Dans le rapport de la situation épidémiologique du choléra du 25 mars dernier, les autorités de santé déplorent "l’expulsion du local des agents pour la surveillance aux points d’entrée au niveau du port de Ngazidja", et "le refus de la mise en place des directions de lutte contre la maladie au niveau de l’aéroport de Ngazidja par la direction". Des accusations jugées infondées par les autorités aéroportuaires de Ngazidja qui, à tour de rôle, ont exprimé leur engagement à lutter contre l’épidémie de choléra, en cours dans le pays depuis février dernier.
Contacté en premier à ce sujet, le directeur général des Aéroports des Comores (Adc), Mamoune Chakira, a déclaré que "cette information est complètement fausse". Selon lui, l’ensemble du personnel de l'Aéroport de Hahaya s'est mis à la disposition des services de santé dès les premiers jours. "J'ai moi-même rencontré le directeur général de la Santé au début de l'épidémie pour lui assurer de notre disponibilité", a-t-il assuré. Il a ensuite fait savoir que les équipes des directions de lutte contre la maladie (Dlm) sont mises en place depuis et qu’ils leur ont délivré des titres d’accès provisoires la première semaine et définitifs la semaine suivante.
Le directeur d’Adc nous a en effet accordé une visite guidée par la directrice de l’aéroport de Ngazidja, Younoussa Hafsoit. Selon cette dernière, "les agents de santé sont venus avec les sceaux dans les quelques jours qui ont suivi. Depuis, on ne les a plus revus". Elle a précisé qu’aucun problème ne leur a été signalé, qui puisse justifier leur absence. Mamoune Chakira estime de son côté qu’il appartient aux autorités de santé de "justifier ou corriger leurs propos", et réitéré l’engagement de son équipe dans cette lutte.
16 décès enregistrés
Pour ce qui est du port de Ngazidja, le directeur des lieux, Fahari Ibrahim, a expliqué qu’il s’agit d’un malentendu. "Depuis des années, ces équipes sont ici en permanence, car on leur a donné une salle. Cependant, comme nos agents exercent un métier un peu risqué notamment pour la décharge des containers, on a eu l’idée de nous doter d’un dispensaire. Ainsi, en cas d’accident, l’agent peut bénéficier des soins primaires en attendant son transfert vers le centre de santé le plus proche", a-t-il expliqué. Il a indiqué qu’il n’y a pas longtemps, il a adressé une lettre au directeur général de la Santé pour l’aviser qu’ils auront besoin d’utiliser la salle. Et d’ajouter qu’ils ont mis à leur disposition un container conçu pour abriter des bureaux acquis par donation du Pnud, mais ils refusaient de déménager. "On ne les a pas expulsé mais avons juste pris notre salle et leur avons proposé le container", a soutenu Fahari Ibrahim.
Après s’être entretenu avec les autorités aéroportuaires de Ngazidja, Al-watwan a essayé de joindre à plusieurs reprises le directeur général de la Santé, Dr Saindou Ben Ali Mbaé pour avoir sa version, mais ce dernier n’a pas donné suite à nos appels, encore moins aux messages envoyés sur WhatsApp. Pourtant, l’épidémie de choléra n’a pas cessé de causer des ravages dans le pays. A ce jour, 16 décès sont à déplorer, dont des enfants. Selon le rapport épidémiologique en date du 28 mars, les autorités de santé font état de 40 cas actifs dont 18 à Ngazidja, 14 à Ndzuani et 8 à Mwali.