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48 ans d’indépendance, mais à quand l’indépendance énergétique ?

48 ans d’indépendance, mais à quand l’indépendance énergétique ?

Société | -   Nazir Nazi

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Pendant plus de vingt ans, le gouvernement comorien a investi dans l’acquisition de plus de trente groupes électrogènes. Cependant, cette dépense considérable n’a pas permis de résoudre le problème des délestages de l’électricité auxquels la population comorienne est confrontée.

 

Quarante-huit ans après notre accession à l’indépendance, l’indépendance énergétique demeure un défi non résolu. Les délestages électriques persistent, mettant la population comorienne dans une situation précaire. Lors de sa conférence de presse d’ avant hier, le président de la République, Azali Assoumani, a reconnu que la question énergétique était un projet majeur et a plaidé pour une éradication rapide des délestages. « Les délestages se font ressentir partout. L’énergie est la priorité absolue pour notre projet de développement. J’espère que nous parviendrons à l’autonomie énergétique dans les dix prochaines années », a-t-il déclaré.


Malgré l’organisation d’assises nationales ayant pour thème « En route vers l’indépendance énergétique » et la définition d’une stratégie nationale de l’énergie pour les années à venir, le pays peine à garantir une sécurité énergétique. Pourtant le secteur de l’énergie, en particulier la production et la distribution d’électricité, bénéficie de subventions de l’État, de projets et de prêts bancaires abondants. Et les sociétés se sont succédé, de l’Eedc (Electricité et eau des Comores), à la Sonelec (Société nationale de l’électricité) en passant par la Cee (Comorienne de l’eau et de l’électricité) et la Ma-mwe (Madji na mwendje), sans qu’aucun résultat probant n’ait été obtenu. Des assises nationales et des études approfondies ont été réalisées, mais elles n’ont pas abouti à des solutions concrètes.

Manque d’anticipation

La stratégie nationale de l’énergie a été publiée, mais elle est mal adaptée et constamment remise en question en raison des pressions exercées par les acteurs impliqués. Selon des experts du domaine, la mise en œuvre de la stratégie du secteur est inversée. En effet, au lieu de prioriser une source d’énergie de base, telle que des groupes électrogènes à vitesse lente ou des groupes fonctionnant au fuel lourd, on accorde une priorité malheureuse à l’énergie solaire, qui est une source intermittente. Cela va à l’encontre de ce qui avait été prévu. Actuellement, l’énergie solaire offre seul un espoir d’une puissance installée de 24 mégawatts, avec une capacité de stockage d’environ 30 mégawattheures une fois que tous les projets photovoltaïques seront opérationnels dans le pays.


Cependant, il y a un manque d’anticipation en ce qui concerne l’entretien du système. Bien que le pays bénéficie actuellement d’un taux d’électrification élevé, sa capacité de production reste instable. Comme le font remarquer les techniciens, « nous nous procurons des groupes électrogènes dont les caractéristiques ne correspondent pas à celles d’une centrale électrique. Ce sont des groupes de secours de 1 500 tours à vitesse rapide, alors que ceux dédiés à une centrale doivent tourner à une vitesse lente de 750 tours ». On peut imaginer la consommation de diesel engendrée par ces groupes à vitesse rapide et les fréquentes révisions nécessaires. Au-delà des parcs de production, la question épineuse de la distribution a un impact considérable sur les zones à alimenter en électricité. La vétusté du réseau pose aussi problème, même lorsqu’il s’agit d’intégrer les énergies renouvelables dans le système existant. En 2022, on compte 1 659 déclenchements à Ndzuani, et en 2021, dans les centrales électriques de Ngazidja, on dénombre 679 déclenchements qui ont nécessité 276 heures pour rétablir le courant, soit l’équivalent de 11 jours complets d’obscurité.

Réhabilité de réseau

Le réseau, qui est ancien, doit être réhabilité et renforcé à un rythme équivalent à celui de la production d’électricité.Il est ironique de constater que des milliards de francs comoriens sont continuellement investis dans l’acquisition de groupes électrogènes. Ces sommes colossales sont dépensées pour se procurer de faux antidotes, au détriment de l’économie du pays. Pour ne citer que les cas les plus récents, même si l’on prétend qu’il s’agit ou non de « fonds propres » du pays.


Prenons l’exemple des trente groupes électrogènes acquis en l’espace de vingt ans. En août 2022, le pays a dépensé 3 144 000 euros (soit 1,5 milliard de francs comoriens) pour l’achat de trois groupes électrogènes et de six radiateurs. En janvier 2021, deux autres groupes ont été achetés pour un montant de 1 137 101 dollars. De plus, en mars 2019, grâce à un financement de 4 milliards de francs comoriens du Fonds Abu Dhabi, le pays a renforcé le secteur de l’énergie avec l’acquisition de sept groupes électrogènes, cent soixante-dix transformateurs électriques, huit cents poteaux électriques et deux cents kilomètres de câbles.

Dépenses excessives

En janvier 2017, treize groupes électrogènes ont été achetés, ainsi qu’une mini-centrale électrique destinée à isoler l’aéroport international Prince Saïd Ibrahim (Aimpsi) du réseau de Ma-mwe. Cette acquisition a coûté deux milliards de francs comoriens, privant ainsi les fonctionnaires de l’État de deux mois de salaire. Paradoxalement, le pays a également réceptionné cinq groupes fonctionnant au fuel lourd grâce à un prêt bancaire de 41 millions de dollars (soit environ 15 milliards de francs comoriens) de la Banque Exim Inde. Malgré cette importante somme d’argent engagée, ces groupes, d’une capacité de production de 18 mégawatts, risquent malheureusement de se rouiller. De plus, le pays est lié à ce prêt sur une durée de remboursement de vingt-trois ans.Il est évident que ces dépenses excessives dans l’acquisition de groupes électrogènes ont un impact néfaste sur l’économie du pays. Il est essentiel de repenser ces investissements et de trouver des solutions plus durables pour répondre aux besoins énergétiques des Comores.

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