur expliquer comment prévenir cette maladie ainsi que ses conséquences. Par-là, les communautés s’impliqueront davantage. Au niveau du Pnlp, nous utilisons aussi les canaux de communication et les réseaux sociaux pour nous rapprocher de plus en plus des populations. Mais pour ce qui est de l’impact de la stratégie, on fait des prélèvements dans les zones les plus atteintes et allons aussi procéder au traitement par famille, puis par région.

Qu’est-ce qui vous fait dire que cette fois-ci sera la bonne ?

Déjà parce que le pays s’est engagé à éliminer complètement le paludisme à la fin de l’année. Nous sommes confiants de pouvoir atteindre cet objectif-là car nous comptons intensifier les stratégies et nous disons que comme ce sont ces stratégies-là qui ont marché à Ndzuani et Mwali, pourquoi ne marcheraient-elles pas ici ? Cette fois-ci c’est la bonne parce que les moyens devant appuyer la lutte sont disponibles et les Chinois sont toujours prêts à apporter leur aide. A Ngazidja, la prise de conscience du fait que le palu pourrait mener à la mort pourrait renforcer aussi cette lutte, de même que l’encouragement de l’implication des communautés. C’est pour cela que vous avez vu que pendant la célébration de la journée de lutte contre le paludisme, nous avons honoré les districts sanitaires ayant le minimum de cas de paludisme, comme Washili.

Quelles sont les conséquences dans les autres îles si à Ngazidja, la maladie persiste ?

Si à Ngazidja la maladie persiste, alors là, ce sera très compliqué. Déjà, on constate une forte mutation des cas de paludisme vers les autres îles. Mais aussi, la situation peut changer. Alors qu’à Ndzuani et Mwali, on avait atteint le zéro cas autochtone, la situation pourrait facilement changer. Et les cas pourraient être assez graves qu’ici. C’est ainsi qu’afin d’éviter cette chute, des équipes sont consacrées à Mwali pour dépister les passagers venus essentiellement de Ngazidja. Mais des fois, on est en rupture des intrants, et surtout si à Ngazidja, le palu prend de l’ampleur.

L’on a un moment entendu parler d’un programme de traitement de masse à base d’artémisinine avec la coopération chinoise. Était-ce une simple rumeur ?

C’est toujours en actualité et on discute de la faisabilité. Les équipes médicales chinoises sont là et nous réitèrent toujours leur engagement à agir à nos côtés pour éradiquer cette maladie. Cependant, on ne peut pas nous exprimer en profondeur. On a déjà réceptionné tous les produits de la Chine mais il manque juste de décider de la date de la mise en œuvre.

À quel horizon estimez-vous possible de maîtriser à nouveau le paludisme dans tout le pays ?

Nos objectifs n’ont pas du tout changé. C’est toujours à l’horizon 2030 pour la certification mais l’élimination c’est la fin 2025.

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