Du lundi au dimanche, les pharmacies assurent un service de garde destiné à répondre aux besoins des patients en dehors des heures normales. Ce mécanisme, piloté par l’Agence nationale des médicaments et d’évacuations sanitaires (Anamev), reste opérationnel jusqu’à ce jour. Selon le chef du service d’enregistrement de l’Anamev, Youssouf Mohamed Mbae, des plaintes surviennent régulièrement concernant l’absence de certains médicaments dans les pharmacies de garde.
Pour y remédier, l’agence a instauré un «chariot de garde», afin de s’assurer que les établissements disposent toujours des produits essentiels. Les pharmacies qui participent au système doivent être en mesure de fournir les médicaments de première nécessité. Par ailleurs, l’Anamev a déployé des équipes chargées d’enquêter dans les hôpitaux et les urgences, afin d’évaluer le bon fonctionnement du dispositif.
«Une obligation, mais pas rentable»
Une règle est rappelée avec insistance, celle que toute pharmacie de garde incapable de satisfaire les besoins doit impérativement se déclarer pour éviter toute rupture de service. Pour le docteur Hassani Baroini, responsable de la pharmacie Mangani, le dispositif est loin d’être avantageux pour les pharmaciens. «C’est difficile de maintenir deux pharmacies de garde. Le chiffre d’affaires en souffre. Les gens se plaignent, mais ils ne connaissent pas la réalité», affirme-t-il. Selon lui, les pharmaciens assurent la garde par obligation, et non par choix. «Ce n’est pas du tout rentable», insiste-t-il, soulignant qu’une garde nocturne, de 18 heures à 5 heures, ne génère pas plus de 50 000 francs comoriens.
Pour mieux encadrer ce service, l’Anamev et le ministère de la Santé ont instauré un «panier de garde». Celui-ci vise à garantir que chaque pharmacie dispose des médicaments de base nécessaires. Le docteur Hassani Baroini reconnaît que l’évaluation menée par l’agence est une avancée, mais appelle à une meilleure compréhension de la population. «Les pharmacies privées ne fonctionnent pas comme les pharmacies hospitalières. La confusion entre les deux circuits crée des malentendus», explique-t-il.
Selon lui, l’absence d’un médicament en pharmacie ne signifie pas une rupture totale. Certaines spécialités relèvent uniquement du circuit hospitalier, et leur indisponibilité en officine ne traduit pas une défaillance du système de garde. «Nous sommes le dernier recours. Mais si un produit manque à l’extérieur, notamment en France, forcément il manquera ici aussi», rappelle-t-il.
Vers une meilleure régulation
Le docteur Hassani Baroini attire également l’attention sur la dépendance du pays vis-à-vis des importations. «Sur six mille références venant de France, il y en a déjà mille que nous n’avons pas», regrette-t-il, précisant que cette dépendance fragilise l’approvisionnement local. Pour y remédier, il appelle à la mise en place d’un grossiste pharmaceutique dans le pays, afin de réduire cette vulnérabilité et garantir un accès plus régulier aux médicaments.