En 2014, il n’y avait pratiquement plus de cas de paludisme dans l’île. Mais voici qu’à la fin de la première décade d’août 2018, l’on se retrouve déjà avec 56 cas. L’on est néanmoins encore loin des 10.000 cas enregistrés à cette même période à Ngazidja. La bonne nouvelle (dans la mauvaise) reste que tous les cas recensés à Ndzuani ont tous été importés. Car heureusement, depuis 2012, l’île n’a pas encore renoué avec le «palu strictement local». Autrement dit, il n’y a plus de cas de paludisme à Ndzuani, à en croire le dernier rapport statistique du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), communiqué aux médias à Ndzuani le 9 août dernier. Mais pour encore combien de temps ? Telle est la question.
Cette question d’un éventuel retour de la terrible maladie dans les foyers anjouanais donne des sueurs froides aux responsables nationaux, et surtout régionaux du Pnlp. Et pour cause ! «Nous savons tous que le paludisme est une maladie qui touchait pratiquement tout le monde dans notre pays, avec ses conséquences sur l’espérance de vie des citoyens, leur économie et leurs relations sociales. Nous avons pu l’éliminer à Ndzuani. Mais ce que les gens doivent encore savoir, c’est que si elle y réapparaissait, elle serait encore plus virulente, car la population locale a pratiquement perdu son immunité contre elle. Ce n’est pas tout : comme nous avons cru l’avoir éliminée, notre approvisionnement pharmaceutique n’inclut plus des médicaments antipaludiques. Mais pire encore, les enfants nés après 2012, qui n’ont donc pas connu la maladie, pourraient mourir à la première transmission», répète souvent aux journalistes le point focal du Pnlp à Ndzuani, Dr Abdalli Mari.
C’est donc pour toutes ces raisons que, depuis plusieurs mois, la coordination du Pnpl au niveau de Ndzuani et son point focal essaient de se mettre au pas par rapport à la stratégie nationale de lutte contre le paludisme, actuellement largement basée sur la communication de masse. En effet, le Pnlp estime que sur le plan technique, tout ou presque a été fait, du traitement de masse en 2012 à la distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée (même si leur taux de distribution, 92 %, contraste avec celui de leur utilisation, moins de 50%) jusqu’au dépistage et au traitement gratuit. Selon la coordination du Pnlp à Ndzuani, Il ne resterait donc maintenant qu’à la population d’adopter un comportement responsable favorisant l’arrêt de l’importation de la maladie. Il s’agit surtout d’inciter les voyageurs en provenance de Ngazidja, ou d’un pays étranger où le palu sévit encore, à se faire dépister (et traiter si nécessaire), dès leur arrivée dans l’île.
C’est donc pour arriver à cette prise de conscience que les réunions de concertation en vue d’une sensibilisation régulière de la population sur la nécessité d’en finir avec l’importation de la maladie, sont devenues régulières. Elles mettent chaque mois, autour de la table, les responsables du Pnlp avec ceux des médias de l’île, mais aussi avec les chefs des villages, maires, préfets et leaders associatifs.