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47ᵉ anniversaire du décès d’Ali Soilihi I La mémoire du Mongozi toujours vivante

47ᵉ anniversaire du décès d’Ali Soilihi I La mémoire du Mongozi toujours vivante

Société | -   Maoulida Mbaé

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La localité de Shuani a commémoré, jeudi dernier, le 47ᵉ anniversaire de l’assassinat d’Ali Soilihi, ancien président et figure emblématique de la révolution comorienne. Proches, anciens collaborateurs, figures politiques et religieuses ont fait le déplacement pour lui rendre hommage à travers une lecture collective du Coran.Ce moment de recueillement a également été l’occasion de raviver le souvenir d’un homme d’État dont la vision continue de marquer l’histoire politique du pays.


Au cours de la cérémonie, plusieurs témoignages ont salué l’engagement et les réformes entreprises par celui que l’on surnommait le Mongozi (le guide). Parmi ces témoignages, celui de l’ancien ambassadeur Soultoine Chouzour, compagnon de route d’Ali Soilihi dès les premières heures de son accession au pouvoir, s’est distingué. Selon ce dernier, Ali Soilihi était un leader exceptionnel, doté d’une vision claire pour l’avenir des Comores. Grand intellectuel passionné de lecture, le Mongozi avait pour habitude, d’après lui, de s’isoler chaque samedi, en compagnie de son café et de ses cigarettes, pour lire et réfléchir, afin de mieux préparer sa gouvernance. «Il se préparait sérieusement à gouverner», a souligné l’ancien diplomate.

Toujours selon lui, dans l’élaboration de son programme politique, Ali Soilihi s’était inspiré des grandes transformations à l’œuvre dans d’autres pays : en Turquie avec Atatürk, en Algérie avec Boumédiène, ou encore en Chine avec Mao Zedong. «Cependant, a-t-il précisé, Ali Soilihi ne cherchait pas à copier ces modèles. Il était conscient que notre histoire et notre culture sont uniques. Son objectif était d’adapter les grandes idées aux réalités comoriennes », a-t-il affirmé. Autre trait marquant du Mongozi, selon toujours Chouzour : sa grande capacité d’écoute et son refus de l’improvisation. «Avant toute grande décision, il réunissait tous les cadres de ce pays à Mrodjo pour recueillir leurs avis», a-t-il expliqué.


Pour l’ancien ambassadeur à la retraite, Ali Soilihi était un homme en avance sur son temps, notamment sur des questions cruciales telles que la réforme de l’éducation, la réforme agraire ou encore la lutte contre le changement climatique. «Mais surtout, Ali Soilihi savait s’entourer des bonnes personnes, quelles que soient leurs divergences d’opinion», a-t-il ajouté. En exemple, il a rappelé la prestation marquante du religieux Mouigni Baraka devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, en janvier 1976. Ce discours, véritable réquisitoire contre l’occupation illégale de Mayotte par la France, avait été prononcé en anglais et avait résonné dans toutes les grandes capitales du monde. Il témoigne, d’après lui, de l’influence et de la portée internationale de la vision portée par Ali Soilihi.


Souvent perçu comme un révolutionnaire audacieux, Ali Soilihi avait entrepris de profonds changements sociaux, économiques et culturels durant son court mandat (1975-1978), jusqu’à son renversement tragique et son exécution par les mercenaires dirigés par Bob Denard.Aujourd’hui, malgré les controverses, il continue de susciter admiration et débats, notamment pour son engagement en faveur de l’éducation, de la laïcité et de la modernisation de l’État comorien. Cette commémoration à Shuani s’est ainsi voulue non seulement un moment de recueillement, mais aussi un appel à se souvenir du projet d’un homme qui, en son temps, avait rêvé d’un avenir différent pour les Comores.

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