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3 questions à Mohamed Kouraichi Saïd Hassani, expert en développement durable I «Aligner les défis des Odd avec le Plan Comores émergent»

3 questions à Mohamed Kouraichi Saïd Hassani, expert en développement durable I «Aligner les défis des Odd avec le Plan Comores émergent»

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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Après l’élaboration des Plans de développement durable des communes de Jimlime, Nguwengwe et Moya, Mohamed Kouraichi Saïd Hassani, assistant technique international de l’Oif et expert en développement durable, a souligné les priorités communes exprimées par les trois municipalités bénéficiaires à savoir l’eau, le logement, les transports, la sécurité des services publics et le patrimoine culturel.

 

A la fin des années 2000, l’Union des Comores s’était engagé dans l’élaboration de «Plans de développement local» (Pdl). Aujourd’hui, l’Oif propose des «Plans de développement durable des communes». Quelle est la différence entre ces deux programmes ?

Les Comores ont déjà bénéficié du soutien d’institutions internationales et nationales pour mettre en place des «Plans de développement locaux» sur une période de trois à cinq ans. Ces plans présentent des synergies avec la vision actuelle des «Plans communaux de développement durable» (Pcdd), une initiative de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Les deux approches s’inscrivent dans une démarche de développement local impliquant les parties prenantes pour aboutir à des projets prioritaires au profit des communautés. Cependant, depuis 2015, la communauté internationale a adopté le «Programme de développement durable à l’horizon 2030», qui comprend 17 objectifs de développement durable (Odd) et 169 cibles.


En septembre 2015, les États membres des Nations Unies ont adopté ces ODD, s’engageant à les mettre en œuvre à travers des stratégies, plans et projets nationaux. Pour cela, ils doivent relever trois défis principaux : méthodologique, institutionnel (gouvernance) et financier. L’opérationnalisation de ces Odd exige une approche méthodologique efficace, avec des outils adaptés aux contextes social, économique et environnemental de chaque territoire. L’approche des Plans de développement durable des communes, développée par l’Oif, a pour but non seulement de répondre à ces défis internationaux, mais aussi de cadrer les planifications locales avec la stratégie nationale, en l’occurrence le Plan Comores émergent initié par le chef de l’État.

Cette approche utilise une méthodologie qui permet aux parties prenantes de définir leurs priorités de manière consensuelle, en tenant compte des enjeux sociaux, économiques et environnementaux qui les concernent directement. Elle favorise l’appropriation du plan par la population, encourageant ainsi sa contribution à sa mise en œuvre. La démarche de l’Oif vise également à cibler des projets concrets à impact rapide. Au moins l’un de ces projets bénéficie d’un financement initial pour créer une dynamique et mobiliser des ressources pour les autres projets.

Pourquoi cette initiative se limite seulement à trois communes dont deux à Ndzuani et une seule à Ngazidja ?


L’initiative actuelle est un projet pilote financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Oif. Le choix des communes a reposé sur trois critères, définis en collaboration avec le projet Pacte Vert-Bleu. D’abord, la commune devait être située dans les zones d’intervention prioritaires du Pacte Vert-Bleu, établies conjointement par l’Union européenne et le gouvernement comorien. Ensuite, elle devait être riveraine d’un parc national ou d’une réserve marine. Et enfin, elle devait démontrer une forte cohésion communautaire et une grande capacité de mobilisation.


La commune de Nguwengwe à Ngazidja, composée d’une dizaine de localités, est riveraine de la réserve marine abritant le cœlacanthe et du parc national du Karthala. Elle jouit d’une excellente réputation de cohésion sociale et de forte capacité de mobilisation. Celles de Jimlime et Moya à Ndzuani, quant à elles, bordent d’importants parcs nationaux et réserves marines. Nous espérons que le projet s’étendra par la suite aux autres communes du pays.

3. Vous avez organisé, au sein de ces communes, des ateliers sur l’élaboration de leurs plans de développement durable. Quels sont les constats établis à l’issue de ces travaux techniques ?


Les données recueillies lors des ateliers de cadrage et de priorisation des cibles des Odd sont en cours d’analyse. Cependant, nous pouvons déjà dresser quelques constats globaux qui lient ces trois communes. D’abord, le nombre d’enjeux urgents ou prioritaires soulevés est très proche, se situant dans une fourchette de 75 à 88. Ensuite, deux Odd principaux, l’Odd 6 (accès à l’eau et à l’assainissement) et l’Odd 11 (villes et établissements humains durables), sont priorisés de manière similaire par les trois communes.
Ces objectifs visent les besoins essentiels de la population : l’eau, le logement, les transports, la sécurité des services publics, le patrimoine culturel, etc. Dans un contexte de pauvreté, il est tout à fait normal que la population hiérarchise ses besoins en plaçant en priorité les services essentiels à sa vie quotidienne. On retrouve d’ailleurs pratiquement les mêmes enjeux dans la plupart des villes et communes des Comores et d’ailleurs en Afrique ayant réalisé cet exercice.

 

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