À l’occasion des 19 ans de la télévision nationale, le directeur général de l’Office de radio et télévision des Comores (Ortc), Hablani Assoumani, s’est exprimé lundi dernier. L’occasion pour lui de dresser un bilan, de dévoiler les grandes lignes de ses projets et de réaffirmer son ambition de faire de l’Ortc un acteur majeur de l’émergence comorienne et de la réussite des Jeux des îles de 2027.Nommé à la tête de l’Ortc en août 2023, Hablani Assoumani se veut à la fois lucide sur les défis et déterminé à les relever. «Être à la tête d’une chaîne nationale à l’ère du numérique n’est pas une tâche facile», reconnaît-il. Mais son objectif est clair : renforcer les capacités humaines et techniques de l’institution, améliorer les conditions de travail et inscrire l’Ortc dans une logique de performance.
Revenant sur les 19 années d’existence de la chaîne, il insiste sur le rôle structurant joué par l’Ortc. «Ce qui me tient vraiment à cœur, c’est le fait qu’elle a renforcé l’unité nationale, contribué à la cohésion du peuple et garanti la vulgarisation et la promotion de la culture comorienne dans toutes ses dimensions à l’international», affirme-t-il. Il met en avant le passage de l’analogique au numérique comme un tournant qui a permis à la chaîne de gagner en visibilité, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. «L’Ortc est devenu un pilier important dans l’unité nationale et parmi ce qui fait qu’aujourd’hui, on puisse parler des Cœlacanthes », ajoute-t-il.
Des avancées
Sous sa direction, plusieurs mesures sociales ont été, selon lui, instaurées. Le directeur général évoque la participation de l’Ortc à hauteur de 25% dans la mutuelle de santé, l’ouverture prochaine d’une infirmerie et la mise en place d’un fonds d’assistance médicale estimé à 4 millions de francs. Il a également uniformisé les modalités de rémunération des agents, qui, auparavant, variaient selon les statuts. «On a fait en sorte qu’il y ait un seul type de salaire. Tout cela afin de rassurer nos agents», assure-t-il.Interrogé sur les critiques liées à la mise en place de la grille indiciaire, il défend «une réforme juste et équilibrée » visant à mettre de l’ordre et de la discipline dans le tableau des rémunérations du personnel de l’office. «La grille indiciaire a fait des heureux tout comme des mécontents», admet-il, tout en rappelant qu’il assume et a «la conscience tranquille», car cette mesure visait, selon lui, à rendre justice à certains, honorer les compétences des autres et surtout corriger des incohérences héritées du passé, où « le salaire n’était pas fixé en fonction de l’expérience ou du niveau d’étude mais de la proximité et du degré de relation avec le recruteur».
La mise en place d’un conseil de discipline, d’un conseil de direction hebdomadaire et du système de l’«employé du mois » traduit, toujours selon le Dg, une volonté de responsabilisation. « Nous avons des techniciens très expérimentés mais qui n’étaient pas mis en valeur comme ça se devrait », explique-t-il. Le directeur général affirme que «tout ce qu’on fait ici ne vise que le bien-être des travailleurs» et que la transparence financière est un axe central de sa gouvernance.
Pour l’Ortc, l’heure est aussi à la coopération internationale. Seize agents viennent de partir en Chine pour une formation, selon les informations du directeur.
Ouverture à l’international
De même, des partenariats sont relancés ou renforcés avec la Chine, Zanzibar, le Maroc, le Pnud ou encore les États-Unis. «On négocie aussi avec les médias des 54 pays de l’Union africaine ainsi que de la Ligue arabe», indique Hablani Assoumani, qui se félicite que ce nouveau département commence déjà «à donner ses fruits».
La couverture du territoire est en nette progression. «À notre prise de fonction, la diffusion radio était de 20 %, elle est passée à 50 % en sept mois. Et la Tnt est passée de 30 % à 80 % », annonce-t-il. L’objectif est d’atteindre 95 % d’ici cinq ans. L’offre a aussi été enrichie.«On est passé de 8 à 12 chaînes dans le but d’offrir des contenus diversifiés», affirme-t-il. L’on apprend qu’en neuf mois, l’Ortc s’est doté de bus, de motos, de voitures, de six caméras et trépieds, d’émetteurs radios et Tnt. L’image est désormais «en Full HD (1080p), à la hauteur de chaînes comme TV5 Monde ou France 24», et un groupe électrogène assure l’autonomie énergétique de 15 heures par jour. «Même en cas de coupure d’électricité, la Télévision reste toujours active », assure-t-il.La perspective des Jeux des îles de l’Océan indien en 2027 est un moteur fort de la stratégie actuelle. «Nous nous préparons à doter l’Ortc d’équipements de qualité pouvant assurer la couverture d’évènements de grande envergure comme les jeux des îles», souligne-t-il, précisant que la diffusion de la Coupe d’Afrique des nations 2025 fait aussi partie des priorités techniques.
Pour les cinq prochaines années, les projets ne manquent pas : digitalisation des archives, création d’une unité de formation interne, diversification des programmes, amélioration continue des équipements. «La mise en place du statut du personnel de l’Ortc et le renforcement des capacités de nos agents restent au cœur de nos priorités », confie Hablani Assoumani.Enfin, les travaux de réfection de la toiture de l’Ortc, endommagée par la foudre, seront bientôt lancés, avec un financement de 100 millions débloqué par le gouvernement. « 40 % de ce budget est déjà versé à l’entreprise en charge des travaux», conclut le directeur général qui a remercié l’Etat « pour son accompagnement constant » en faveur de l’Office de la radio et de télévision.