À Mwali, la lutte contre le diabète se poursuit avec une nouvelle session de formation destinée aux pairs éducateurs. Organisée par l’organisation non gouvernementale Santé diabète, en partenariat avec la Maison de prévention de Mohéli, cette session de cinq jours, qui se tient du 5 au 9 mai, vise à renforcer les compétences d’acteurs clés engagés sur le terrain. Neuf participants issus de l’île y prennent part, venus pour «apprendre, partager et mieux accompagner les personnes vivant avec le diabète ou exposées à ses risques».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les données recueillies par Santé diabète en mai 2024, lors de campagnes de dépistage, 1 313 personnes ont été dépistées dans l’île. Parmi elles, 140 nouveaux cas de diabète probable ont été détectés, ainsi que 323 cas d’hypertension. Lors de la Journée mondiale du diabète en novembre 2024, sur 439 personnes dépistées, 74 présentaient une hyperglycémie et 20 souffraient d’hypertension artérielle, dont 14 cas de diabète déjà connus.
30 pairs éducateurs formés dans le pays
Mais au-delà des chiffres, c’est la perception même de la maladie qui freine les efforts. «Ici, les gens n’aiment pas dévoiler leur statut. La maladie reste très taboue. Aux Comores, les gens associent encore le diabète à la mort », confie un responsable local. Ce rejet, nourri par la peur et le manque d’information, isole les malades et retarde leur prise en charge.
C’est précisément là que les pairs éducateurs jouent un rôle essentiel. Formés et souvent eux-mêmes concernés par la maladie , ils mènent des actions de sensibilisation, d’écoute et de conseil au sein des communautés. « Grâce à leur expérience, ils parviennent à instaurer un climat de confiance avec les autres patients. Et ça change tout», explique Moïse Nguemeni.
Depuis 2021, plus de 30 pairs éducateurs ont été formés dans le pays. La session de Mwali s’inscrit dans une série de formations et de recyclage visant à améliorer la qualité des interventions sur le terrain. L’approche adoptée est à la fois pratique et humaine. En plus de renforcer les connaissances médicales sur le diabète et ses facteurs de risque, la formation abordera ce vendredi des aspects plus sociaux et émotionnels de la maladie, à travers une initiation aux « humanités en santé ».
Said Ahmed, infirmier à l’hôpital de Fomboni, témoigne : «Les formations de Santé diabète ont changé ma façon de voir et de faire les choses. Avant, je recevais des patients lorsque leur état était déjà critique, ce qui compliquait leur orientation. Maintenant, je sais comment les accompagner dès le début, comment les guider.»
Les pairs éducateurs bénéficient de supervisions régulières, animent des séances dans les villages et jouent un rôle de relais de confiance pour briser les tabous et encourager le dépistage précoce.