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Jude Padayachy, directeur pays de l’Onusida I «Seule une bonne communication peut aider à mettre fin à la stigmatisation»

Jude Padayachy, directeur pays de l’Onusida I «Seule une bonne communication peut aider à mettre fin à la stigmatisation»

Santé | -   Adabi Soilihi Natidja

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Lors de la clôture des travaux du 21è colloque régional sur le Vih/Sida et les addictions, Al-watwan s’est entretenu avec le directeur exécutif de l’Onusida pour Madagascar, Réunion, Maurice, Seychelles et Comores, Jude Padayachy. Ce dernier a fait un tour d’horizon sur les principaux sujets évoqués ainsi que les stratégies à mettre en place pour leur mise en place.

 

Quelle est votre appréciation par rapport au déroulement de ce 21è colloque sur le Vih/Sida et quels sont ses objectifs ?


Je tiens tout d’abord à féliciter les Comores pour la bonne organisation faite ainsi que l’accueil chaleureux qui nous a été réservé. Je salue l’engagement et l’implication des autorités comoriennes pour le bon déroulement des travaux. Ce qu’il faut retenir de ce colloque c’est qu’il s’agit d’un événement auquel participent les pays de la commission de l’Océan indien. C’est-à-dire, Comores, Madagascar, la Réunion, Maurice et Seychelles. Son principal objectif est tout d’abord d’avoir les statistiques par pays de la situation épidémiologique dans la région, puisque si une épidémie sévit dans une de nos îles, là, les autres ne sont pas épargnées.


Ensuite, évaluer la riposte de chaque pays. Ainsi, s’il y a de nouvelles techniques ou façons de faire, on les partage aussi tout en misant sur comment collaborer de manière régionale, dans les cinq pays. Le thème de cette année porte sur le financement par nos pays. A l’ouverture du colloque, vous avez parlé de la “dissolution” de l’Onusida, vous avez insisté sur le renforcement de la coopération régionale pour financer la lutte contre ladite maladie dans la région.

Qu’est ce qui a découlé des discussions ?


Tout d’abord, il faut retenir qu’au paravent, il y avait plusieurs partenaires qui finançaient la lutte contre le Sida qui n’est pas seulement un problème de l’Océan indien mais mondial. Maintenant, beaucoup de pays et de bailleurs ont gelé leurs financements décidant de ne plus soutenir la riposte Sida. Par-là, on a constaté que l’Onusida avait perdu 54% des financements américains causant le limogeage de 60% de nos effectifs. Avec peu de personnes pour soutenir financièrement la riposte, on ne pourra pas aller loin. C’est pour cela que le secrétaire général de l’Onu a parlé de dissoudre l’organisation l’année prochaine. Cela nous pose certains problèmes à un moment où, on doit mettre fin au Sida d’ici 2030 et sans financement, cela ne peut se faire.


Par rapport au thème choisi, nous avons proposé toutes les pistes devant amener les pays de la région à financer eux-même la riposte. Il s’agit notamment d’augmenter les impôts et les taxes sur certains produits comme l’alcool, le tabac ou autres, pour attribuer les bénéfices à la lutte contre les addictions et le Vih, impliquer la diaspora dans le financement à travers leurs actions locales et favoriser un partenariat public privé. On peut également tirer quelques centimes chez les touristes.


Pour ce qui concerne la coopération régionale, force est de constater qu’on n’a pas de structure de coopération. On a échangé sur l’importance de mettre en place cette structure-là. On reste donc confiant que nos pays valideront cette proposition afin que l’année prochaine, on puisse échanger sur plusieurs autres sujets en dehors de l’épineuse question de la coopération régionale ou encore, celle du financement.

Quelles sont les mesures suggérées afin de promouvoir la réalisation des recommandations issues de ce colloque ainsi que de tous les autres ?


On a insisté sur la nécessité d’avoir des données justes et fiables de l’épidémie par pays. Pourtant, rien ne peut se faire sans qu’on ait un aperçu général de la situation épidémiologique par pays. On va aussi miser sur la communication en mobilisant tous les canaux de sensibilisation par rapport à cela, afin de sensibiliser le maximum de personnes. On a appris qu’aux Comores, la diaspora assiste beaucoup la société. Et donc, on a aussi proposé de l’impliquer.

Certaines recommandations faites l’année dernière reviennent cette année, notamment la “destruction des préjugés”. Quelles sont les nouvelles stratégies à mettre en place pour sa réalisation ?


La stigmatisation, les préjugés sont des choses très difficiles surtout chez les personnes porteuses du Sida ou d’autres infections à Vih. Afin de mettre fin à ces fléaux, il est important de beaucoup sensibiliser sur ces maladies. Car le Vih est une pathologie mortelle mais qui peut être maitrisée. Et mettre à l’écart les porteurs de ces infections est loin d’être la solution. Là-dessus, nous attendons promouvoir la communication sur ces maladies, impliquer les médias car le Vih n’est pas une affaire d’Etat ni de gouvernement. Chacun doit apporter sa contribution.

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