“J’avais des douleurs au niveau du sein gauche, mais pas des douleurs insupportables au début. Ma première consultation, le médecin m’a dit que je n’ai absolument rien. Au bout de quelques jours, j’avais comme une espèce de bouton à côté du mamelon. Ensuite, il s’est transformé en plaie. Il s’enfonçait dans mon sein et ça prenait une allure étrange. Je suis allée voir un autre médecin, docteur Naylati m’a fait comprendre que c’est cutané. Elle m’a donné un traitement basique à base de Bétadine. Après docteur Naylati m’a proposé la mammographie et j’aimerai souligner ici son professionnalisme. Cette dernière n’a rien donné non plus vu que le médecin s’était basé sur les données du précédent. On m’a prescrit un autre traitement qui n’a malheureusement pas fonctionné non plus. De-là, on m’a recommandé un prélèvement chez docteur Halifa.
Découverte de la maladie
Mon mari est parti récupérer les résultats. Ensuite, il m’a annoncé la mauvaise nouvelle que j’ai une tumeur, le cancer du mamelon. C’était très dur ! Pour moi la notion de cancer c’est la mort. Je venais de perdre un enfant, mon esprit se disait que c’était mon tour d’aller le rejoindre. J’avais perdu la parole, la boule au ventre et le nœud dans l’estomac.
Je remercie Dieu parce que j’ai eu la chance d’être bien entourée, mon mari, ma famille et mon travail à l’alliance française m’ont permis d’entamer les procédures très rapidement. Malgré mon incapacité, les choses sont allées très vite. Je suis allée en France. Puis, je suis entrée dans une très longue bataille qui a duré deux ans de 2017 à 2019 dont un an de chimiothérapie et deux interventions chirurgicales en plus d’une radiothérapie. Il s’agit de traitements très lourds donc il faut être fort.
La foi m’a fait être dans l’acceptation. Au début j’étais sous le choc, après je me suis focalisée sur la maladie et à la fin j’ai accepté la maladie. Pour une femme, on voit ses cheveux partir, ses cils, ses ongles, les choses qui constituent sa féminité. J’ai eu un très bon accompagnement de la part du personnel hospitalier ainsi que de ma famille. Malheureusement la chimio affaiblit parce qu’elle ne cible pas que les mauvaises cellules ce qui fait perdre les défenses et fragilise la personne.
Ma force ? La foi en Dieu
Il suffit d’une petite grippe pour aggraver la situation. On est affaibli moralement et physiquement. Ma seule chance est due au fait que je me suis fait diagnostiquer très tôt. Le dépistage m’a sauvé la vie. C’est très important d’écouter le personnel hospitalier. Au départ, je ne parlais pas de la maladie parce que je voulais m’occuper de moi-même et me centrer sur ce que je vivais et ne pas attirer la curiosité des gens pour que cela ne me déstbilise pas. Je sais qu’on n’est pas à l’abri de moqueries dans ce genre de situation. Aujourd’hui je trouve ça égoïste de ma part de ne pas en parler, peut-être que mon témoignage va permettre à d’autres femmes de prendre leur courage à deux mains et d’aller se faire dépister. Au nom de toutes les personnes qui sont parties à cause de cette maladie, je me dois de me battre et d’en parler parce que j’ai la chance d’être là”
Propos recueillis par
Nourina Abdouldjabar