logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

29 mai 2018, quatre décennies après l’assassinat de Mongozi

29 mai 2018, quatre décennies après l’assassinat de Mongozi

Société | -   Contributeur

image article une
Il y a exactement 40 ans depuis qu’Ali Soilihi Mtsashiwa a rejoint son Seigneur dans les célestes prairies. Un lâche assassinat qui a mis fin à la période révolutionnaire de Mongozi. A 40 ans, c’est l’âge où un homme, après de dures épreuves de la vie et de multiples expériences, commence à «mûrir», à prendre conscience vraiment de son être et à assumer certaines responsabilités. De même la plupart des grands hommes, les plus illustres ,à l’instar de notre Prophète Muhammad (que la paix de Dieu soit sur Lui), ont reçu la mission divine avec les enseignements que nous connaissons.

 

En quatre décennies, on peut se faire un bilan ou le bilan de quelque chose d’important parce que tant de chemins ont été parcourus dans tous les domaines, surtout que dans notre pays la majorité de la population actuelle n’a pas connu l’ère «mongozienne».N’est-il pas temps de lui apprendre, de lui dire exactement ce qui s’est réellement passé ? Que reste-t-il encore aujourd’hui de cette période et des idées de celui qui a dirigé les Comores dès janvier 1976 à mai 1978 ?

Des avis divergents

Les avis divergent; pour les uns, ils considèrent le régime soilihiste de «spécial» voire d’exceptionnel avec la vie moins chère, le développement de l’agriculture et l’importance sur les produits locaux, la mise en œuvre des pistes qui servent actuellement de routes, la formation des jeunes dans certaines filières techniques à Ndzuani, la construction des bâtiments qui servent pour l’administration comme la préfecture de Moroni ou autres collèges de différentes régions de l’archipel, et j’en passe encore...

Pour d’autres, en revanche, à cause de la suppression du grand mariage, la lutte contre toutes formes de charlatanisme, la privation des droits élémentaires comme la liberté d’association ou d’expression, sans oublier les abus et les brutalités perpétrés par certains membres des comités et des soldats issus des commandos Moissi, ils le qualifient de fasciste et d’effroyable… Qu’importe le jugement des uns et des autres, le temps passe…impitoyablement.

Des dépenses ostentatoires

Les Comoriens âgés de 55-60 ans et plus se posent une série d’interrogations sur l’après Soilihi. Les régimes successifs, en commençant par les tombeurs du père de la révolution, ceux qui ont instauré la République fédérale islamique des Comores avec le règne tragique des mercenaires, le plus long de notre jeune histoire, puis ceux de l’Union des Comores, expérience unique et insolite avec une présidence tournante entre les îles, assistée des  trois vice-présidents et des gouverneurs élus. A part le gouvernement de l’Union et l’Assemblée nationale, nous avons de surcroit plusieurs commissaires des îles autonomes et des conseillers insulaires, ce qui a engendré des dépenses ostentatoires et insupportables vu les maigres moyens dont nous disposons.

Il parait que ce nouveau système a permis à une poignée de «bienheureux» de s’enrichir grâce à la vente des passeports comoriens à des tribus arabes étrangères au mépris de la population. Raison pour laquelle de nombreux gens se plaignent et se demandent où le pays se dirige s’il s’agit d’échanger d’équipe pour gouverner la nation selon leur volonté et leurs convictions sans tenir compte des problèmes qui assaillent la population dans sa vie quotidienne. Chacun se torture dans son coin avec une vision pessimiste tout en se demandant de quoi sera fait demain, avec ses préoccupations parmi lesquelles la vie chère, des salaires dérisoires, un chômage galopant, une délinquance inquiétante et tant d’autres encore.

Un plan quinquennal

Le temps passe…inexorablement. Selon certains milieux intellectuels, Ali Soilihi avait un objectif à atteindre. Son plan quinquennal, gage de réussite et de prospérité, était basé sur l’autosuffisance alimentaire, pour lui il était impossible de travailler, d’étudier et même de prier sereinement si on ne mangeait pas à sa faim. Il répétait inlassablement que notre combat c’était de lutter contre la faim, l’ignorance et le sous-développement. Donc il fallait mettre l’accent sur la production alimentaire locale de base et en ne comptant que sur nos propres forces.


D’autres, ses successeurs, ont vu d’une autre façon comment «nourrir» la population et s’occuper d’elle. Ils se sont tournés vers l’importation massive, autrement dit une économie qui dépendait exclusivement de l’extérieur et ce qui allait leur permettre de monopoliser et l’économie et le commerce indubitablement. Et la suite ?
Aujourd’hui, nous constatons une autre catégorie de richards qui fleurissent grâce également au commerce, à la construction et autres entreprises qui poussent avec peu ou prou un certain bonheur     limité, malgré de nombreux jeunes diplômés et formés qui peuvent contribuer à leur manière et à leur tour au développement du pays et qui sont hélas négligés voire ignorés.


Dernièrement, des assises nationales ont eu lieu sur le bilan des quatre décennies de notre indépendance. Des recommandations ont été dégagées et retenues, à mon sens. La population attend avec impatience leur concrétisation. L’espoir devrait renaitre selon une certaine volonté et d’optimisme. Parce qu’il est impossible de revenir en arrière, donc une nouvelle voie s’impose, de nouvelles méthodes à adopter si, effectivement, nous voulons émerger, comme nos voisins sans nul doute.
Soilihi a vécu avec sa révolution. Le temps de l’informatique et autres techniques gagne du terrain partout et il a besoin d’une autre révolution de comportement et d’adaptation pour satisfaire ceux qui suivent le train en marche et qui veulent aller de l’avant pour rattraper les autres, certainement et d’être, en fin de compte, comme eux, pourquoi pas !
                                                                              
Abdillah Mohamed,
enseignant

Commentaires