La campagne de vaccination contre le papillomavirus humain (Hpv) a été officiellement lancée ce mardi après-midi au stade de Misiri, à Mutsamudu. L’opération, prévue du 26 au 28 novembre, vise les filles âgées de 9 à 14 ans et se déroulera dans les écoles, les centres de vaccination et au plus près des communautés. Autorités sanitaires, médecins et partenaires du secteur de la santé ont pris part à la cérémonie.
Une cinquantaine de personnes, dont quelques enfants, ont assisté à ce lancement. Selon les interventions, le vaccin Gardasil 4, utilisé dans plus de 100 pays, protège ceux qui l’ont reçu contre les types de Hpv responsables de près de 90 % des cancers du col. Pour les autorités sanitaires, il s’agit d’une opportunité pour réduire les risques de décès et les lourdes complications qui affectent chaque année de nombreuses femmes comoriennes. Une dizaine d’enfants est vacciné sur place.
Dans son intervention, docteur Samir Mohamed, a rappelé l’ampleur du défi. «Les cancers qui touchent les femmes ont un impact considérable sur leur vie. À chaque fois, nous sommes profondément touchés lorsqu’un cas est diagnostiqué. Nous faisons tout pour obtenir des traitements à l’étranger, mais les décès restent nombreux. C’est un effort et une chance d’avoir ce vaccin. Nous l’avons accueilli à bras ouverts. Nous sommes témoins de la nouvelle page de la santé qui s’ouvre pour les jeunes et les femmes», déclare-t-il. Poursuivant sur les enjeux de santé publique, la représentante de la direction régionale de la Santé, docteur Ratiba Youssouf, a insisté sur l’efficacité du vaccin. «Le cancer du col de l’utérus représente l’un des principaux enjeux de santé publique pour les femmes de notre pays. Chaque année, de nombreuses familles sont touchées par cette maladie évitable. Le vaccin est le moyen le plus sûr pour prévenir jusqu’à 90% des infections responsables du cancer du col chez les filles de 9 à 14 ans. Il offre une immunité très élevée en intervenant avant l’exposition et garantit une protection durable», explique-t-elle.
Docteur Ratiba Youssouf a rappelé les bénéfices de cette vaccination. «Chaque cas de cancer du col représente une vie bouleversée, une famille éprouvée. Aujourd’hui, nous réduisons considérablement les risques de décès, les interventions médicales lourdes et les complications à long terme. Le vaccin Hpv allège aussi la charge financière des soins et contribue au bien-être des communautés», a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le gouverneur de l’île, docteur Zaidou Youssouf, a appelé à rompre le silence autour de cette maladie. «Il faut tourner la page dans la santé de la femme. Trop de femmes meurent dans le silence et l’indifférence. Le cancer du col est l’un des cancers les plus mortels pour les Comoriennes, et le premier aux Comores. Il touche particulièrement les jeunes filles», affirme-t-il, appelant les familles à soutenir la vaccination.
Le gouverneur a également décrit les conséquences souvent ignorées mais graves de la maladie. «Il y a des pertes vaginales odorantes, parfois accompagnées de saignements. De fortes douleurs pendant les rapports sexuels. Des décès qui ne sont même pas connus des services hospitaliers. La maladie peut entraîner des divorces, de la stigmatisation, et des règles qui durent parfois jusqu’à 15 jours», a-t-il souligné.
