L’Hôpital de l’amitié sino-comorienne de Bambao-mtsanga, qui avait nourri tous les espoirs des comoriens avant son inauguration officielle en mai dernier (suivi de l’ouverture technique quelques semaines après), peine depuis à drainer les patients. Pourtant, à en croire les actuels responsables, plusieurs services fonctionnent à plein temps depuis plusieurs semaines déjà.
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L’on attend que les gens viennent, car nombreux sont ceux qui ne savent pas que les services fonctionnent ; cela se fait progressivement. Notre service a ouvert depuis août dernier. Nous avons reçu quatre patients depuis,
note Miftahou Allaoui, major du service d’ophtalmologie. Ses portes sont pourtant «ouvertes sept jours sur sept». Ailleurs, chez le dentiste, quasiment le même constat. Le service de stomatologie, dirigé par Dr Djaanfar Laguerre et qui comprend trois médecins, quatre infirmiers et un aide-soignant, reçoit «en moyenne deux patients par jour». Pourtant, ici encore, le droit à payer semble accessible, et l’équipement étincelant, comme l’explique le dentiste.
«Nous avons deux fauteuils en bon état. Le traitement d’une dent coûte en gros 6.500 francs, presque comme à Hombo. Bientôt nous ouvrirons aussi le laboratoire de prothèse dentaire», fait-il savoir. Pour ce dernier, comme de l’avis de notre major du service d’ophtalmologie, il y a donc nécessité de «sensibiliser» davantage la population à fréquenter assidument le nouvel hôpital.
Tout compte fait, le décalage observé entre l’inauguration politique et le commencement effectif des soins, beaucoup plus tard, pourrait bien y être pour quelque chose. Les choses ne seraient, toutefois, pas aussi apathiques partout. Chez le Dr Rakib Ahmed, elles semblent aller mieux : une quarantaine de patients reçus depuis une semaine que sa pédiatrie fonctionne, avec ses deux autres médecins et ses quatorze infirmiers. Et comme ses collègues, le pédiatre loue les mérites du nouvel hôpital et de son département, en particulier.
«C’est le premier hôpital de Ndzuani construit dans les normes d’un hôpital. Le service pédiatrique dispose de tout ce qui est nécessaire pour pouvoir sauver le nouveau-né. Le service de néonatologie est nouveau chez nous, et il est équipé d’incubateurs électroniques qui n’existaient pas jusque-là, des plaques chauffantes et autre photothérapie», assure-t-il. Premier à être ouvert, le service d’imagerie médicale, dirigé par Dr Moursoid Massoundi, connait lui aussi un «taux de fréquentation ascendant».
Disons que l’Hôpital de l’amitié sino-comorienne connait surtout un problème de personnel (soixante employés à ce jour pour un cadre organique pensé à trois cent, semble-t-il). Mais il y a aussi le fait que la population anjouanaise aurait apparemment du mal à apercevoir sa différence avec les autres hôpitaux uniquement dans la qualité de son équipement : la non-arrivée de médecins étrangers a comme déçu beaucoup de gens, comme le dit une chanson populaire sortie en ce moment par l’une des vedettes de la musique locale. Un préalable que le docteur Moursoid trouve peu sérieux. «Ce n’est pas vrai que l’hôpital ne peut pas fonctionner sans des médecins étrangers. En tout cas pas mon service», dira-t-il, reconnaissant toutefois avoir «le minimum vital en termes de ressources humaines».