Mahmoud Ali, point focal de l’Association comorienne pour le bien-être familial (Ascobef) à Mwali, Dhounouraini Chehou, représentant de la Cellule de coordination multisectorielle (Ccm), et Abdou Malida, un autre membre de la société civile, ont tenu un point de presse ce mercredi 14 mai à l’antenne de l’Ascobef de Mwali. Ils ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation sanitaire préoccupante qui frappe actuellement l’île. Selon eux, trois maladies y sévissent particulièrement en ce moment : le paludisme, l’hépatite B et le Vih/Sida dont la résurgence est particulièrement inquiétante chez les jeunes.
D’après Mahmoud Ali, cinq nouveaux cas de Vih/Sida ont été détectés à Mwali entre janvier et mai 2025, tandis qu’au niveau national, 21 cas ont été enregistrés sur la même période. Des chiffres alarmants pour une île peu peuplée, alors qu’en 2024, 37 nouvelles personnes séropositives avaient été recensées dans l’ensemble du pays. «Si rien n’est fait, imaginez combien de cas nous aurons d’ici décembre. Ce qui est encore plus grave, c’est que la plupart des personnes infectées sont des jeunes. Notre cri d’alerte est un signal fort que nous devons prendre très au sérieux», a déclaré Mahmoud Ali.
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100 cas signalés
Pour Abdou Malida, cette situation révèle un manque d’information, de prévention et un relâchement dans les comportements à risque. «Il y a quelques années, des projets intervenaient pour éradiquer cette maladie, mais aujourd’hui, plus personne n’en parle. Les préservatifs sont devenus des jouets , alors qu’ils sont conçus pour lutter contre les maladies sexuellement transmissibles. L’infidélité gagne du terrain dans nos communautés, alimentée par des conditions socio-économiques dégradées. Beaucoup ne croient plus à l’existence du sida, alors qu’il est bien présent dans nos îles», a-t-il soutenu.
Parallèlement au Vih/Sida, le paludisme refait surface de manière inquiétante, notamment avec l’arrivée de la saison des pluies, propice à la prolifération des moustiques. Plus de 100 cas ont été signalés depuis le début de l’année, dans une île où la maladie avait été éliminée pendant de nombreuses années. «Actuellement, deux patients originaires de Djando sont hospitalisés à l’hôpital de Fomboni à cause du paludisme. Leur état de santé est préoccupant», a indiqué Dhounouraini Chehou.Les intervenants ont également alerté sur la recrudescence des cas d’hépatite B à Mwali. Cette maladie, souvent silencieuse, attaque le foie et provoque de graves dysfonctionnements dans l’organisme. Elle aurait déjà fait plusieurs victimes, notamment parmi les jeunes.
Face à cette triple menace sanitaire, les responsables ont appelé à une mobilisation générale de tous les acteurs sociaux, des autorités aux parents, en passant par les éducateurs et les leaders religieux. Ils ont plaidé pour le renforcement des mesures préventives, le dépistage précoce et une éducation à la santé sexuelle renforcée.Parmi les actions proposées figurent la distribution gratuite de préservatifs, un meilleur accès aux tests de dépistage et l’intensification des campagnes de sensibilisation dans les quartiers. «La santé est une responsabilité partagée. Il faut que chacun prenne conscience de la gravité de la situation», a conclu Mahmoud Ali.