logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Les jeunes face aux troubles de la vue/Docteur Chanfi Mohamed I «Les principales causes et les facteurs de risque des troubles visuels chez l’enfant sont nombreux»

Les jeunes face aux troubles de la vue/Docteur Chanfi Mohamed I «Les principales causes et les facteurs de risque des troubles visuels chez l’enfant sont nombreux»

Santé | -   Nakib Issa

image article une
De plus en plus des jeunes sont touchés par des problèmes de vue et souvent de sitôt. Votre journal s’est entretenu avec Docteur Chanfi Mohamed, un des spécialistes du domaine, pour déterminer les causes, les conséquences, les différents types de malvoyance ainsi que les solutions contre cette hausse de troubles visuels, prématurément chez les jeunes. L’ophtalmologiste tire la sonnette d’alarme, partage son constat et indique les facteurs en jeu et les pistes à suivre pour préserver la santé oculaire de cette jeunesse.

 

Quels sont les troubles visuels les plus fréquents chez les enfants, et à quel âge apparaissent-ils généralement ?


Les troubles visuels les plus fréquents chez l’enfant, avec leur âge typique d’apparition sont au nombre de cinq. L’hypermétropie, qui est la difficulté de voir de près; l’image se forme derrière la rétine dont l’âge typique est de 6 à 8 ans. La myopie c’est la difficulté de voir de loin; l’image se forme devant la rétine, elle apparaît souvent entre 6 et 12 ans, puis s’accentue à l’adolescence. Comme signes d’alerte, l’enfant se rapproche pour lire, plisse les yeux pour voir le tableau.

Ensuite, l’astigmatisme qui est la déformation de la cornée. C’est comme le miroir de l’œil qui rend la vision floue à toutes les distances. Les lettres et/ou les lignes sont déformées. Elle est souvent présente dès la naissance, parfois associé à la myopie ou à l’hypermétropie. En tout cas, les signes d’alerte restent la difficulté à distinguer les formes, la fatigue oculaire, et les maux de tête.

On a aussi le strabisme. C’est la déviation d’un ou des deux yeux qui louchent entraînant un défaut d’alignement visuel. Il peut apparaitre dès les premiers mois de vie. Cet œil “part” vers l’intérieur ou l’extérieur, surtout en regardant un objet fixe. Et enfin, l’amblyopie qui est la diminution de la vision d’un œil, souvent liée à un strabisme ou une forte différence de réfraction entre les deux yeux, et qui se développe entre 0 à 7 ans. L’enfant utilise davantage un œil que l’autre, tourne la tête pour voir et manque de coordination.

Quels signes ou comportements doivent alerter les parents sur un possible problème de vision chez leur enfant ?


Les signes d’alerte évocateurs de troubles de la vision chez l’enfant classés selon l’âge de l’enfant et les comportements ou manifestations qui doivent alerter les parents pour un problème visuel chez l’enfant sont les suivants. En cas de présence de l’un de ces signes, les parents doivent automatiquement se dire que leur enfant a un problème visuel. Par exemple, l’absence de fixation ou de poursuite des objets à partir de 2 à 3 mois, l’enfant qui louche avec un œil dévié persistant après 4 à 6 mois, le manque de réaction de l’enfant en voyant le visage des parents ou aux dessins colorés. On peut citer également un nystagmus ou mouvements rapides et involontaires des yeux, la difficulté à suivre une source lumineuse ou à réagir à la lumière. Il y a encore le torticolis compensateur. C’est quand l’enfant a tendance à tourner la tête pour mieux voir. Il y a l’aspe chez l’enfant d’âge préscolaire, 2 à 6 ans. dès que les parents suspectent les différents signes évoqués, il faut agir vite.

Et parmi ces signes ?


Si l’enfant a tendance à se rapprocher très près des objets, livres, télévision ; s’il plisse souvent ses yeux ou il fronce ses sourcils pour regarder de loin ; s’il cligne fréquemment, ou il frotte ses yeux, ou bien il est gêné par la lumière (photophobie), ou bien s’il présente des maladresses motrices, c’est-à-dire s’il se heurte fréquemment contre les objets, ou s’il tombe souvent, ou s’il a des difficultés à attraper les objets.
Parmi les signes de problèmes visuels, l’enfant peut avoir du mal à centrer les dessins suivre les lignes en écrivant. Il dépasse souvent les lignes. Si l’enfant invente ou devine les images plutôt que de les voir ; s’il présente des difficultés scolaires inexpliquées par exemple, lecture lente, saute des lignes, se plaint de fatigue visuelle ; s’il accuse des maux de tête après lecture ou travail prolongé, s’il voit double, ou des lettres qui bougent ; s’il cligne ou fait un plissement ou ferme un œil pour lire, il faut consulter un spécialiste.

Quelles sont les principales causes ou facteurs de risque des troubles visuels infantiles ?


Les principales causes et les facteurs de risque des troubles visuels chez l’enfant sont nombreux. Elles peuvent être héréditaires, acquises ou génétiques. Certains troubles visuels sont souvent d’origine familiale, par exemple, la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme, souvent présents chez plusieurs membres d’une même famille. Le strabisme encore appelé les yeux déviés ou qui louchent et l’amblyopie ou encore appelé œil paresseux sont fréquemment héréditaires. Il y a aussi les maladies oculaires congénitales que l’enfant naisse avec, comme la cataracte congénitale, le glaucome congénital, l’albinisme oculaire (les albinos).

Certains facteurs comportementaux ou environnementaux peuvent favoriser ou aggraver des troubles visuels. On peut citer ainsi l’utilisation abusive ou en excès des écrans et le manque d’exposition à la lumière naturelle peuvent favoriser la myopie. La lecture prolongée ou trop proche, la mauvaise posture, ou l’éclairage insuffisant aussi. Il y a en outre le manque d’activité en plein air, facteur protecteur reconnu contre la myopie, on peut ensuite mentionner les traumatismes oculaires (chocs, objets, jeux dangereux), et les infections oculaires à répétitions telles que les conjonctivites non traitées.

Quel rôle jouent les écrans (téléphones, tablettes, télévision) dans l’apparition ou l’aggravation des troubles visuels chez les jeunes ?


Les écrans, tablettes, smartphones, ordinateurs, télévisions, entre autres jouent un rôle important dans l’apparition ou l’aggravation des troubles visuels chez l’enfant. Ce rôle est indirect et multifactoriel. Par exemple la fatigue visuelle ou asthénopie est liée à l’usage prolongé des écrans et cela sollicite en permanence l’accommodation (mise au point de l’œil) et la convergence (coordination des deux yeux). L’usage des écrans peut aussi engendrer un manque de clignement. On cligne environ 5 fois moins devant un écran et cela entraîne une sécheresse oculaire et des sensations de picotement, de brûlure ou de vision floue. La lumière bleue des écrans peut accentuer la gêne visuelle et perturber le rythme veille-sommeil. Tous ces facteurs peuvent entrainer les signes suivants, yeux rouges, maux de tête, vision trouble, baisse de concentration. Plus l’enfant passe beaucoup de temps sur les écrans et moins il joue dehors, donc il a une forte chance de devenir myope.

Quels conseils pratiques donneriez-vous aux parents pour protéger et entretenir la santé visuelle de leurs enfants ?


Il faut tout d’abord sensibiliser les parents sur le rôle essentiel que joue la vision dans le développement global de l’enfant, son apprentissage et sa socialisation. Préserver une bonne santé visuelle dès le plus jeune âge est donc primordial. Pour les parents, il faut faire un suivi régulier de la vue de l’enfant. Il faut effectuer un premier contrôle dès la naissance (pédiatre), puis à 9 mois, et entre 2 et 3 ans, avant l’entrée à l’école et ensuite tous les 2 ans.


Il faut rapidement consulter un spécialiste en cas de signes d’alerte, notamment pour l’enfant qui s’approche trop des objets, plisse les yeux, se frotte souvent les yeux, se plaint de maux de tête ou a du mal à lire. Il faut protéger les yeux de l’enfant du soleil. Il faut que l’enfant porte des lunettes de soleil adaptées filtrant 100 % des UV dès les premiers mois lors des activités extérieures. Éviter l’exposition prolongée des enfants au soleil, entre 11h et 15h.

Commentaires