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Réaction des docteurs Ahamada Saïd Fazul et Tadjidine Youssouf : «Nous sommes victimes d’un règlement de compte»

Réaction des docteurs Ahamada Saïd Fazul et Tadjidine Youssouf : «Nous sommes victimes d’un règlement de compte»

Santé | -   Abouhariat Said Abdallah

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Docteurs Ahamada Saïd Fazul et Tadjidine Youssouf ont accordé un entretien exclusif à Al-watwan où ils sont revenus, sur leur éviction du comité scientifique où le premier cité occupait le poste de président tandis que le second était membre du cadre de gestion et de coordination de la crise. Les intéressés sont reprochés d’être montés dans un avion en partance de Mwali pour Ngazidja en se sachant positif au coronavirus. Accusés de n’avoir pas respecté le protocole établi, ils ont été suspendus de leurs postes par la ministre de la Santé, Loub Yacout Zaidou, le 9 janvier dernier.

 

Onze jours après leurs suspensions du comité scientifique contre la Covid-19, les docteurs Ahamada Saïd Fazul et Tadjidine Youssouf ont accordé un entretien exclusif à Al-watwan hier. Ils sont revenus pour la première fois sur ce qui s’est passé et ont donné leur version des faits. Le docteur Ahamada Saïd Fazul, ancien président du comité scientifique a pris la parole en premier lieu, a rappelé qu’il y a deux semaines ils ont été envoyés à Mwali pour remettre du matériel de lutte contre la Covid-19 aux autorités insulaires. Avant leur retour à Ngazidja, un test GeneXpert a été effectué sur toute l’équipe. Il confirme que le sien et celui du docteur Tadjidine Youssouf se sont avérés positifs. 
«Après, nous avons fait l’Igm qui s’est avéré négatif. Étant donné que la période d’incubation est de trois à cinq jours et que nous étions à Mwali depuis moins de 24h, nous avons compris que nous sommes non-contaminants, c’est pour cela que nous avons pris l’avion pour retourner à Ngazidja», a fait savoir le désormais ex-président du comité scientifique avant d’ajouter : «ce qui nous a surpris, c’est que le secret médical n’a pas été respecté».

«Non-contaminants»?

Et de continuer à citer les cas similaires dont le secret médical n’a également pas été respecté. «Nous ne voulions en aucun cas contaminer des gens, la preuve, une fois arrivée à Ngazidja, nous nous sommes confinés», dit-il avant d’insister sur le fait qu’ils n’ont pas eu à forcer pour monter dans l’avion à Mwali et que personne ne leur a interdit de le faire. Pour le biologiste, Tadjidine Youssouf, «en biologie, la science ne peut pas se limiter à de simples constats de positivité et de négativité».
 «On nous a traités de criminels alors que la durée d’incubation est de 5 jours maximum, donc on ne pouvait pas contaminer les autres si jamais nous avions le variant sud-africain soupçonné d’être à Mwali», et d’ajouter «même le Pcr positif ne permet pas de dire qu’on est contaminant. Si nous avons pris l’avion, c’est par ce que nous étions non-contaminants». «Si l’Igm est négatif, on ne peut pas contaminer les autres», renchérit le docteur Ahamada Saïd Fazul qui rappellera «qu’il est parmi les personnes qui ont élaboré le protocole» et qu’il y a plusieurs asymptomatiques qui ne sont pas à Samba. Pour lui, «si on a les moyens de pouvoir s’isoler à domicile, on peut le faire. Je ne voyais donc pas l’utilité d’aller à Samba alors que je pouvais m’isoler chez moi», laisse entendre l’ancien président du comité scientifique, au moment où, le ministère de la Santé privilégie la surveillance des asymptomatiques en milieu hospitalier, estimant que c’est plus prudent. 
De son côté, le docteur Tadjidine Youssouf, fait savoir qu’il s’est confiné à Samba. «Le médecin du centre n’a pas trouvé de raisons médicales pour m’hospitaliser à Samba, mais je suis légaliste, je respectais le protocole. Là-bas, j’étais comme un touriste car je ne manifestais aucun symptôme. Donc, scientifiquement, les résultats de Mwali sont des faux-positifs et cela confirme que nous avons un statut de non-contaminant», insiste-t-il.
D’autre part, Tadjidine Youssouf reste convaincu qu’il y a «une volonté manifeste de certaines personnes qui voulaient ternir notre image auprès du gouvernement pour réduire à néant la confiance que le président nous a accordée. C’est un règlement de compte pur et simple». Et de poursuivre : «alors que nous sommes dans une période critique et que nous devrions nous serrer les coudes pour endiguer cette pandémie, on cède aux règlements de compte», regrette le docteur Tadjidine Youssouf. Son collègue va renchérir et déclarer qu’à «Mwali comme à Ndzuani, il y a des responsables et des autorités qui ont été ou qui sont testées positives et personne n’en a jamais entendu parler». 
Pour l’ex-président du comité scientifique, la ministre aurait dû écouter leur version des faits avant de les suspendre. Ils indiquent que, si jamais ils sont rappelés à leurs fonctions, ils vont répondre présents.

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