Quelques jours après la publication du rapport d’enquête de l’Agence nationale des médicaments et des évacuations sanitaires (Anamev), alertant la population et les autorités sur “le trafic des médicaments contrefaits”, Al-watwan est allé hier à la rencontre du docteur Mohamed Moundhirou Djoubeiri, néphrologue, chef du service de dialyse au Chn El-Maarouf pour expliquer sur les conséquences du phénomène.
Connaissant le problème, le médecin dévoile, types de médicaments qui peuvent être la cause de décès. “Ce phénomène est réel et il est temps de poser le débat. On a différents types de médicaments : ceux qui entrent illégalement et qu’on achète n’importe où, les faux médicaments, c’est-à-dire non certifiés et en dernier, le plus dangereux, les médicaments vendus par des commerçants venus de Dar es Salam ou Madagascar à un ami pharmacien ou un responsable voire même dans une clinique privée. Quand on regarde l’emballage, tu as l’impression qu’il s’agit d’une vraie marque mais, au final, c’est une contrefaçon”, explique le néphrologue.
Les personnes âgées entre 20 et 45 ans
Les patients qui prennent de faux médicaments ont aussi un risque élevé de développer “une insuffisance rénale”. La maladie touche les personnes âgées entre 20 et 45 ans. Il y a aussi des problèmes gastriques qui peuvent toucher les patients qui prennent ces médicaments contrefaits. Le chef du service de dialyse signale que la situation est critique. Le médicament Ibucap a été cité en exemple. “L’Ibucap tue les reins à petit feu mais pas que. Les médicaments traditionnels en font également partie du lot”.
D’après le médecin, 70% de ses patients souffrent “d’une insuffisance rénale aiguë causée par les deux types de médicaments vendus illégalement aux Comores”, précise le médecin. Aucune étude, à notre connaissance, n’a été menée pour évaluer l’ampleur des conséquences de l’sage des médicaments contrefaits. “Il n’y a pas de données nationales parce qu’il n’y a pas d’enregistrement dans le pays. Ça peut se faire à partir d’une enquête menée sur le terrain et jusqu’alors ça n’a pas été faite”, regrette le docteur Moundhirou Djoubeiri. “Nous dévons rapidement prendre en considération ce qui se passe, je le dis parce que je le vis tous les jours, il est temps que chacun prenne ses responsabilités”, insiste-t-il.
Mohamed Moundhir Djoubeiri propose une grande campagne de sensibilisation pour bannir la culture de l’automédication. “Il faut éviter d’acheter les médicaments au marché, dans une boutique ou prendre des médicaments sans aucune consultation médicale”, conseille le médecin.Il demande aux hôpitaux, aux pharmacies, aux cliniques, entre autres, “de respecter la déontologie, vérifier l’origine des médicaments qu’ils prescrivent à leurs patients”. Le médecin exhorte l’Etat a travers l’Anamev et la douane, à “faciliter une collaboration entre les services concernés pour mieux lutter contre les médicaments contrefaits.
Si les agents de la douane n’ont pas les moyens de reconnaitre un vrai ou un faux médicament, l’Anamev peut placer un agent aux frontières ou pourquoi pas des agents de santé à déployer dans les centres douaniers…”, propose le médecin.Malgré ce cri d’alarme lancé il y a quelques jours par l’Anamev sur la vente de médicaments contrefaits dans différents points cités dans leur rapport, aucun contrôle n’a été fait sur le terrain. La vente de ces médicaments contrefaits se poursuit encore dans les marchés et dans les épiceries. Aucune réaction des autorités compétentes, le ministère de la santé, notamment.
Nourina Abdoul-Djabar