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3 août 1975 : héritage d’une révolution oubliée mais vivace

3 août 1975 : héritage d’une révolution oubliée mais vivace

Société | -   Mhoudini Yahaya

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Avec le cinquantenaire du 3 août 1975, des voix s’élèvent pour raviver la mémoire d’un moment fondateur de l’histoire comorienne, entre réformes audacieuses et rêves inachevés.

 

Le Front patriotique swalihiste (Fps) a organisé, dimanche 3 août dernier au foyer Awuladil Komor, une conférence commémorative consacrée à l’héritage du 3 août 1975. Objectif : rappeler les fondements politiques du régime révolutionnaire d’Ali Soilihi, présenter les réformes mises en œuvre dans les domaines de l’État, de l’éducation, de la santé, de l’économie et de la participation citoyenne. Cette rencontre a aussi permis de questionner l’héritage actuel de cette période historique (souvent occultée mais toujours vivace dans les consciences) et d’annoncer les initiatives prévues pour les 50 ans du 3 août, en 2025 : expositions, tables rondes, productions audiovisuelles et publications.


Dans son intervention, le professeur Djaffar Mmadi est revenu sur les trois années d’expériences fondatrices et la tentative de refondation de l’État. Selon lui, Ali Soilihi avait engagé «une rupture » avec les structures héritées de la colonisation en instaurant une gouvernance nouvelle fondée sur une loi fondamentale, une administration allégée et décentralisée, et une souveraineté assumée malgré le retrait brutal de l’aide française. Il a également évoqué la volonté de proximité administrative à travers les wilaya, bavu et mudiria.


«Le 13 mai 1978, le régime a été renversé par un coup d’État orchestré par des mercenaires français. Ali Soilihi a été assassiné quelques jours après, ainsi que plusieurs figures de la révolution. Cette rupture violente a ouvert une longue période d’instabilité. Mais l’expérience du 3 août continue d’inspirer un imaginaire de justice sociale, une aspiration à la souveraineté réelle, et nourrit une mémoire collective en quête de reconnaissance», a-t-il déclaré.

Une foi révolutionnaire inébranlable

Invité en tant que témoin de l’époque, l’ambassadeur Soultoine Chouzour a dressé le portrait d’un Ali Soilihi habité par une foi révolutionnaire radicale et inébranlable. «Il voyait les Comores comme un pays archaïque, dominé par un système ultraconservateur freinant les élans de la jeunesse. Il fallait en finir avec ce modèle pour sortir du sous-développement, instruire le peuple, soigner les populations et impulser un développement réel», a-t-il affirmé.


L’ambassadeur a cité plusieurs réformes lancées à l’époque, notamment dans les secteurs agricole, éducatif et sanitaire. Sur la santé, il a rappelé que les Comores faisaient partie des rares pays africains à avoir compris l’importance de la santé de base : hygiène, prévention, lutte contre les épidémies. Deux directions distinctes avaient été créées : la santé hospitalière et la santé communautaire. «Ces structures existent encore aujourd’hui, du moins partiellement», a-t-il précisé.Concernant l’éducation, Soultoine Chouzour a salué « la volonté du régime d’alors de démocratiser l’accès à l’école pour tous les enfants en âge d’être scolarisés». Il a aussi souligné l’importance accordée à l’enseignement technique et professionnel, orienté vers les besoins concrets du développement.

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