La septième édition de la campagne Octobre Rose s’est clôturée ce samedi matin 8 novembre par une grande marche symbolique dans les rues de Moroni. Partie du marché de Volo Volo jusqu’à la Place de l’Indépendance, la marche a réuni femmes, hommes, enfants et personnes âgées, tous vêtus de rose pour affirmer leur engagement dans la lutte contre le cancer du sein. T-shirts, casquettes, foulards, parapluies, perruques… tout était rose pour cette journée de solidarité, de mémoire et d’espoir. L’ambiance festive, rythmée par la musique, les danses et les slogans tels que «Uwandé tsi anyibu» (la maladie n’est pas une honte), témoignait de la force du message porté par cette campagne.Des pancartes brandies tout au long du parcours rappelaient les enjeux : «Parce que la santé de nos enfants est notre priorité : Octobre Rose»,» Pour nos mères, nos sœurs, nos filles : prenons soin de nos vies, faites-vous dépister «, ou encore «Lutte contre le cancer : pouvoirs publics, réveillez-vous !».
Arrivés à la Place de l’Indépendance, les participants ont célébré dans une ambiance joyeuse, portée par des danses, des chants et des discours. Un moment fort pour rappeler que la lutte contre le cancer du sein dépasse le simple mois d’octobre : c’est un engagement à poursuivre toute l’année. «Octobre Rose, ce n’est pas seulement un mois de sensibilisation, c’est un mouvement permanent pour la vie «, a déclaré Zahara Abdallah, présidente de l’association Comorienne contre le cancer chez la femme (Accf). Elle s’est félicitée de l’adhésion croissante des institutions publiques et privées, qui sollicitent désormais l’association pour des séances de sensibilisation auprès de leur personnel.
Selon les chiffres provisoires communiqués par l’Accf, 473 femmes ont été dépistées durant la campagne, dont 90 à Anjouan et 12 à Mohéli ayant fait le déplacement jusqu’à Moroni. Au total, 443 mammographies et échographies mammaires ont été prises en charge par l’association, soit 93,65 % des actes réalisés. De plus, 119 consultations gynécologiques gratuites ont été assurées par les Docteurs Rahia Soilihi, Soumaihat Ahmed Soilihi, Naylati Abdou et Rahada Abasse.
Plusieurs avancées ont également marqué cette édition. Une signature d’une convention de mécénat avec Vitogaz Comores et Moroni Terminal, affectation d’un local par le ministère des Finances pour les activités de l’Accf, rencontre avec les parlementaires, qui ont promis de contribuer à la caisse de solidarité, réactivation des antennes de l’association à Anjouan et Mohéli avec l’appui de l’Afdp et d’AfriYan Mohéli, Collaboration avec l’Ong Douleurs Sans Frontières pour une mission exploratoire sur les soins palliatifs aux Comores.
Malgré ces progrès, l’Accf souligne que de nombreuses préoccupations demeurent. Qui est l’absence de suite aux demandes d’évacuation sanitaire (Evasan) vers Maurice, l’urgence d’une politique nationale de lutte contre le cancer, le manque de laboratoire d’anatomopathologie et d’un service de mammographie à Mohéli.
«Une femme atteinte d’un cancer aux Comores, c’est souvent une mère éloignée de ses enfants, un fardeau financier pour la famille, et beaucoup de souffrance. Nous devons agir», a rappelé Zahara Abdallah.Le Dr Rahia Soilihi, membre active de l’association, a insisté sur l’importance du dépistage précoce :» Nous voyons désormais des cas dès 35 ans. La maladie est bien présente dans le pays. Il ne faut pas avoir honte : le cancer est une maladie comme une autre. Venez tôt vous faire dépister.» L’Accf encourage également la promotion de l’autopalpation dès 25 ans et la réalisation d’une mammographie tous les deux ans après 45 ans.
Une cause nationale soutenue par tous
De nombreuses participantes, comme Ikrima Abdou, ont exprimé leur émotion face à la mobilisation : «C’est un moment fort. Nous devons encourager nos sœurs et nos mères à se faire dépister. Elles sont des combattantes. « Certaines mères sont même venues accompagnées de leurs enfants pour leur transmettre ce message de santé publique : briser le silence, informer et prévenir.L’Accf a tenu à remercier chaleureusement ses partenaires, bénévoles et sponsors pour leur engagement, ainsi que le ministère de la Santé pour sa collaboration dans l’introduction du vaccin contre le papillomavirus (Hpv), contribuant à la lutte contre les cancers du col de l’utérus et de l’endomètre. En clôturant cette septième édition, l’Accf se dit «fière du chemin parcouru» mais rappelle que le combat continue. «Octobre Rose s’achève, mais la lutte contre le cancer du sein doit se poursuivre chauque jour. Ensemble, nous pouvons sauver des vies», a conclu Zahara Abdallah.

