Mitsudje, située à 12 km au sud de la capitale Moroni, est le chef-lieu de Hambu. La ville abrite le Centre de santé de district (Csd) de la région. Dans l’établissement sanitaire, le patient a la particularité de se faire consulter à moindre coût, pour ne pas dire gratuitement. Depuis juin dernier, la consultation coûte 50 kmf, presque quelques francs symboliques. Ailleurs, dans les centres médicaux et autres hôpitaux pôles, elle varie entre 1750 et 2.000 kmf.Construit dans la périphérie Nord-est à l’entrée de la ville, peint en bleu et blanc le bâtiment demeure facilement reconnaissable de loin. L’hôpital offre des soins de qualité et dispose de pratiquement tous les services de base, à savoir la médecine générale, la maternité, la vaccination, la stomatologie, le laboratoire d’analyses biologiques, la pharmacie, la radiographie et l’échographie obstétricale.
Quelques équipements à réajuster
Docteur Mohamed Djaloud Mohamed Assoumani, le médecin chef du centre de santé, nous reçoit et justifie la politique des soins dans son établissement. «C’est en nous alignant avec le gouvernement sur ce qui est de faciliter la santé pour tous qu’on a décidé d’adhérer au programme dit «financement basé sur la performance» (Pbf)». C’est donc en adhérant à cette politique que toutes les consultations médicales sont fixées au prix forfaitaire de 50 kmf. «Il se trouve que les deux premières consultations prénatales et certaines analyses se font gratuitement», renchérit le médecin.
Le toubib explique que «les revenus mensuels des consultations devraient normalement servir à équiper l’établissement de tous les matériels. Mais comme nous disposons déjà de tous ces appareilles (acquis par donation de la communauté, du gouvernement, de la diaspora de la ville et de toute la région) dans les divers services que nous abritons, nous avons jugé nécessaire de faciliter l’accès des citoyens à des soins de qualité et moins coûteux».Un matin, 8 h 30 déjà, les lieux sont déjà bondés. Se frayer un passage pour accéder au bureau du médecin chef n’est plus chose aisée.
Des adultes, enfants et adolescents venus des localités de la région, mais aussi des patients provenant de loin s’y agglutinent et attendent impatiemment l’arrivée du docteur. Une affluence qui réjouit le chef du district sanitaire. «Nous n’avons jamais eu à faire autant de consultations qu’à partir du mois de juin quand on a revu à la baisse les prix des consultations», fait remarquer docteur Djaloud. Il a, sur le champ, confié que «ça fait déjà trois ans depuis que je travaille ici et on accueillait au maximum une centaine de personnes par mois. Un chiffre qui a aujourd’hui plus que triplé».
Certains services ne répondent pas à l’appel
Dans ses statistiques, le médecin a révélé qu’au cours des deux derniers mois, l’établissement a enregistré 1.000 visites par mois, dont 800 patients qu’il a reçus lui-même et 200 patients enregistrés chez les infirmiers curatifs.À en croire le médecin chef, la nouvelle politique n’était pas bien perçue par tout le personnel, au début, mais la crise qui impact tous les citoyens a fini par convaincre les plus sceptiques. Il se montre prêt à accompagner, si l’occasion se présente, une autre politique de réduction des coûts des analyses et hospitalisations.
Mais, bien que le centre de santé de district de Mitsudje soit bien équipé, certains services ne répondent pas à l’appel. C’est le cas de la radiologie qui, selon Djaloud Mohamed, manque «quelques pièces pour être opérationnelle». Autre souci, «l’échographie obstétricale n’est pas opérationnelle, car on n’a pas encore pu trouver un échographiste», fait savoir le médecin chef. Il explique que le problème se pose depuis que le centre a adhéré au financement basé sur la performance avec lequel les échographies obstétricales se font gratuitement. «Il nous est un peu compliqué de mobiliser des fonds pour payer l’échographiste et entretenir aussi la machine. Il nous en faut beaucoup», insiste-t-il.
Saisissant l’occasion, il interpelle le ministère de la Santé puor bien vouloir affecter un échographiste dans la structure sanitaire afin d’épargne aux femmes enceintes les déplacements pour ce service, ailleurs.Seule une dizaine d’analyses ne sont pas faites sur place. Mais, à en croire le major du laboratoire, une solution est préconisée par le centre. «Si elles sont prescrites, on procède nous-même au prélèvement et envoyons les échantillons aux laboratoires pour éviter aux patients de déplacer», a indiqué Ahmed Ali. Les césariennes ne sont pas pratiquées chez les femmes accouchant avec complication à Mitsudje. «Les districts de santé ne disposent pas des normes spécifiques devant assurer une césarienne. Ce, peu importe les compétences du personnel. Par contre, si au fur et à mesure, les normes nationales changent, peut-être qu’on pourra le faire», a souligné le médecin chef de l’établissement.
Une capacité d’accueil satisfaisante
L’hôpital de Mitsudje, construit depuis trente ans, est doté d’une capacité d’accueil de 25 lits d’hospitalisation. Trois nouvelles salles avec 2 lits chacune ont été construites et attendent d’être équipées. L’espace de travail ne fait pas défaut même si dans certains cas deux services peuvent cohabiter dans une même pièce.
En matière d’énergie, l’établissement dispose d’une autonomie grâce à des panneaux solaire et d’un groupe électrogène. «Les panneaux solaires ont toujours pu alimenter le district. Mais avec l’augmentation des services, je ne crois pas qu’ils pourront faire fonctionner toutes ces machines», craint le docteur Mohamed Djaloud Mohamed Assoumani.Le Csd emploie un personnel de 46 agents, dont six stagiaires et un seul fonctionnaire.Le médecin chef y travaille bénévolement depuis trois ans. Selon docteur Djaloud, payer tout le personnel de l’établissement demeure une procédure assez compliquée. «Mais fort heureusement, on compte sur des subventions du projet Compass, de la Funamusac, et de certains revenus mensuels de l’hôpital», a-t-il indiqué.
C’est quoi le programme de financement basé sur la performance ?
Le programme de financement basé sur la performance est un programme national porté par le ministère de la Santé à travers le projet Compass et financé par la Banque mondiale. Initié par décret du chef de l’Etat, il s’inscrit dans sa politique de faciliter l’accès à des soins de qualité et moins coûteux aux citoyens. Tenant compte de programme, les consultations valent 50 fc au lieu des 1500 fc dans les structures de santés adhérentes et Compass se charge de compenser le manque à gagner. L’idée est de faire en sorte que les citoyens se fassent consulter, peu importe leurs revenus.
L’accouchement dans les structures de santé qui ont adhéré au Pbf est fixé à 2000 fc et la césarienne à 100.000 fc. Mais la personne paye seulement les 20.000fc et le programme apporte le complément des 80.000fc à l’hôpital. Sur le plan national, beaucoup de districts sanitaires ont adhéré au programme. A Ndzuani et à Mwali, tous les districts de santé ont adhéré, contrairement à Ngazidja. Sur les sept districts de santé de l’île, cinq seulement sont aujourd’hui adhérents. Avant la fin du mois de janvier, un sixième intégrera.