Au nord de Ngazidja, l’épidémie du choléra continue de toucher toutes les couches sociales. Des enfants de moins de dix ans, des jeunes parents, plusieurs membres d’une seule famille se rendent à l’hôpital après avoir constaté que la situation est hors de contrôle. A la sortie de l’hôpital, un patient de moins de cinquante ans préfère anonymement témoigner le vécu afin de sensibiliser les autres. Les trois jours passés dans le site dédié aux patients touchés par le choléra sont les plus longs de cette année. Fatigué, déshydraté, désespéré, il se dit que se taire semble être complice de la propagation de l’épidémie dans sa région et dans le pays tout entier alors que les risques de décès ne sont pas minimes.
Toujours affaiblie, le jeune salue tout d’abord les dispositions prises en matière de médicaments. Selon lui, les sérums pour les perfusions de liquide et d’antibiotique par voie intraveineuse ne manquent plus dans le site. «Un patient peut recevoir dix sérums et même dix-huit sérums durant la période de traitement gratuitement. Etant trop déshydratées à cause du retard enregistré à la maison, plusieurs personnes âgées entre 25 à 45 ans sont inconscientes à leur arrivée sur le site, ce qui complique les cas. C’est à partir de dix sérums que les patients se réveillent à cause de la déshydratation», se rappelle-t-il.
Notre source anonyme évoque en revanche les difficultés vécues durant le séjour dans les tentes implantées et dédiées à abriter les malades. «Une violente diarrhée abondante se manifeste toutes les trois minutes. On n’a même pas le temps de se rendre aux toilettes. On ressent des crampes à un moment donné avec des vomissements. Il est dur de supporter tout cela, heureusement que les lits sont adaptés à ce contexte», indique-t-il. Il regrette toutefois le fait que des patients subissent ces violentes diarrhées abondantes et des vomissements pendant que d’autres essaient de manger dans la même tente dans la mesure où ils ne sont pas aptes à se déplacer.
Conditions à améliorer
Le patient a enfin souligné le problème de toilettes dans le site. Il trouve qu’il serait mieux d’en augmenter le nombre. «Les dispositions dans les toilettes doivent être améliorées car c’est dur de supporter la situation une fois dans la toilette. Il faut un ou deux agents pour nettoyer régulièrement la toilette», propose-t-il.
Il conseille de respecter les mesures de barrières avant qu’il ne soit trop tard. «On était beaucoup de jeunes. Il y avait des enfants de moins de dix ans. On voit des jeunes qui n’arrivent pas à se tenir debout. On n’est plus capables de manger en dehors de la tente à cause de la fatigue. C’est de la véritable souffrance», remarque-t-il.