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Ruwa Mwana I Une caravane pour protéger la vie et les droits des enfants comoriens

Ruwa Mwana I Une caravane pour protéger la vie et les droits des enfants comoriens

Santé | -

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À l’occasion de la Journée mondiale de la poliomyélite, la caravane «Ruwa Mwana» a été lancée ce jeudi 23 octobre 2025 à Moroni et à Mutsamudu. Portée par la Cndhl, Art for Development et le Rotary club de Moroni, cette initiative vise « à briser le cercle de vulnérabilité des enfants comoriens » en promouvant les soins prénatals, les accouchements sécurisés, l’enregistrement des naissances et la vaccination.

 

La caravane «Ruwa Mwana» a pris son départ simultanément, jeudi 23 octobre 2025, à la Pmi de Moroni Mbueni et au Cmu de Mutsamudu. Cet évènement s’inscrivait dans le cadre des activités commémoratives de la Journée mondiale de la poliomyélite organisées par le Rotary club de Moroni, acteur engagé de longue date dans la lutte contre la polio et la promotion de la santé maternelle et infantile.Initiée conjointement par la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (Cndhl) et l’organisation Art for development, avec le soutien financier de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), cette caravane vise à sensibiliser et mobiliser les communautés autour d’un enjeu vital, à savoir l’enregistrement des naissances et la protection de la santé des mères et des enfants.

Quatre piliers essentiels et indissociables

Portée sur le terrain par les sage-femmes engagées dans le partenariat entre le Rotary club de Moroni et l’Initiative santé des mères et des enfants, la caravane «Ruwa Mwana» se veut, selon les organisateurs, une approche intégrée qui ne se limite pas à la sensibilisation, mais qui s’attaque aux causes profondes du faible taux d’enregistrement des naissances aux Comores.Ce projet, a-t-on appris, repose sur quatre piliers essentiels et indissociables, à savoir le suivi des huit consultations prénatales (Cpn), la promotion des accouchements sécurisés en maternité, l’enregistrement des naissances dans les 30 jours et le complèment du calendrier vaccinal de l’enfant.


A l’occasion, Nemata Said Adam, major à la maternité du Pmi, a tenu à rappeler que le non-recours aux soins prénatals crée un cercle de vulnérabilité. « Une mère qui ne fait pas ses consultations prénatales accouche souvent à domicile et son enfant échappe ensuite à l’état civil comme au carnet de vaccination», souligne-t-elle.
Pour Anissi Ibrahim, représentant de la Cndh, ce lancement de la caravane est plus qu’un projet de sensibilisation. «C’est une démarche de justice sociale, une réponse concrète aux inégalités qui frappent les enfants dès leur naissance», a-t-il affirmé. Il a ainsi insisté sur le fait que l’enregistrement des naissances est un droit fondamental, et que son absence constitue une forme d’exclusion silencieuse. « Un enfant sans acte de naissance est un enfant sans identité légale, sans accès garanti à l’école, aux soins, à la protection. Nous devons briser ce cycle d’invisibilité », a-t-il expliqué.

Assurer la vaccination complète des enfants

Soulignant l’importance de l’approche intégrée du projet, Anissi Ibrahim a ajouté qu’en liant les consultations prénatales, les accouchements sécurisés, l’état civil et la vaccination, l’on crée alors un ensemble de protection pour chaque enfant comorien. «En s’attaquant à ces facteurs simultanément, la Cndhl veut garantir que chaque enfant soit protégé dès la grossesse, ait une identité légale et bénéficie pleinement de ses droits fondamentaux », a-t-il fait savoir.
En tout cas, l’initiative de lancer cette caravane a été chaleureusement saluée par les partenaires du Rotary club de Moroni, dont l’engagement en faveur de la santé maternelle et infantile ne se dément pas.


La caravane sillonnera les 17 régions de l’Union des Comores jusqu’au 20 novembre 2025, date symbolique marquant la célébration de la Journée internationale des droits de l’enfant. Selon les organisateurs, à chaque étape, des séances de sensibilisation, des dialogues communautaires et des dépistages seront menés, en particulier auprès des femmes enceintes. Vendredi 24 octobre, la caravane était au Chri de Fomboni.A Ndzuani, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl), a entamé cette campagne de sensibilisation à travers les structures médicales. Et comme l’a-t-on indiqué au début, le jeudi dernier, des échanges entre les parents et les sage-femmes ont eu lieu au Centre médical urbain (Cmu) de Mutsamudu. Une quarantaine de femmes y ont pris part. Les sage-femmes ont profité pour souligner l’importance des 8 consultations prénatales (Cpn) qu’on doit faire durant la grossesse, mais aussi de l’importance d’accoucher en milieu hospitalier, d’enregistrer la naissance dans les 30 jours, et d’assurer la vaccination complète des enfants jusqu’à l’âge de deux ans.

La prévention et le suivi

Pour sa part, Fatima Halidani, sage-femme, a expliqué l’objectif du projet qui est, selon elle de sensibiliser les communautés à l’importance des Cpn (Consultation prénatale), de l’accouchement en milieu hospitalier, de l’enregistrement à l’état-civil et de la vaccination des enfants jusqu’à deux ans. « L’enregistrement, par exemple, laisse une trace de l’existence de l’enfant. C’est ainsi que le projet ne se limite pas à promouvoir l’état civil, il vise aussi à renforcer la santé maternelle et infantile à travers ces quatre piliers », a-t-elle fait savoir. Devant la presse, la sage-femme a insisté sur la prévention et le suivi. « Sans consultations, certaines femmes risquent de ne pas accoucher en maternité, ce qui complique l’obtention de la déclaration de naissance et donc de l’extrait. Cela impacte aussi la vaccination de l’enfant. Ces quatre recommandations réunies permettent d’assurer une naissance dans de bonnes conditions et d’anticiper d’éventuelles complications», dit-elle.


De son côté, Echat Saïd, sage-femme également au Cmu de Mutsamudu, a rappelé les nombreux avantages des consultations prénatales. «Les femmes qui réalisent les 8 Cpn bénéficient d’un suivi complet permettant de diagnostiquer d’éventuelles complications de la grossesse ou de l’accouchement. Celles-là permettent également d’orienter les cas nécessitant une attention particulière vers un gynécologue», a-t-elle expliqué.Echat Saïd déplore que certaines femmes continuent d’accoucher à domicile, avec des risques importants pour la santé du bébé, notamment. « Il a été constaté que les bébés nés à domicile souffrent souvent de complications ou de problèmes de santé par manque de vaccination. Les Cpn sont aussi des moments privilégiés pour échanger avec les femmes enceintes sur leur santé et celle de leur enfant. Nous devons tous œuvrer pour que chaque naissance ait lieu en milieu hospitalier et soit déclarée à l’état-civil», espère-t-elle.

Ahmed Zaidou et Youssef Abdou

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