Dans le but d’évaluer le système de surveillance épidémiologique aux portes d’entrée de Mwali, les agents sanitaires de l’île se sont réunis lors d’une rencontre organisée par le ministère de la Santé dans la salle multifonctionnelle de Fomboni, le jeudi 20 novembre dernier. Selon le formateur, le docteur Ibrahim Houmadi, cette démarche vise à apprécier l’impact de la surveillance sur la lutte contre les maladies, à identifier les forces et faiblesses du système épidémiologique dans les points d’embarquement, ainsi qu’à formuler des recommandations pour son renforcement. L’objectif est d’améliorer la prévention et la détection des épidémies, notamment à travers le renforcement des infrastructures, la formation du personnel et l’utilisation d’outils numériques pour le suivi.
«Cette rencontre s’inscrit dans le plan d’action de l’année 2025. Notre vision consiste à élaborer un manuel sanitaire permettant de clarifier toutes les actions à envisager dans ces lieux d’échanges, afin que, à l’avenir, nos partenaires soient mieux informés et orientés sur les priorités du pays en matière de protection de nos frontières contre les maladies», a expliqué le docteur Ibrahim Houmadi, responsable des urgences de santé publique.
Depuis 2020, les Comores sont confrontées chaque année à la double difficulté de la préparation et de la riposte face aux épidémies. Le pays a notamment été touché par la Covid-19, le choléra, et connait une augmentation notable des cas de paludisme.La limitation de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement favorise une propagation accrue des maladies, tandis que les capacités de prévention, de détection et d’organisation de la riposte restent insuffisantes.
«Jusqu’à présent, notre pays ne dispose ni d’un protocole d’accord fixe ni d’une loi permettant de mieux coordonner nos actions en cas de riposte à une maladie dans les zones frontalières. Nos interventions sont adaptées en fonction du contexte sur le terrain», a précisé notre interlocuteur.
À Mwali, le constat est alarmant. Les conditions de travail des agents de surveillance sanitaire aux points d’entrée sont médiocres. Non seulement ils ne disposent pas de salles équipées pour effectuer leurs missions, mais ils sont également exposés à d’autres maladies, sans oublier les mépris dont ils sont parfois victimes de la part de la population. «Dans cette île, les citoyens, en particulier les voyageurs, nous considèrent comme inutiles et ne voient pas l’importance de nos activités. Souvent, certaines autorités débarquant sur l’île refusent de se faire contrôler devant tout le monde, alors qu’elles devraient être des modèles en matière de riposte contre les maladies», ont confié plusieurs agents sanitaires.
Ils estiment que le système de surveillance épidémiologique souffre de nombreuses défaillances, parmi lesquelles l’absence de rémunération du personnel et le manque de coordination entre la garde-côte comorienne et les responsables sanitaires du pays. «Ces derniers mois, nous avons travaillé pendant six mois sans être rémunérés, alors que nous dépensions notre propre argent pour recenser et envoyer des données sanitaires à nos supérieurs», a confié l’un d’eux.
Ainsi, pour soutenir la mise en œuvre d’une surveillance efficace aux points d’entrée et renforcer la préparation et la réponse aux événements et menaces pour la santé publique, il est recommandé d’améliorer la communication sur les risques, de renforcer l’engagement communautaire et la mobilisation sociale, ainsi que d’investir dans les infrastructures.
