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2ème commémoration du décès de Saïd Solihi

2ème commémoration du décès de Saïd Solihi

Société | -   Dayar Salim Darkaoui

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C’est par la lecture de la sourate Yasin que s’est ouverte, vendredi 3 mai au foyer Pêche Musique d’Ikoni, la deuxième commémoration du décès de Saïd Solihi. Le linguiste comorien a tiré sa révérence, la matinée du mercredi 26 avril 2017, à Mayotte où il enseignait le français.

 

L’événement a réuni proches et amis du défunt, qui sont revenus tour à tour sur sa vie et son œuvre. A commencer par le journaliste de l’Ortc, Ibrahim Ali Said Félix, qui s’est attardé sur les contributions de Saïd Solihi au développement de la ville d’Ikoni, d’où est originaire sa mère. Le regretté a été enseignant de français puis directeur du collège de la ville, après sa sortie de l’Ecole nationale d’Enseignement supérieur de Mvuni (Enes). « J’ai eu à le côtoyer en classe de cinquième lorsqu’il était mon directeur », se souvient-il. Selon lui, Saïd Solihi « a su rehausser l’image du collège d’Ikoni. L’établissement regroupait nombre d’élèves turbulents qu’il a su canaliser ». Ibrahim Ali Said Félix cite, parmi les réalisations de Saïd Soilihi, la mise en place de la coopérative du collège, la promotion du théâtre et de la chanson twarabu. « Il écrivait des chansons pour l’orchestre Hubu al watwan ». A cela, il faut ajouter le lancement de l’hebdomadaire Bishio.

« Je lui dois mon intérêt pour la politique », a-t-il déclaré, faisant allusion à l’ancien membre du Front démocratique (Fd), parti au sein duquel il s’était porté candidat à la députation.

Mais le plus grand combat de Saïd Solihi, souligne-t-il, reste la préservation de la langue comorienne.

Il m’a inculqué cette envie d’apprendre et d’écrire la langue comorienne. Il disait que toute la culture d’un homme repose sur sa langue. L’on ne pense et agit que par la langue. La culture ne peut s’épanouir sans la langue », le cite celui qui se considère comme « un des produits que le Dr Said Soilihi a laissé à la ville d’Ikoni ».

 

Digne d’un intérêt national

Saïd Soilihi a fait des études de Lettres modernes à l’Université d’Aix Marseille. Il est titulaire d’un Diplôme d’études approfondies (Dea) en langage et parole et d’un doctorat en linguistique. « La langue française dans l’archipel des Comores : statut, usages et pratiques de la langue », tel est l’intitulé de sa thèse. Il est auteur de plusieurs livres dont “Pratique de la conjugaison du comorien” ou encore “Les déclinaisons des verbes comoriens”.

C’est sur ce point qu’a insisté le lieutenant Ahmada Ibrahim, un de ses proches. « Il vouait beaucoup d’intérêt à la langue comorienne. Un jour il m’avait fait part de son inquiétude de la voir disparaitre. Il voulait trouver un moyen de la préserver et souhaitait que la grammaire française soit enseignée en comorien pour que les élèves comprennent mieux le français et qu’ils pratiquent en même temps le comorien ». Pour lui, «il n’y a pas plus grande honte que la méconnaissance de sa langue».

Ahmada Ibrahim évoque « un homme de bon cœur, qui ne haussait jamais le ton, s’engageait profondément dans ce qu’il faisait et, surtout, mû par la volonté de transmettre ses connaissances ».

Chargé du mot de la fin, Djamaldine Mohamed Ibrahim, un des organisateurs de l’événement, a émis le souhait de voir cette journée être célébrée au niveau national. Mais, également, de voir le nom de Said Soilihi être attribué au Centre de lecture et d’animation culturelle (Clac) d’Ikoni « en guise de reconnaissance à ce qu’il a apporté à notre ville et au pays ». Tout l’intérêt de cette commémoration, selon l’ancien directeur général du Centre national de documentation et de recherches scientifiques (Cndrs), Abdallah Nouroudine, est « que l’œuvre de Saïd Soilihi soit un exemple pour la génération présente et celle à venir ».

 

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