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"Les travaux d’El-maarouf vont commencer d’ici deux mois", a déclaré la ministre de la Santé

"Les travaux d’El-maarouf vont commencer d’ici deux mois", a déclaré la ministre de la Santé

Santé | -   Abouhariat Said Abdallah

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Dans cette interview accordée à Al-watwan, la ministre de la Santé,Rashid Mohamed Mbaraka Fatma, a abordé le problème de spécialistes dans les hôpitaux, les avancées sur la couverture sanitaire universelle, ainsi que la question de la lutte contre le paludisme. Au sujet de la représentativité des femmes aux postes électives et de prise de décision, elle estime qu’il est temps que la femme comorienne adhère aux partis politiques et prenne le leadership au lieu de soutenir les hommes.

Le gouvernement vient de lancer le chantier de la construction du centre hospitalier universitaire El-maarouf d’un montant de près de 27 milliards pour une durée de trois ans. Quand est-ce que les travaux  vont démarrer?


C’est le projet phare du chef de l’Etat, la construction du centre hospitalier universitaire d’El-maarouf qui sera un centre de référence. Nous avons déjà signé le contrat avec une société chinoise, dans deux mois, nous comptons démarrer le chantier.


La question de l’absence de spécialistes dans certains domaines est toujours à l’ordre du jour. Pensez-vous que d’ici trois ans, nous pourrons disposer des moyens humains et matériels pour cet hôpital ?


Avant de lancer l’appel d’offres et signer le contrat, un travail préalable a été réalisé. Un plan national de ressources humaines a été validé ainsi qu’un plan de formation pour préparer l’équipe car nous voulons que ce soit les nationaux qui travaillent dans cet hôpital. Nous souhaitons qu’en trois ans tout soit prêt. D’ici l’année prochaine nous allons commencer à programmer les promotions des spécialités. Un calendrier est déjà établi pour chaque spécialité et les paramédicaux. C’est un Centre hospitalier universitaire(Chu), on a besoin de la maintenance. Tout a été pris en compte avant d’avoir l’idée de construire le Chu. Un hôpital a besoin de spécialistes. Pour l’instant on a des jeunes médecins généralistes et c’est une opportunité de les encourager à se spécialiser.


Il y a peu, un manque criant de spécialistes à Bambao Mtsanga était évoqué, où en est-on désormais ?


 Nous avons fait un programme national des ressources humaines validé, et chaque hôpital aura son quota. Bambao Mtsanga, a été ouvert progressivement, la priorité  a été mis dans cinq services, les urgences, l’imagerie, l’Orl, la stomatologie et le laboratoire. Mais le comorien n’a pas compris et tout le monde désertait les autres hôpitaux pour se rendre là-bas, c’est pour cela qu’on parle de problème de spécialité. On est parti à Ndzuwani et essayé de trouver un consensus de vacation pour rendre ces spécialités opérationnelles. Au bout de six mois on va évaluer ce processus afin de ne pas pénaliser les autres structures mais surtout ne pas frustrer les patients.


Le gouvernement a mis en marche le projet de la couverture sanitaire universelle. Quelles sont les personnes concernées par cette couverture et d’où proviendront les fonds qui vont la couvrir de manière à la pérenniser ?


 Le président s’est fixé comme prioritéde donner à la population des soins de santé de qualité à tous les niveaux de la pyramide, depuis la santé communautaire aux districts et postes de santé ainsi qu’aux pôles. La loi sur la santé a été promulguée le 5 octobre 2017 et le 4 décembre j’ai signé un arrêté pour mettre en place le comité technique multisectoriel. Il regroupe en son sein des experts nationaux tous domaines confondus, les pharmaciens, l’hôpital El-maarouf, la caisse de prévoyance et celle de retraite, la fédération des consommateurs et le secteur privé. Ce comité technique avait pour mission la mise en place des assurances, l’organe gestionnaire et une feuille de route. Il faut d’abord améliorer le plateau technique, préparer le terrain, avoir des hôpitaux qui ont les structures appropriées, recruter et redéployer des ressources humaines en santé pour avoir accès aux soins de qualité. Il faut que les gens qui sont en dehors de Moroni bénéficient de cette assurance médicale et à la longue de la couverture sanitaire. La révision de la carte sanitaire est en cours car on doit recadrer nos structures sanitaires pour que chaque village ne mette en tête qu’il veut construire un  hôpital. Nous avons également mis à jour le code de la santé et nous allons préparer la loi pour l’envoyer à l’Assemblée. Cette couverture sanitaire universelle c’est tout un chantier.


Et le financement ?


 Nous avons demandé à nos partenaires traditionnels pour essayer de voir comment on va travailler pour le financement. Le comité technique s’est attelé à cette tâche, et l’Afd nous a envoyé un expert dans un premier temps pour voir la faisabilité, après cette étape, nous allons évaluer le panier de santé dans lequel nous espérons travailler. L’Oms va nous accompagner également. Elle nous a envoyé un expert qui nous a fourni les grandes orientations, que nos experts vont suivre pour voir comment avoir le financement afin d’éviter le souci de rupture.


Des pharmacies et cabinets de consultation privés naissent comme des champignons dans notre pays. Certains parmi eux ne répondent aucunement aux normes. Votre ministère a fermé certaines pharmacies, mais ces dernières ont ré-ouvert contre votre gré ? Comment comptez-vous faire respecter la loi dans ce domaine ?


 (Rire…) C’est une question pertinente. En effet, notre inspection a procédé à la fermeture de certaines pharmacies et ça n’a pas été respecté. Comme je vous l’ai dit, nous avons fini la révision du code de la santé et la loi va partir au niveau de l’Assemblée. Je crois qu’une fois qu’il yaura un document d’appui eux-mêmes vont s’aligner. Les Comoriens vont comprendre, il n’y aura pas de pression politique ni de copinage.  


Notre pays est primé à plusieurs reprises dans la région pour ses efforts dans l’élimination du paludisme, toutefois, les données du Programme national de lutte contre le paludisme indiquent qu’il est impossible de parler d’élimination du paludisme avec la tendance actuelle. Comment comptez-vous agir pour renverser cette tendance ?


 Le chef de l’Etat fait de la lutte contre le paludisme une priorité nationale. Les partenaires ont renouvelé leur engagement pour nous accompagner dans notre action pour l’élimination du palu d’ici 2020. Le gouvernement comorien avec nos partenaires techniques et financiers a pris des engagements forts pour la mobilisation des ressources pour faire face au défi et lutter contre le paludisme. Des efforts ont été déployés avec la gratuité du traitement, le diagnostic et les moustiquaires imprégnés. Au niveau des autres îles, le traitement a été respecté, le problème s’est posé à Ngazidja, où les gens qui y vivent n’étaient pas disciplinés au traitement, raison pour laquelle la chaine de contamination n’a pas été stoppée. Maintenant on est entrain de faire une mobilisation de la population dans les îles afin de voir comment venir à bout de la chaine de transmission. Le gouvernement comorien a fait un plaidoyer auprès de la République populaire de Chine, et cette dernière est d’accord pour un traitement de masse, avec un accent sur la sensibilisation. Après cette campagne, il yaura le traitement de masse plus le renforcement de lutte contre l’anti vectoriel. D’ici 2019 le chantier va commencer.

Les cas des viols continuent à prendre de l’ampleur. Quelles sont les mesures prises pour la prise en charge des victimes souvent abandonnées à elles-mêmes.
Ce problème est délicat alors qu’il y a eu beaucoup d’avancées au niveau des commissariats. Mais le viol reste encore un sujet tabou. On a mis en place les juges forains,qui se déplacent voir ces gens pour essayer de régler le problème à proximité. Une équipe de soutien psychologique et médicale appuyée par l’Unicef et nos partenaires traditionnels est également mis en place et est opérationnel.

 


Mde sert d’annexe à El-maarouf alors que son infrastructure, de l’avis de certains spécialistes et d’une tranche de la population, ne répond pas aux besoins et aux normes, pourquoi ce choix alors que d’autres centres, comme l’hôpital de Samba Nkuni, pouvaient régler ce problème?


 C’est un problème de capacité. On a délocalisé certains services, tout n’est pas parti à Mde. A Samba Nkuni, nous avons la pneumologie, les urgences, la gynécologie et tout ce qui est relatif à la maternité. A Mde, nous avons eu ce local et on a pu installer deux services de médecine qu’on ne pouvait pas avoir à Samba, un service de cardiologie, la médecine interne et d’autres pathologies et hospitalisation. On a même pu avoir une clinique adulte, de même qu’un local pour la kinésithérapie.


La représentativité des femmes aux postes électives et/ou nominatives reste très faible, alors que la loi Hadjira est toujours dans les tiroirs du chef de l’Etat attendant d’être promulguée. En tant que femme qu’en pensez-vous ?


Le chef de l’Etat nous accompagne et nous soutient dans l’égalité et l’équité du genre. Il nous appartient, à nous les femmes d’adhérer dans les partis politiques. C’est vrai la femme comorienne milite, mais elle soutient, elle ne prend pas le leadership. Je pense qu’il est temps que la femme comorienne s’approprie la politique.


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