Pour sa part, l’Agence nationale des médicaments et des évacuations sanitaires (Anamev) avait annoncé, le mois d’août dernier, son intention de mettre fin à l’importation anarchique des médicaments. L’agence nationale ciblait plus particulièrement les médicaments qui arrivent dans le sillage des dons de la diaspora. Cette initiative a été prise par le directeur de cette agence dans l’objectif de «contrôler l’entrée des médicaments illicites». Le directeur de l’Agence nationale des médicaments, Dr Ahamada Saïd Fazul, avait annoncé, en outre, que, l’Anamev tend à «uniformiser le prix des médicaments».
Pas d’interdiction?
«A l’heure actuelle, tous les pharmaciens ont l’autorisation d’importer des médicaments, mais cette tendance va changer. Une fois le code de la santé révisé, le monopole de la commande des médicaments sera donné à l’Ocopharma qui va vendre au même prix à toutes les pharmacies», avait prévenu Dr Fazul indiquant, toutefois, que l’Ocopharma ne pourra pas assurer, seule, la commande de toutes les molécules et qu’il faudra encore d’autres structures de sous-traitance. (Lire notre édition N° 3487 du jeudi 9 août 2018).
Ces propos ne semblent pas corroborer avec le projet de code de la santé en examen à l’Assemblée nationale. Celui-ci n’interdit pas l’importation des médicaments par les pharmaciens. En effet, en son article 330, le code de la santé dispose que «Tout fabricant ou tout importateur désireux de commercialiser sur le territoire national une spécialité pharmaceutique, un médicament générique ou un médicament éthique doit solliciter son enregistrement auprès de l’Autorité nationale de régulation pharmaceutique […]».
En effet, le code de la santé n’interdit pas l’importation des médicaments, une fois obtenu l’autorisation, comme on peut le lire dans l’article 344 du même code «Nul ne peut importer des médicaments destinés à être utilisés sur le territoire national s’il n’a pas été expressément autorisé par l’Autorité national de régulation pharmaceutique, à cet effet, conformément aux dispositions de la présente loi […]». Les articles allant 345 à 347 parlent des établissements se livrant au commerce en gros des médicaments, des conditions d’importation, et ce que l’importateur doit faire une fois qu’il connait la date exacte de l’arrivée des médicaments sur le territoire national afin de permettre à l’autorité nationale de diligenter une inspection de la marchandise importée.
Négociations ce matin
De même on peut lire dans l’article 348 que «tout refus d’autorisation d’importer des médicaments ou des produits relevant du monopole pharmaceutique est motivé» et l’article suivant dispose que «l’autorisation d’importation accordée à un importateur agréé précise les médicaments ou produits autorisés à cet effet». Un pharmacien dit ne pas comprendre pourquoi seul l’Ocopharma est autorisé à importer des médicaments alors que cela n’est écrit nulle part. «On accorde le monopole à Ocopharma et donc même si ce dernier ne peut pas commander certains médicaments, les pharmaciens ne peuvent pas le faire non plus, nous ne demandons que l’application de la loi, une fois votée», déclare Hassan Barwane de l’ordre des pharmaciens.
Par ailleurs, après avoir reçu le préavis de grève, la ministre de la Santé a convoqué le syndicat national des pharmaciens pour des négociations ce mardi matin pour, dit-on, essayer décanter la situation.