Cela fait exactement 20 ans, depuis que Ahamada Mohamed (Gauthier), enseignant de philosophie au lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni a rendu l’âme. C’était dans la nuit du 8 au 9 décembre 2001. A cette occasion, le lycée de Moroni, en collaboration avec le collectif d’enseignants de philosophie (Cephi),a organisé une cérémonie commémorative pour rendre hommage à cet enseignant “chevronné”, selon les uns, “hors pair”, pour les autres. Plusieurs enseignants et anciens proviseurs y étaient conviés, notamment Ismael Ibouroi, un ancien collègue du regretté.
Dans son mot de bienvenue, le proviseur du lycée Saïd Mohamed Cheikh, Mohamed Ali Abdallah, a tenu à remercier les initiateurs de cette cérémonie, à la tête desquels le collectif des enseignants de philosophie (Cephi), “qui ont voulu rendre hommage à cette figure emblématique de l’enseignant comorien”. “Ahamada Mohamed (Gauthier a tout donné pour le métier d’enseignant, pour la philosophie et pour le lycée de Moroni, sa famille”, a rappelé le proviseur s’identifiant parmi les fruits du travail fourni par l’ancien enseignant de philosophie.
Pour sa part, le président du Cephi, au nom de ses collègues, a remercié les personnalités qui ont fait le déplacement pour honorer la mémoire d’Ahamada Mohamed Gauthier. Fumbunien d’origine, Nasserdine Nadhoiri a dressé la biographie de cet ancien “philosophe” né en 1954, qui aurait aujourd’hui 67 ans.
Perpétuer la mémoire des grands noms de l’enseignement
A son tour, l’ancien élève, collègue et voisin du regretté, Aboubacar Boina, a livré un témoignage émouvant. C’est ainsi qu’il est revenu sur “l’attachement fort” de Fundi Gauthier à l’enseignement de la philosophie. Il a surtout saisi l’occasion pour souligner la précarité qui entoure le métier d’enseignement, l’absence d’assurance maladie et le manque de reconnaissance dans le domaine.
Chose que Ismael Ibouroi, directeur de l’Ecole privée Muigni Baraka, a tenu, lui aussi, à en parler. Après ses remerciements aux organisateurs de cette cérémonie commémorative, le directeur de l’Ecole privée Muigni Baraka a fait savoir que son “frère, ami et collègue” a vécu “douloureusement la vie de l’enseignant”, malgré son “fort attachement” aux Comores. “Il (Gauthier, ndlr) avait la nationalité française, il était binational, mais il aimait beaucoup ce pays. Comme d’autres collègues, il a eu un fort impact dans ce lycée”, a-t-il insisté regrettant que Fundi Gauthier “n’était pas considéré à sa juste valeur”.
Pour Ismael Ibouroi, Ahamada Mohamed (Gauthier) dénotait l’expression vivante du désenchantement intellectuel qui fait souffrir les enseignants. “Il est l’exemple instructif de ce parcours intellectuel”, a-t-il illustré. Ismael Ibouroi a saisi l’occasion pour demander aux enseignants qui exercent actuellement au Lycée de Moroni de transmettre l’amour de la philosophie et l’enseignement à leurs élèves. “Sinon on risque dans les années à venir de ne pas avoir d’enseignants de philosophie”, a-t-il fait remarquer.
Pour ce qui est de la mémoire de Gauthier, le directeur de Muigni Baraka a appelé toute personne qui détient un texte de Fundi Gauthier, surtout ceux publiés dans La Gazettes des Comores ou dans Archipel, à les rassembler pour en faire un livre qui sera publié en hommage “à cette grande figure de l’enseignement comorien”.
Invité à faire son témoignage, l’ancien proviseur Mohamed Abdoulhamid a refusé de dire quoi que ce soit sachant qu’une partie entière de son prochain livre sur sa vie est dédiée à ses collègues, notamment Ahamada Mohamed (Gauthier). “Je risque de dire ce que j’ai dit dans mon prochain livre, alors je m’excuse de ne rien dire sur mon frère Ahamada Gauthier, je vous invite ainsi à lire le livre qui sortira sou peu”, a-t-il déclaré.
Contrairement à son prédécesseur, l’ancien proviseur Abdourahim Saïd Bacar a, quant à lui, appelé à perpétuer cette initiative de rendre hommage aux heros de l’enseignement comorien. “Pendant mon passage ici, au lycée de Moroni, j’ai nommé l’ancien réfectoire du lycée et la bibliothèque, respectivement Salle d’étude Ahmed Anzi et bibliothèque Ahamada Mohamed Gauthier. Ce serait mieux si les noms des autres grands enseignants comme Souef Mohamed (Mihidjahi) soient mentionnés quelque part ici, dans leur maison”, a-t-il sollicité.