Le président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine (Ua) Azali Assoumani a insisté sur la lutte contre les violences faites aux femmes. «Le moment est venu d’agir différemment, en donnant aux femmes les places qu’elles méritent dans nos sociétés, afin que nous puissions, ensemble, hommes et femmes, investir, de façon inclusive, dans le développement de nos pays et de notre continent». Le chef de l’Etat a été élu «champion des de droits de la femme» par l’association des femmes leaders africaines.
C’est une cérémonie riche en engagements en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants et les droits de la femme. La troisième Conférence des hommes et femmes leaders africains sur la masculinité positive a été ouverte hier à Moroni. Plusieurs hautes personnalités du pays et du continent ont été présentes à l’hôtel Le Retaj.
Cet évènement de haut niveau a été marqué surtout par la présence du président en exercice de l’Union africaine, la présidente de la République d’Ethiopie, des vices présidentes des sénatrices, des députés et des ambassadeurs et représentants des organisations internationales accréditées aux Comores et un parterre des femmes leaders comoriennes. Le thème choisi pour cet évènement est «Stimuler l’engagement en faveur de l’autonomisation économique des femmes et mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles».
Le président Azali renouvelle son engagement à lutter contre les Vbg
Dans son discours, le président Azali Assoumani a renouvelé son engagement en faveur du combat de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. «Nous sommes réunis ici, pour susciter, une fois encore, une prise de conscience collective contre les violences faites aux femmes et aux filles.
A cet égard, je me réjouis de voir que les hommes aux Comores, qui ont toujours évolué, dans le cadre d’un système matriarcal, et matrilinéaire positif et la religion musulmane sont déjà dans cette dynamique», a-t-il déclaré avant d’appeler à un réveil pour «faire de la masculinité positive un nouvel outil, en faveur d’une société, au sein de laquelle les femmes et les filles pourront s’épanouir, dans la sérénité, et contribuer pleinement au développement durable de notre continent».
«Tout ce qui ne se conjugue pas au féminin n’est pas digne de foi».
Le chef de l’Etat s’est réjoui que «la femme comorienne ainsi que ses enfants, dont elle garde, ne se retrouvent jamais à la rue». À l’entendre, cela constitue «un acquis majeur pour notre pays, qu’il faut préserver, précieusement». Et en matière de protection des femmes et des filles, «les Comores disposent d’un cadre légal qui permet à la femme comorienne de bénéficier des mêmes droits que les hommes». Il affirme que «les femmes disposent des mêmes droits que les hommes aussi bien dans l’administration et le monde du travail, que dans les postes de responsabilités».
De son côté, la présidente de l’Ethiopie est revenue sur l’engagement de la femme africaine à créer les conditions essentielles à son émancipation. Elle reconnait « des progrès », se félicitant que les femmes réussissent à occuper de hautes fonctions de l’Etat même si elle appelle à poursuivre encore le combat. «L’Afrique ne peut s’en sortir que lorsque nous œuvrons ensemble. Les femmes à l’heure actuelle occupent des postes importants, c’est vrai ; le fait que je sois ici présent en tant que présidente de l’Ethiopie l’atteste. Mais, nous sommes loin du compte. La représentation des femmes doit s’accompagner par la détention du pouvoir. Pouvoir de décider, pouvoir d’actions et pouvoir de direction. Malgré les progrès, il reste beaucoup de chemin à parcourir. C’est pour cela qu’il faut redoubler les efforts pour y arriver».
L’ambassadeur des Comores à l’Unesco, Mohamed Bajrafil a tenu à souligner la place de la femme dans la religion musulmane. Il a parlé du philosophe et penseur musulman, Ibn Arabi qui avait dit que «tout ce qui ne se conjugue pas au féminin n’est pas digne de foi», selon ses termes. «L’autonomisation des femmes est le seul chemin par lequel l’humanité gagnera son salut. Regardons dans nos belles coutumes, combien la femme est honorée. Femme, tu n’es pas un moyen, mais bien une fin à atteindre. Tu n’es pas derrière l’homme. Tu es souvent devant lui», a souligné le théologien.
Mohamed Bajrafil a défié ceux qui avancent l’idée que l’Islam interdit les femmes à gouverner. Il affirme que le Coran a honoré les efforts des femmes qui gouvernent. «Au nom de l’Islam chers amis, on voudrait nous faire croire que la femme est incapable de gouverner, ou d’être juge. Je me demande, des fois, quel livre, nous, musulmans, lisons pour affirmer pareilles choses ? » Se demande-t-il toute, exemple à l’appui. «Nous venons d’entendre les versets, du Coran, parlant de la Reine de Saba, une région qui se trouverait, selon les historiens au Yémen ou en Ethiopie.
Le Coran salue son intelligence, en tant que guide, et surtout comment elle a réussi à conduire son peuple vers le salut. Combien d’hommes, à part les prophètes, ont conduit leurs peuples au salut, selon le Coran ? », ajoute le prêcheur.
De son côté, la présidente de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (Cndhl), Sittou Raghadat Mohamed qui parlait au nom du ministre de la Santé et de la femme comorienne a souligné que «la seule chose qu’il faut retenir de la masculinité positive, s’il ne devait y en avoir qu’une, c’est qu’elle est un appel à la concertation, à la compréhension mutuelle et au respect mutuel entre hommes et femmes, en mettant en avant l’idée que les hommes doivent jouer un rôle majeur dans la promotion des droits des femmes. Car les hommes faisant partie du problème, ils se devaient de faire partie de la solution».