Les drapeaux comorien et kenyan claquaient fièrement à Moroni ce 6 juillet, jour marquant les 48 ans de l’accession des Comores à l’indépendance. Pour l’occasion, la Place de l’Indépendance était pimpante.Il y avait même des arbres « de noël », selon l’expression consacrée par des Comoriens à l’ironie mordante, qui s’illuminaient nuitamment. Ce jeudi, comme tous les ans, les citoyens étaient déjà là alors que le soleil n’avait pas encore pointé le bout de son nez, pour vivre la fête, debout et patients. Certains observateurs ont tout de même noté une affluence amoindrie comparée aux années précédentes.Si les invités ont commencé à se présenter dès 06h00 du matin, le convoi de l’hôte de marque, William Ruto, président kenyan, a été annoncé aux environs de 08h07 par la journaliste Moina Djoumoi Papa, qui animait la cérémonie. Il a été suivi peu de temps après par le chef de l’Etat, Azali Assoumani. La commémoration pouvait alors commencer sous l’œil des corps armés déployés tout le long de la place.
Azali Assoumani, en chef suprême, a procédé lentement à la revue de ses troupes. Ensuite, un homme a lu des versets du coran. Le Grand Mufti, économe de ses mots, s’est fendu par la suite d’une allocution, évidemment courte. « Nous devons sauvegarder la paix qui est notre bien le plus précieux », a-t-il notamment dit.
a souligné le caractère «inédit» de cette fête qui a vu la participation du voisin kenyan. Puis il a dit sa «reconnaissance au chef de l’Etat pour ce qu’il a entrepris pour le développement du pays».Traditionnellement, le maire de la capitale des Comores adresse un message de bienvenue aux participants. Ce 6 juillet n’a pas dérogé à la règle. Abdoulfatah Mohamed, revenu de la Mecque, a déclaré, d’une voix stridente : «Nous pouvons nous réjouir, par la bénédiction divine mais aussi par la vigilance des autorités nationales en charge du maintien de la paix et de la sécurité, en premier lieu, son Excellence Azali Assoumani, notre pays vit dans une atmosphère d’accalmie, une accalmie grâce à laquelle nous pouvons tenir la présente cérémonie dans la joie et la sérénité». Son allocution, qui a duré quelques minutes, a été suivie par la décoration de William Ruto, «en reconnaissance des services rendus à la Nation». Le chef de l’Etat du Kenya a ainsi été élevé « à la Dignité de Grand-Croix, de l’Ordre du Croissant Vert des Comores» par «son frère», Azali Assoumani.
William Ruto a pris la parole. Il a loué les bonnes relations entre les 2 pays, les liens séculaires qui les unissent. Il a également eu un mot pour « les héros et les héroïnes qui se sont battus pour que les Comores soient un pays libre ». De son intervention, les Comoriens auront surtout retenu cette annonce : « Je vous donne l’engagement que le Kenya va abolir le visa d’entrée pour tous les ressortissants comoriens avant la fin de l’année 2023 », a-t-il dit. La promesse, dite en anglais, a été saluée par les youyous et des applaudissements, avant même sa traduction par Yasmina Mze, interprète.Il a également annoncé l’octroi de bourse à 100 de nos étudiants et a assuré que les nationaux qui se rendront au Kenya pour y poursuivre leurs études s’acquitteront des mêmes frais universitaires que les Kenyans. Azali Assoumani lui a évidemment rendu la politesse lors de son discours. Il a ainsi déclaré que « réciproquement les Kenyans peuvent venir aux Comores sans demander de visa».
«L’initiative du président Ruto d’accorder des bourses à nos étudiants ainsi que la levée des visas pour nos ressortissants est une mesure positive qui renforcera les liens entre nos 2 pays et promouvra l’éducation ainsi que les échanges économiques», a commenté Abdillah Ahmed Ali, membre de la mouvance présidentielle.
Pour sa part, Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, directeur de Hayba Fm, a qualifié la décision d’«historique».«C’est un pur bonheur. Cela veut tout simplement dire que nous réintégrons notre région. Nous allons entrer dans le monde. Le pays ne peut pas avancer en s’étant isolé du monde, c’est-à-dire de la culture swahilie et de l’anglais», a commenté cet ancien président de l’Assemblée nationale.Notons que l’hymne national a été interprété de façon magistrale par la chanteuse Malha, vêtue de sahari aux couleurs chatoyantes cassées par du blanc.La cérémonie, quelque peu poussive, fut longue, sous un soleil de plomb et un ciel limpide qui plus est ; elle s’est achevée par la parade des forces armées. Ce qui fit dire à cette participante que «les annonces de William Ruto ont sûrement sauvé la fête».