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Malades mentaux I Des conséquences alarmantes sur la santé des concernés et la sécurité publique

Malades mentaux I Des conséquences alarmantes sur la santé des concernés et la sécurité publique

Santé | -   Nourina Abdoul-Djabar

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Alors que l’île de Ndzuani dispose de chiffres précis, les autres régions du pays souffrent d’un manque d’informations. L’absence d’un plan national de santé mentale et de mesures de protection adéquates expose les patients à des risques pour leur santé et font peser sur la société une insécurité permanente.

 

Aux Comores, il n’existe pas de statistiques officielles concernant les maladies mentales. « Il n’y a aucune base de données nationale. Et même le canevas utilisé sur le terrain actuellement est à améliorer», souligne le docteur Soifiat Soibahou, responsable de santé mentale à la Direction régionale de la santé. Elle nous confie toutefois en avoir fait la remarque à la Direction de l´information et des statistiques sanitaires (Diss) afin qu’ « elle revoie les indicateurs à identifier pour le recueil des données».
La problématique de la santé mentale semble toutefois prise au sérieux à Ndzuani où les acteurs tentent de mieux s’organiser. Ici, contrairement à Ngazidja, l’on connait des chiffres précis. « Anjouan est l’île qui travaille le plus sur la question de la santé mentale.

En 2010 elle a enregistré 1 091 cas de malades mentaux, 2 597 en 2022 et 2 890 en 2023 », nous détaille Ankidy Bourhane, référent en santé mentale à la Direction de la lutte contre la maladie. Plus précisément, l’île compterait 30 % de schizophrénie, 27 % de dépression mentale, 15 % de névrose et 13 cas de suicide.Les statistiques de Ngazidja, nous n’avons pas pu les avoir pour d’autres motif. Pour Mwali, depuis que le référent insulaire est décédé il y a 7 ans, il n’y a eu aucun remplaçant. Le service a toutefois été rétabli depuis moins d’un mois. Néanmoins, il n’y a «aucun chiffre».

«30 % de schizophrénie, 27 %de dépression mentale,15 % de névrose et 13 cas de suicide»

Il semble qu’un plan national de la santé mentale, soutenu techniquement et financièrement par l’Organisation mondiale de la santé, soit en pleine élaboration. Mais en attendant, disons que les malades mentaux sont livrés à eux-mêmes, avec tous les risques que cela fait courir à leur propre santé ainsi qu’à la sécurité publique.
Sur le plan sanitaire, plus le temps passe, plus la maladie peut s’empirer.«Le premier danger est de voir leur état empirer et affecter leur vie et celle de leur entourage. L’autre danger est l’apparition de comorbidités [maladies, troubles qui viennent s’ajouter au trouble initial], qui vont compliquer encore plus le diagnostic. Enfin, certaines pathologies, lorsqu’elles ne sont pas ou mal prises en charge, peuvent pousser la personne à avoir des conduites dangereuses, à consommer des substances et dans le pire des cas à faire des tentatives de suicide », explique le docteur Hanan Mohamed Hassan, psychologue.


Au niveau social et sécuritaire, ces «fous», comme on a tendance à les appeler, ont déjà, à maintes reprises, provoqué des drames. Comme en ont témoigné, il y a quelques années, les cas tragiques d’une femme violemment agressée à Ndzuani, ou d’un enfant frappé à mort à Moroni, par des malades mentaux. Il semble que, dans ces situations, «le tuteur du malade est responsable des dommages causés par ce dernier», même si, dans la réalité, les accidents causés par ces gens sont généralement considérés comme des événements malheureux sans véritable responsable.Pourtant, à en croire Moussa Ahmada Farahati, juriste, «les malades mentaux ont les mêmes droits que le reste de la population». «La loi prévoit ainsi des mesures de protection, telles que la mise sous tutelle ou curatelle, pour les personnes atteintes de maladies mentales», explique-t-elle.

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