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Enquête : Le secteur pharmaceutique, une véritable foire d’empoigne

Enquête : Le secteur pharmaceutique, une véritable foire d’empoigne

Santé | -

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Dans le décret No 15-025 du 3 mars 2015 portant mise en place de l’Onpc (Ordre national des pharmaciens des Comores), l’article 5 dispose que «nul ne peut ouvrir une officine de pharmacie, s’il n’a pas préalablement effectué un stage de deux ans dans une structure privée ou publique». Mais, est-ce toujours le cas ? Qu’en est-il de la distance de 500 mètres que doivent normalement respecter les pharmacies ? Voyage à l’intérieur d’un secteur dont on parle peu, pourtant on ne peut plus vital.

 

Quelle est la distance légale devant séparer une pharmacie d’une autre ? Ces derniers temps, les pharmacies poussent comme des champignons au point que certaines ont tendance à violer les dispositions légales.

Selon le compte rendu d’une réunion du comité des pharmaciens du 7 janvier 2016, il a été convenu que la distance à observer entre deux structures pharmaceutiques est de 500 mètres. Toutefois, il existe un vide juridique au niveau du code de la santé et certains s’engouffrent dans la brèche.

C’est, en tout cas, ce qui ressort de plusieurs courriers adressés au ministère de la Santé, à l’inspection générale de la santé et à l’Ordre national des pharmaciens des Comores (Onpc).

Dans une lettre en date du 2 mai 2017, signée par le Dr Sarah Rossanaly Kalfane et adressé au président de l’Onpc, on apprend la prochaine ouverture d’une officine à environ 155 mètres de la sienne ; elle appartiendrait à un dénommé Dr Nassib exerçant en Suisse.

Selon le décret No 15-025/PR du 03 mars 2015 portant mise en place de l’Onpc, l’article 5 dispose que «nul ne peut ouvrir une officine de pharmacie, s’il n’a pas préalablement effectué un stage de deux ans dans une structure privée ou publique».

Les responsables de la Pharmacie des écoles dénoncent, donc, aussi bien le non-respect de la distance de 500 mètres que le caractère caduc de l’autorisation d’ouverture, délivrée en 2011.

L’article 21 du décret précité stipule, en effet, que «l’inscription devient caduque après un an si le pharmacien titulaire n’a pas ouvert l’officine, objet de son autorisation».
Lors du lancement de l’Onpc le vendredi 31 mars dernier, le ministre de la Santé, Moussa Mahoma, avait évoqué des litiges entre des pharmacies à cause de la distance à respecter.

Visiblement, il avait raison parce que le même problème se pose également entre la pharmacie Mangani et celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdoulkarim Mohamed. Dans un courrier du 22 décembre 2016, l’Onpc demande à ce dernier d’arrêter les travaux et de respecter la distance légale.

Contacté par nos soins, un des responsables de l’Onpc et du syndicat des pharmaciens, en l’occurrence Dr Said Omar, estime que la démarche de l’ancien ministre n’est pas la bonne parce qu’en dehors de la distance, son dossier ne serait pas non plus complet.

«Il appartient au ministère de la Santé d’en finir avec ces implantations anarchiques», dit-il. Il y a moins d’une semaine, le Dr Hassani Baroini de la pharmacie Mangani a écrit à l’inspecteur général de la santé pour se plaindre des agissements de l’ancien ministre. En vain.

 

«Depuis dix ans, on respecte cette distance, mais Dr Abdoulkarim Mohamed se base sur la distance entre la pharmacie des Comores et celle de la Corniche qui sont installées depuis vingt ans.

On ne peut pas revenir 20 ans en arrière», peut-on lire dans cette missive. Joint par Al-watwan, l’inspecteur général de la santé, Dr Halidi n’a pas souhaité réagir.
Autre problème et non des moindres concerne les pharmacies de garde, qui ne rempliraient pas les conditions requises.

En effet, certaines officines assurent la garde sans garantir la disponibilité des médicaments de base. Cette situation révolte les clients. «Effectivement, c’est un problème que l’ordre est en train de résoudre.

Nous avons écrit à toutes les pharmacies pour dégager une liste nationale des médicaments de base à disposer obligatoirement avant d’assurer une garde», a fait savoir Dr Said Omar.

Pour lui, les pharmaciens n’ont qu’à avertir en avance en cas d’impossibilité d’assurer la garde ou plutôt de s’approvisionner auprès d’une autre pharmacie. Il déplore la négligence de certaines structures et prône la suppression de quelques unes de la liste des pharmacies de garde.

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