La dixième Conférence internationale sur la fatwa s’est achevée mercredi dernier au Caire, sous le haut patronage du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Organisée par Dar al-Ifta et le Secrétariat général des autorités et institutions de la fatwa dans le monde, cette rencontre s’est tenue les 12 et 13 août et a eu pour thème central : «Créer un mufti rationnel à l’ère de l’intelligence artificielle». L’événement a réuni des délégations venues de plus de soixante-dix pays, parmi lesquelles des muftis, des ministres, des chercheurs et des experts en sciences religieuses et en technologies modernes. Le grand mufti des Comores, Cheikh Aboubakar Saïd Abdillah, comptait parmi les personnalités présentes.

La conférence a constitué une plateforme d’échanges d’expériences et d’analyses sur les mutations que connaît le monde religieux à l’ère du numérique et sur la nécessité de former des muftis capables d’allier rigueur juridique et compréhension des réalités contemporaines. Cinq grands axes ont structuré les débats : la formation d’un mufti moderne, les fatwas à l’ère de l’intelligence artificielle, les défis éthiques et spirituels auxquels est confronté le mufti vertueux, l’usage de l’intelligence artificielle dans le développement institutionnel, et enfin les expériences menées par diverses autorités religieuses pour former des muftis adaptés à ce nouveau contexte.

Le professeur Nadhir Ayad, grand mufti d’Égypte et secrétaire général des autorités de la fatwa, a prononcé le discours de clôture. Il a souligné l’importance d’une fatwa «juste et équilibrée», considérée comme une garantie de stabilité pour les sociétés. Il a insisté sur l’urgence de former des muftis capables de manier à la fois les sciences islamiques et les outils technologiques.

Recommandations et perspectives

La conférence a comporté cinq sessions académiques et quatre ateliers interactifs, centrés sur les fondements juridiques et l’application pratique de l’intelligence artificielle dans le travail de fatwa. La conférence a débouché sur une série de recommandations. La cause palestinienne a été réaffirmée comme centrale pour les musulmans, avec un appel pressant à renforcer l’aide humanitaire. Les participants ont également plaidé pour le rejet des divisions internes et la consolidation de l’unité islamique. Concernant l’usage du numérique, l’accent a été mis sur la nécessité de réguler les fatwas diffusées en ligne par des normes jurisprudentielles strictes, afin d’éviter la propagation de discours non contrôlés.

En matière d’intelligence artificielle, les intervenants ont recommandé d’instaurer des cadres éthiques basés sur la crainte de Dieu, l’honnêteté et la préservation de la vie privée. Ils ont aussi insisté sur l’importance d’anticiper les défis futurs, tels que les cyberconflits, grâce à une prospective jurisprudentielle rigoureuse. Enfin, le renforcement des institutions de fatwa à travers des plateformes interactives, des bases de données mondiales et le développement de logiciels multilingues a été mis en avant comme un outil pour mieux diffuser un savoir religieux fiable.

Pour marquer ce dixième anniversaire, le secrétariat général a annoncé le lancement de plusieurs projets visant à traduire les recommandations en actions concrètes. Dans son discours final, le grand mufti d’Égypte a remercié le président Al-Sissi pour son soutien constant, ainsi que les participants et les médias, qualifiés de véritables «partenaires de réussite».