Hier aux alentours de 10h, la salle d’accueil du centre de santé sœur Colette, Caritas Comores était noire de monde. Toutes les chambres d’hospitalisation étaient pleines. Le Dr Habraji Mohamady confie que ses collègues et lui travaillent d’arrache-pied depuis trois semaines.
En cause ? “La maladie” qui sévit. Mais personne ne peut lui donner un nom. “Grippe saisonnière” ? s’interroge-t-il. Toutefois, selon lui, le centre de santé Caritas Comores en partenariat avec les autorités de la santé ont effectué des prélèvements qui sont envoyés à l’Institut Pasteur de Madagascar et les résultats du bilan sont encore attendus.
Selon lui, les symptômes sont les mêmes “Fièvre élevée à 40°, grippe, toux, céphalée et fatigue au niveau des articulations”. Selon le médecin, le nombre de consultation a doublé en cette période.
Nous faisons 50 à 60 consultations par jour, hormis les consultations en urgence. Et la capacité d’accueil est de moins de 40 lits. Les patients sont hospitalisés trois jour.
Le médecin précisera que le traitement est symptomatique en attendant les résultats des analyses. Le médecin conseille de privilégier les boissons chaudes, se couvrir contre la poussière et le vent et consommer de la vitamine C.
Pas d’afflux inquiétant
Pour sa part, le major du centre de santé Caritas, Said Abdillah, précise que son service est “saturé” avec 12 à 13 hospitalisations en moyenne par jour. “Nous avons une capacité de 38 lits qui sont tous occupés quotidiennement. Il nous arrive de renvoyer des patients ailleurs, faute de place. À d’autres, nous prescrivons le traitement et leur demandons de rentrer chez eux et revenir le lendemain”.
Il ajoute que la majorité des patients sont des enfants de 7 mois à 8 ans. “Le traitement reste symptomatique et on fortifie le patient avec la vitamine C” précise-t-il.
Elyamine Achrafi originaire de Sidjuwu est à son troisième jour d’hospitalisation. Il a des douleurs, des céphalées et mal à la hanche.
Je suis arrivé à midi, on m’a mis sous sérum et je me suis allongé sur un mur jusqu’à 19h, heure à laquelle un lit s’est libéré.
Faoula Chabani de Fumbuni, elle aussi a mis beaucoup de temps avant d’être auscultée. “Je suis venue à 15h, et c’est seulement à 17h que j’ai vu le médecin pour la consultation” dit-elle dans une grande quinte de toux. Debout devant la salle de consultation, elle attend qu’on lui enlève le sérum pour rentrer chez elle.
Rien à signaler
Le service des urgences du centre hospitalier national d’El-Maarouf ne connaitrait pas le même phénomène. A tel point que le médecin chef du service des urgences refuse de parler d’épidémie. Pour Djabir Ibrahim, urgentiste, il n’y a pas de cas inquiétants dans son service.
“On parle d’épidémie quand il y a un flux massif aux urgences or à ce jour nous n’en sommes pas là. Nous avons un passage de 80 malades par jour en moyenne et non 100 malades. Et sur le plan scientifique, je ne peux pas dire qu’il s’agit d’une épidémie.
Dans ma clinique j’ai une capacité de 4 lits qui ne sont pas occupés alors que lorsque nous avions le chikungunya, nous étions tous débordés” insiste l’urgentiste.
Il appuie ses dires par le fait qu’aux urgences il y a trois médecins qui travaillent le matin jusqu’à 14h, un médecin travaille de 14h à 18h, et un autre de 18h à 8h et en aucun moment un médecin, n’a demandé du renfort.
“Même à l’accueil, il n’y a personne, on est entre 2 à 4 malades par heure, la normale, avoir six malades par heure serait inquiétant, ce qui n’est pas le cas” dit-il.
De son côté, le responsable national de la surveillance épidémiologique, le Dr Saindou Ben Ali Mbae indique que des prélèvements seront faits et envoyés à Madagascar lundi prochain pour analyse.
Selon lui, la maladie qui sévit dans la région de l’océan indien et d’après des échanges qu’il a eus avec des collègues de Mayotte qui sévit également dans l’île sœur est une grippe de type A H1N1. Il appelle la population à renforcer les mesures d’hygiène.