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Hôpital de Hombo : les contractuels en grève

Hôpital de Hombo : les contractuels en grève

Santé | -   Ahmed Zaidou

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À l’hôpital de Hombo, les contractuels sont entrés en grève illimitée hier mercredi 11 juin, après un préavis lancé la semaine dernière. Ils dénoncent des arriérés de salaires, la précarité contractuelle et des conditions de travail qu’ils jugent indignes.

 

Depuis mercredi, les contractuels du Centre hospitalier de référence insulaire de Hombo ont suspendu le travail. Seuls 40 % des agents assurent encore le service. En cause : jusqu’à huit mois de salaires impayés, le rejet d’un nouveau contrat jugé précaire, et l’absence de perspectives de titularisation. Selon les grévistes, les discussions engagées à trois reprises avec la direction sont restées sans suite. Ils dénoncent également des pressions informelles, des licenciements injustifiés et une exploitation silencieuse qui perdure depuis des années.


Ibrahim Maanfou, contractuel affecté au service de médecine, s’insurge contre le nouveau contrat de vacation, qui rémunère les agents à la journée. « Certains d’entre nous ont jusqu’à huit mois d’arriérés. Aujourd’hui, on nous propose un système de vacation qui réduit de moitié notre revenu : de 60 000 à 30 000 francs par mois. C’est inacceptable. Il y a eu des licenciements abusifs, des intimidations lors des gardes, aucune mutuelle, aucune prime de risque. À l’hôpital El-Maarouf, ces droits sont garantis. Pourquoi pas chez nous ?», s’interroge-t-il.

Une vive inquiétude

Il lance également un appel aux autorités: «Certains travaillent ici depuis 2012. Nous demandons à être intégrés dans la fonction publique. Ce ne sont pas des privilèges que nous réclamons, mais nos droits fondamentaux.»Le contrat proposé suscite aussi une vive inquiétude parmi les femmes.
« Il stipule que les congés maternité ne sont pas rémunérés. Ce n’est pas seulement injuste, c’est dangereux. Ce type de contrat aggrave la précarité de travailleurs déjà fragilisés », apprend-on.Au-delà des revendications générales, des griefs spécifiques émergent selon les services. À la radiologie, les agents réclament des congés d’exposition et du matériel de protection. «Nous travaillons au contact direct des rayons X, sans congés adaptés, ni équipements. C’est une mise en danger constante», résume une gréviste.


Le directeur général de l’hôpital, le docteur Ibrahim Salim Mari, affirme avoir reçu le préavis de grève le 6 juin. Il confirme que des discussions ont eu lieu. « Nous avons rencontré trois fois les représentants des contractuels. Leurs doléances sont légitimes, mais nous faisons face à des contraintes. Le contrat proposé était une solution transitoire pour permettre un paiement plus rapide, notamment pour ceux en attente de salaires. Certains ont accepté, d’autres non. La masse salariale atteint aujourd’hui près de 12 millions de francs pour 217 agents contractuels », explique-t-il.


Il reconnaît par ailleurs les difficultés financières de l’établissement. «Une panne de l’appareil de radiologie, combinée à des commentaires virulents sur les réseaux sociaux, a fait chuter la fréquentation. Moins de patients, c’est moins de recettes. Trois mesures peuvent être mises en place rapidement : renouveler les contrats, régler les arriérés, et assurer des paiements ponctuels. Nous restons ouverts à un dialogue respectueux», ajoute-t-il. Enfin, le directeur souligne que certains aspects dépassent le cadre de ses compétences, notamment «le recrutement à la fonction publique» qui «relève du ministère».3

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