Depuis la déclaration officielle du ministère de la Santé sur l’apparition du choléra aux Comores, la population semble ignorer cette déclaration, en particulier à Mdadjini dans la commune d’Itsahidi. Ce déni se manifeste par l’absence de mesures barrières dans les restaurants, les établissements scolaires et les ménages.
Soilihi M’madi, habitant de Fumbuni, pense qu’il s’agit d’une fausse épidémie de choléra, car selon lui, elle ne ressemble pas à celle des époques passées, où il a observé une propagation rapide et la mise en place de mesures restrictives dans tout le pays.
«On ne prend pas au sérieux cette déclaration car ce n’est pas le choléra que nous avons connu. Autrefois, si on était touché par le choléra le matin, il y avait peu de chances de survivre jusqu’à l’après-midi, car il se développait très rapidement, malgré la prise en charge immédiate par les services médicaux », affirme-t-il.
Il est également conforté dans sa logique par ce qu’il a qualifié d’«absence de protocole de restriction lors des funérailles de la première victime de ce nouveau choléra récemment à Fumbuni», qui, selon lui, «aurait pu éveiller la conscience collective».
Solliciter le déploiement
Concernant les restaurants, les établissements scolaires et les ménages, le préfet Mze Said Mhoumadi déclare avoir convoqué la semaine dernière les chefs de villes, les cadis et les imams de la région pour clarifier l’évolution de l’épidémie et les inviter à sensibiliser la population, mais il constate avec regret que le message n’est pas pris en considération.
Selon Said Mchinda, troisième adjoint au maire de la commune d’Itsahidi, ce refus de la population de respecter les mesures préventives s’explique par l’absence jusqu’à présent d’une véritable politique nationale de lutte contre cette épidémie, qui ne mobilise pas les citoyens comme cela a été le cas lors de la pandémie de coronavirus.
«Il est difficile de sensibiliser les gens sans les moyens et les outils persuasifs, tels que des seaux et du savon dans les lieux publics et privés, des caravanes de sensibilisation et des contrôles aux frontières maritimes», dit-il.
Said Mchinda déplore aussi l’absence d’une note officielle du ministère de la Santé ou de l’Intérieur les informant des dispositions à prendre en tant qu’autorité régionale pour lutter contre cette épidémie. Il souhaiterait notamment savoir si «le dosage du chlore dans l’eau est-il similaire à celui du coronavirus». Pour l’instant, aucun cas n’a été enregistré à l’hôpital Pole Sud de Fumbuni, nous informe le troisième adjoint au maire.
En attendant les instructions des autorités, Said Mchinda annonce qu’il effectuera une descente dans les villes de sa commune pour solliciter le déploiement des moyens financiers collectés lors des taxes coutumières et autres, afin de sensibiliser la communauté qui semble apparemment insouciante.
Par Said Toihir