L’usage des plantes médicinales continue de séduire de nombreuses personnes en quête de guérison aux multiples maladies qui frappent nos populations au quotidien. Pourtant, ce recours ancestral n’est pas sans danger. C’est ce que rappellent plusieurs spécialistes du domaine, qui alertent sur les effets indésirables que peuvent provoquer certaines plantes, notamment en cas de consommation excessive ou d’usage inapproprié. Pour Idrisse Saïd Ali, spécialiste de la médecine traditionnelle et chercheur en plantes aquatiques, la question est complexe. «Plusieurs plantes sont considérées comme des médicaments, mais nous ne pouvons pas toutes les citer», affirme-t-il d’abord. Il évoque notamment le manguier, l’aloe vera, le framboisier ou encore les feuilles de thé, qui font partie des plus utilisées.
Toutefois, il insiste sur la nécessité d’un accompagnement par des professionnels compétents. «Le problème se pose lorsque l’on souhaite utiliser un médicament sans avoir consulté un médecin au préalable pour connaître les effets secondaires. Les doses dépendent non seulement des maladies, mais aussi de facteurs comme l’épaisseur des feuilles», explique le spécialiste. Selon ce dernier, il y a des différences notables entre les plantes fraîches et séchées, dont les propriétés varient. Il met aussi en garde contre la consommation de végétaux laissés à l’air libre trop longtemps, car «les plantes peuvent aussi être porteuses de maladies».
Un témoignage édifiant
Le récit d’un homme ayant fait les frais d’un usage incontrôlé de plantes médicinales illustre les propos des experts. Voulant perdre du ventre rapidement, il a consommé un bol d’un kilo de plantes sur les conseils d’un ami. «Après quelques semaines, j’ai commencé à me sentir très faible, à perdre beaucoup de poids, et même les gens m’en ont fait la remarque», confie-t-il. Aujourd’hui, il est épuisé, cloué au lit, dépendant des autres pour ses besoins quotidiens. Un voisin à lui confirme la gravité de la situation : «Cette plante est certes reconnue par beaucoup, mais selon les spécialistes, il ne faut en consommer qu’une tasse de café. Lui en a pris bien plus, ce qui l’a rendu aussi faible qu’un vieillard. Il ne peut même plus sortir.»
Ces témoignages relancent le débat sur la place de la médecine traditionnelle dans le système de santé. Si elle peut être complémentaire à la médecine moderne, son efficacité ne saurait justifier une utilisation anarchique. Les spécialistes appellent à «une meilleure éducation des usagers», à la «reconnaissance des praticiens qualifiés» et à «une régulation rigoureuse de la vente et de la préparation des remèdes traditionnels».
Touma Said