L’Union des Comores a validé samedi dernier, la politique nationale de lutte contre les maladies non transmissibles en présence des partenaires. Cette politique fait état de «la situation nationale, les fondements de lutte contre les principes directeurs, la vision, le but et les stratégies promotionnelles, préventives et curatives permettant la mise en place des systèmes et des structures nécessaires pour une lutte multisectorielle contre tous les facteurs de risque et une prise en charge des malades».
Ce document analyse les dysfonctionnements et les freins liés au système de santé et met en avant la promotion de la santé et des mesures novatrices pour une lutte efficace contre les maladies non transmissibles (Mnt). Les objectifs généraux cités dans ce document, sont «la réduction du niveau d’exposition des individus et des populations aux facteurs de risque communs des Mnt, la réponse aux besoins et aux attentes des personnes qui vivent avec des Mnt et la promotion des actions multisectorielles et intégrées de prévention et de lutte contre les Mnt». On peut citer parmi les maladies non transmissibles, les pathologies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle, le cancer, les épilepsies, les caries dentaires, la santé mentale, les maladies respiratoires chroniques, les maladies oculaires. Et selon la chargée de surveillance contre les maladies à l’Oms, Dr Saïnda Mohamed, ces pathologies existent dans notre pays, mais il n’y a jamais eu de politique nationale pour montrer la vision et le but que nous visons.
Les maladies cardiovasculaires
«Quand on agit contre une maladie, on ne va pas attaquer la maladie directement, mais on attaque la source. Pour les maladies cardiovasculaires, la source est le manque d’exercices physiques, l’équilibre alimentaire, la consommation de trop de sucre, la sédentarité et ou le tabagisme. Si on arrive à éliminer ces facteurs de risque on va lutter contre plusieurs maladies non transmissibles», souligne Dr Saïnda Mohamed Aly, parlant du volet des maladies cardiovasculaires. Selon le document validé, les maladies non transmissibles constituent les principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. «Sur 56,4 millions de décès survenus dans le monde en 2015, 39,5 millions étaient imputables à ces maladies», lit-on dans cette politique. «Selon l’Oms, 2,6 millions des personnes meurent d’une surcharge pondérale ou d’une obésité chaque année dans le monde ; 7,1 millions d’une hypertension artérielle ; 4,4 millions d’une hypercholestérolémie et 4,9 millions par suite de tabagisme».
Facteurs de risques communs
Le même document montre que les Comores, en plus d’être un pays à revenus intermédiaires donc soumis à un lourd fardeau des Mnt, font partie des petits états insulaires vulnérables qui subissent une pression de plus en plus inquiétante de ces maladies. En 2011, une enquête «Stepwise» sur les facteurs de risque des Mnt en Union des Comores a montré que «39,4% des adultes ont un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25 kg/m² ; 25,9% sont en surcharge pondérale ; 13,5% sont obèses, 25,4% ont une tension artérielle élevée dont 86% ne suivaient aucun traitement médical et 61,7% d’entre eux ne pratiquent aucune activité physique et 4,82% sont diabétiques».
La chargée de surveillance estime que pour aboutir à cette lutte contre les Mnt, il faudrait la contribution de tous les secteurs. «Pour lutter contre le tabagisme et l’alcool, il faudrait augmenter le taxe pour que ces produits ne soient pas à la portée de tous ; pour permettre à la population de faire des exercices physique, il faut des espaces sportifs ; pour manger équilibrée, il faut des fruits et légumes en toute saison. Ainsi, les autorités compétentes doivent vérifier les produits importés et voir ceux qui ne comportent pas de risque. Il faut que certains produits importés, au-delà de certain teneur en sel, en sucre ou en acide gras, soient interdits. Cette politique, nous l’avons voulu multisectoriel», dit-elle. Elle ajoutera qu’il reste encore l’éducation. «Ce que nous préparons à la maison, ne pas manger trop salé ni trop sucré ni du gras, et cette éducation commence depuis l’école», dit-elle.
La formation des ressources humaines
Le tabac, l’alcool et la faible consommation des fruits et légumes sont les principaux facteurs de risque modifiables des Mnt. «C’est pour faire face à cette menace grandissante que le pays s’est doté du document de politique nationale de prévention et de lutte contre les Mnt». Dr Saïnda Mohamed Aly recommande ainsi la mise en place d’une plateforme multisectorielle, réfléchir sur la mobilisation des ressources, le renforcement du cadre réglementaire et législatif ainsi que des inspections dans les magasins en plus de l’amélioration de l’environnement et l’écosystème. Elle recommande en outre la construction des infrastructures routières et sportives et la prise en charge des malades ainsi que la formation des ressources humaines appropriés pour cette prise en charge.