Aliya (nom d’emprunt) âgée de 13 ans résidait à Ngazidja avec sa famille. Il y a deux semaines, Aliya faisait la cuisine, une tâche que certaines filles comoriennes apprennent dès le jeune âge. Ce jour-là, Aliya cuisinait avec du réchaud à pétrole, elle a accidentellement renversée du pétrole sur elle et le feu est montée en elle. La jeune fille était brûlée à 85% soit au 3ème degré selon le constat des médecins sur place. Sachant que l’hôpital de référence de Moroni ne dispose pas de moyens pour assurer la prise en charge des personnes brûlées à ce degré, une convention a été signée avec Mayotte pour les évacuations de ce type. Cependant, selon nos informations, cette convention a expiré et n’a pas été renouvelée depuis.
Les promesses s’enchainaient, les jours passaient et le cas de la jeune fille était urgent. Sa famille, la voyant souffrir, a pris la décision de partir à Ndzuani pour faire la traversée vers Mayotte. Une traversée périlleuse dictée par les circonstances. Après deux tentatives infructueuses vers Mayotte, la famille a contacté le lundi 7 novembre l’Ong Actogether représenté par Aida Yahya, et Lee Nossent de l’association Mtsachiwa pour demander de l’aide, “l’implication de chaque comorien, de l’aide matériele ou même au niveau de l’administration”.
Dans la soirée du jeudi 10 novembre, les deux représentants des deux associations ont tenu un point de presse pour présenter le dossier, demander l’aide du gouvernement comorien et de l’ambassade de France. La présidente de l’association Actogether a fait savoir que, “le pronostic vital de la jeune fille était engagée. Son évacuation est urgente. Nous appelons la mobilisation de chacun et chacune d’entre nous précisément le gouvernement et l’ambassade de France à Moroni”, avait alerté Aida Yahya. Suite à ce point de presse, selon Aida Yahya l’ambassade de France à Moroni a contacté l’Ong le vendredi pour l’informer qu’une évacuation pourra être faite de Ndzuani vers Mayotte. Puis de Mayotte vers la France.
Un retard fatal ?
Néanmoins, la situation a pris un autre tournant. “Un membre de la famille dans un coup de panique est parti dans la soirée du vendredi avec l’enfant à l’insu du reste de la famille et coupe tout contact”, explique la présidente de l’Ong Actogether. À noter que durant cette période, la jeune fille se trouvait toujours à Ndzuani sans la prise en charge nécessaire qu’il lui fallait. Le samedi 12 novembre, le media Cmm annoncera son décès dans la matinée. “La jeune fille brûlée, est décédée à bord d’un Kwasa-Kwasa en tentant de partir à Mayotte”, annonçait le média.
À noter que depuis plusieurs années, l’hôpital de Mayotte assure la prise en charge des cas de personnes brûlées des autres îles de l’archipel. D’aucuns, à commencer par l’Ong Actogether, estiment que “ce retard pris pour renouveler la convention a été fatale” pour Aliya, âgée de 13 ans, brûlée à 85%. “Beaucoup de choses ont été faites grâce à cette convention, mais il faut trouver des solutions pour agir vite”, dit Aida Yahya, présidente de l’Ong Actogether devant les caméras de Cmm. On apprend, par ailleurs, que la convention d’évacuation en question serait toujours en vigueur et n’aurait pas besoin de renouvellement. Contacté par Al-Watwan, le Dr Djabir Ibrahim responsable d’Evasan, souligne ainsi qu’à son niveau, la convention est toujours en cours. “À mon niveau, la convention n’a pas expiré.
La preuve, j’évacue toujours des patients via Evasan comme le cas d’une jeune fille de 13 ans brûlée évacuée en France en octobre dernier”. Concernant le cas de la jeune fille décédée lors de la traversée vers Mayotte en Kwasa, le Dr Djabir Ibrahim affirme : “j’avais pris contact avec les médecins de l’hôpital de Mayotte, mais il n’y avait pas de lit disponible à ce moment. Après plusieurs discussions, nous avons eu un accord avec un hôpital français et l’objectif était d’évacuer la jeune fille à Mayotte puis un avion l’attendait pour son évacuation vers la métropole, hélas, les passeurs avait déjà la petite entre leurs mains”, relate le médecin.
Le médecin nous renvoie au ministère de la Santé à propos de l’expiration ou non de la convention, insistant qu’à son niveau, elle est en vigueur. “Ce sont les autorités ministérielles qui signent les conventions, pas moi”, a-t-il insisté. Au ministère de la Santé, le docteur Anfane Bacar, directeur de la coopération sanitaire régionale annonce des démarches visant à valider un projet de coopération beaucoup plus élargi qui devrait prendre en compte ces évacuations sanitaire dans la région. “ Je n’ai pas la date d’expiration exacte de la précédente convention, c’était avant que je prenne le relais. Mais à ma connaissance, il s’agissait d’un projet de coopération qui incluait les évacuations. Actuellement, il y a un nouveau projet en cours qui les inclura certainement”, dit-il.