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Hôpital El-maarouf I Les contractuels entrent en grève dès ce jeudi

Hôpital El-maarouf I Les contractuels entrent en grève dès ce jeudi

Santé | -   Abdou Moustoifa

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En réponse au préavis émis par le personnel soignant contractuel, la direction de l’hôpital a qualifié «d’illégal» le mouvement annoncé par les grévistes, qui, de leur côté, dénoncent «l’inaction» supposée de la hiérarchie. Le bureau a déploré «l’absence et l’insuffisance de matériels de travail», citant notamment des mobiliers : eau, gants. Et pointe du doigt «une mauvaise gestion» présumée des fonds de l’établissement.


Dès ce jeudi, et ce pour une durée de soixante-douze heures, les contractuels de l’hôpital El-maarouf vont observer une grève. Seul le service minimum sera assuré. S’il le personnel a franchi le pas, « c’est parce son préavis n’a pas reçu une suite favorable », regrette le bureau des contractuels, lequel a tenu hier, après-midi une conférence de presse. Le but de celle-ci est de prendre à témoin non seulement les autorités mais également la population. Cinq points étaient à l’ordre du jour. D’abord le statut des contractuels eux-mêmes. «La majorité d’entre eux travaillent ici depuis dix ans voire plus. Mais n’étant pas fonctionnaires, ils se retrouvent sans avenir dans la mesure où aucun round n’est versé à la caisse de retraites. Imaginez les employés qui comptabilisent quinze ans de service et qui jusqu’à lors n’ont jamais cotisé», a introduit d’emblée, Zainoudine Ahmada.


Ce contractuel du service d’imagerie de l’hôpital El-maarouf est également revenu sur le cas des stagiaires, délaissés d’après lui. «On ne leur donne même pas des frais de taxis. Après deux ou trois mois de stage, personne ne s’occupe d’eux. Nous aimerions qu’à la fin de la période probatoire, la direction prenne la peine de signifier au concerné si ses services l’intéressent ou pas. Au moins que l’agent reçoive une notification», plaide, Zainoudine qui s’est retrouvé dans la même situation après un an et demi de stage avant d’être engagé comme contractuel. Au niveau des conditions de travail, là encore « rien ne va plus », selon lui.

Déni de la direction

Hier, le bureau a déploré « l’absence et l’insuffisance de matériels de travail », citant notamment des mobiliers : eau, gants. «Nous avons un scanner, mais nous dépendons encore de la Sonelec. Le groupe électrogène qui avait été acquis en même temps que ces équipements est tombé en panne faute d’un bon entretien», ont énuméré les contractuels qui ont maintenu leur grève de soixante-douze heures à compter de ce jeudi 18 juillet. Annoncé depuis le 2 juillet après l’envoi d’un préavis de grève, le mouvement aura bien lieu car aucun responsable, pas même le ministère de la Santé n’a cherché à entrer en discussions avec le bureau qui représente pourtant 216 contractuels signataires.

 

 

La direction d’El-maarouf, dans une note de service en date du 15 juillet, s’en est pris aux grévistes en qualifiant « d’illégal » le bureau du comité exécutif des contractuels. Ce n’est pas tout. Dans ses ripostes et, face aux déclarations tonitruantes de ses employés, la direction de l’hôpital national, a déployé une banderole affichée en face du portail où elle affirme avoir payé « toutes les arriérés de salaires » ainsi que les primes de garde. «Certes seul juin n’a pas été payé, mais les indemnités de garde, la dernière fois qu’elles ont été versées c’est en décembre 2023. Cette année, aucun agent ayant assuré une garde n’a perçu sa prime de risque», assure Zainoudine Ahmada qui appelé la population à partager leurs préoccupations. «Moi souvent je suis obligé de sortir jusqu’au quartier Bacha chez ma sœur pour chercher à manger. Tout ça parce que nous ne recevons de prime», a illustré notre conférencier.

Recettes mensuelles de 5 millions

Au sujet des salaires jugés indécents, les contractuels s’étonnent puisque « les recettes de l’hôpital aient augmenté », selon eux. «On ne peut pas lamenter les autorités car elles ont déboursé plus d’un milliard pour équiper le centre d’imagerie. Les examens notamment des radiographies qui y sont effectués font rentrer des millions. Mais les salaires restent les mêmes, 57 000 francs», peste, le Docteur Abdillah Mdahoma. Selon nos informations, rien que le service de radiographie, il aurait généré au mois de mai dernier « plus de cinq millions de francs en recettes ». Le médecin a également accusé la direction de « couvrir des faits de détournements de fonds », sans plus de précisions. Il s’avère, d’après les déclarations des grévistes, que les postes vacants des anciens contractuels partis à l’étranger ou titularisés par la fonction publique sont encore actifs.


L’on apprend que « certains responsables empocheraient en catimini ces salaires au lieu de recruter les contractuels ou d’augmenter leurs rémunérations ». Mais, il est difficile de le confirmer, pour l’instant. «Ce cri d’alarme sert à réveiller les décideurs. Qu’ils sachent qu’à ce rythme, même avec l’ouverture du nouveau centre hospitalier et universitaire sans de meilleures conditions, nous ne pourrons pas nous occuper des patients comme il faut», alerte-t-il, rappelant qu’après tout, El-maarouf reste l’hôpital de référence où tous les Comoriens se rendent. Comme quoi, il y a nécessité de fournir au personnel ce dont il a besoin pour soigner la population.

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