Devant le siège du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), à Moroni, une file importante de patients attend d’effectuer des analyses de dépistage de la terrible malaria. Nous sommes lundi 20 janvier, en milieu de matinée. La procession de gens semble à première vue impressionnante, mais très vite un responsable des lieux nous expliquera que cette fréquentation reste bien inférieure à celle observée en décembre dernier, période marquée par un afflux encore plus massif de patients.
Et pour faire face à cette situation, le Pnlp a renforcé sa stratégie de traitement de masse durant tout le mois de décembre. L’épidémiologiste et responsable de la prise en charge au sein du Programme, Said Abdoulhak Allaoui, a en effet confirmé qu’un pic de paludisme a été enregistré en fin d’année 2024.
55 000 cas positifs
« Plus de 200 personnes étaient dépistées quotidiennement, et environ 55 000 cas positifs ont été recensés au niveau national. Actuellement, la fréquentation a diminué et nous enregistrons entre 40 et 50 cas par jour », a-t-il expliqué.Ce recul du nombre de cas ne signifie pas pour autant la fin des défis, car en dépit de la gratuité des médicaments et des analyses, des fraudes auraient été signalées dans certains postes de santé. Des agents malveillants feraient payer ces services aux patients. Face à cette situation, Said Abdoulhak Allaoui a indiqué que des envoyés spéciaux sont déployés dans les différents districts pour surveiller ces abus. « Si nous attrapons des fraudeurs, ils seront rigoureusement sanctionnés par la loi. Nous n’hésiterons pas à porter plainte pour abus de confiance », a-t-il averti.
Les Comores étant classées parmi les pays d’endémie palustre, la stratégie de lutte repose sur le traitement de masse et la formation des agents communautaires. Dr Hadjira Abdullatif, coordinatrice du Pnlp, a lancé un appel à la population pour qu’elle adhère aux campagnes de pulvérisation et aux traitements préventifs. « Nous rencontrons encore des difficultés lors des pulvérisations intra-domiciliaires, notamment dans des villages comme Dembeni, Ntsoudjini, Mbeni et Dzahani Tsidjé. Pourtant, ces localités enregistrent un grand nombre de cas. Comment éliminer le paludisme à Ngazidja si la population ne collabore pas ? », s’est-elle interrogée. Elle a toutefois salué la collaboration entre la cellule de coordination et les postes de santé, ce qui permet au programme de fournir les intrants nécessaires, tels que le matériel de diagnostic et les médicaments distribués gratuitement pour la prévention et le traitement.